Boeing  : des milliers de salariés prêts à faire grève

Plusieurs milliers de machinistes employés par Boeing dans la région de Seattle ont plébiscité mercredi le principe de faire grève en cas d'échec des négociations salariales en septembre.
Boeing et l'IAM-District 751 ont engagé le 8 mars des négociations pour élaborer la nouvelle convention collective qui doit relayer celle expirant le 12 septembre à minuit, vieille de seize ans.
Boeing et l'IAM-District 751 ont engagé le 8 mars des négociations pour élaborer la nouvelle convention collective qui doit relayer celle expirant le 12 septembre à minuit, vieille de seize ans. (Crédits : STAFF)

Boeing est sous la pression de ses salariés. Le syndicat IAM-District 751, qui représente plus de 30.000 employés de l'avionneur américain dans la région de Seattle, là où se situe la plus grande usine du constructeur, a annoncé que 99,9% des votants - refusant d'indiquer leur nombre -, avaient donné, mercredi, leur feu vert à une grève en cas d'échec des négociations salariales en septembre.

L'IAM-District 751 avait vu les choses en grand en réservant le T-Mobile Park, qui abrite l'équipe de baseball des Seattle Mariners et compte près de 48.000 places. Selon le syndicat, entre 20.000 et 25.000 personnes ont participé à ce meeting.

« Sauver cette entreprise d'elle-même »

« Etes-vous prêts à faire grève pour obtenir les améliorations que vous méritez? Je sais que vous l'êtes ! Nous nous y préparons depuis dix ans », a lancé à la foule Jon Holden, président du District 751, antenne à Seattle du syndicat international des machinistes et des ouvriers de l'aérospatial (IAM).

« Nous luttons aussi pour changer cette entreprise. Nous devons sauver cette entreprise d'elle-même » a-t-il relevé, en référence aux problèmes de production et de qualité traversés par Boeing. « Ils ont mis notre gagne-pain à risque. Il s'agit de nos emplois. Il s'agit de notre héritage. Il s'agit de notre réputation », a poursuivi le syndicaliste, reprochant aux dirigeants du groupe d'avoir « supprimé des personnes et des procédures cruciales pour fabriquer un avion sûr ».

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Selon quelques images diffusées par le syndicat sur YouTube, des participants brandissaient des pancartes avec les slogans « Un vote oui est notre force » ou « Nous voulons nos retraites maintenant », tandis que d'autres faisaient tournoyer des serviettes - comme lors de matches. De grandes banderoles avaient été déployées : « Nous méritons davantage 2024 », « Nouvel avion » et « Lutter pour davantage ».

Boeing et l'IAM-District 751 ont engagé le 8 mars des négociations pour élaborer la nouvelle convention collective qui doit relayer celle expirant le 12 septembre à minuit, vieille de seize ans. Le District 751 représente surtout les machinistes des usines d'assemblage du 737 à Renton et du 777 à Everett « Nous restons optimistes sur le fait que nous pourrons parvenir à un accord équilibré entre les besoins de nos employés et les réalités d'entreprise auxquelles le groupe fait face », avait indiqué Boeing à l'AFP, en amont du vote. Sollicité à l'issue du vote, le groupe a réitéré cette déclaration.

Des négociations au point mort

Le syndicat réclame une hausse salariale « substantielle », d'au moins 40% sur trois ans, ainsi que de meilleurs avantages sociaux (assurance santé, retraite, coût de la vie, etc.) et la sécurité de l'emploi, avait expliqué Jon Holden à l'AFP. Les rémunérations « stagnent depuis huit ans », avec seulement quatre hausses de 1% sur cette période malgré une « inflation massive ».

Dave Calhoun, patron de Boeing, a assuré le 16 juin devant une commission d'enquête du Sénat que les syndiqués de l'IAM obtiendraient « à coup sûr, une augmentation ». Sans autre détail. Concernant la sécurité de l'emploi, autre axe majeur des tractations, le syndicat n'en démord pas : le prochain avion - annoncé pour 2035 - doit absolument être fabriqué dans la région. « C'est une garantie d'emploi pour les cinquante prochaines années », selon Jon Holden. D'après l'IAM, les négociations restent au point mort depuis plusieurs semaines. « Quand nous serons tous présents à cet important événement, l'usine sera silencieuse », avait prévenu le syndicat au sujet du meeting, en guise d'aperçu des conséquences d'une grève.

Le District W24, qui représente environ 1.200 employés de Boeing à Portland, dans l'Oregon, négocie aussi depuis le 8 mars et devait également voter mercredi. Le résultat n'était pas immédiatement disponible. La Grande Loge de l'IAM va désormais pouvoir préparer le cas échéant l'indemnisation des grévistes, 250 dollars par semaine à partir de la troisième semaine d'arrêt de travail. Mais un appel effectif à la grève nécessitera un second vote, une fois la date butoir passée. Le syndicat tente aussi d'obtenir au moins un siège au conseil d'administration du groupe, qui traverse ce qui pourrait s'apparenter aux sept plaies d'Egypte, « pour avoir un mot à dire sur certains changements ».

Depuis de longs mois, le géant cumule en effet problèmes de production et de qualité sur ses trois avions commerciaux actuellement commercialisés (737, 787 et 777), qui ont entraîné moult enquêtes. Dernier épisode : le régulateur américain (FAA) a demandé la semaine dernière l'inspection « immédiate » de plus de 2.600 avions de la famille des 737 aux Etats-Unis pour un problème d'attache des générateurs d'oxygène.

Par ailleurs, les négociations entre Boeing et le gouvernement américain sur les conditions du plaider coupable du groupe dans le dossier pénal lié au crash de deux 737 MAX 8 en 2018 et 2019, qui ont fait 346 morts, pourraient s'étendre plus longtemps que prévu initialement. Selon les documents destinés au tribunal fédéral du Texas (sud), en charge du dossier et que l'AFP a pu consulter, « le gouvernement reste optimiste sur le fait que les parties trouvent un accord au 19 juillet, les parties pourraient néanmoins avoir besoin de quelques jours supplémentaires pour le finaliser ». L'accord de principe en négociations prévoit une amende supplémentaire de 243,6 millions de dollars et un investissement minimum de 455 millions dans des « programmes de conformité et de sécurité ».

 (Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 18/07/2024 à 17:13
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"Boeing : des milliers de salariés prêts à faire grève" Combien reste-t-il de jours de congés payés chez Scamsung avant que la famine frappe les pseudo-grévistes?

à écrit le 18/07/2024 à 9:01
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Au moins, dans ce pays, on négocie avant la grève. Pas après…

le 19/07/2024 à 5:35
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Bigstrike in Boeing. Is Boeing neither an engineer corporate? Le problème récurrent sur ses avions de lignes n est pas récurrent et admissible. Boeing ne peut rester dns une pareille nasse. Boeing qui permis aux usa de gagner la seconde guerre mondia...

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