Airbus va-t-il une nouvelle fois coiffer Boeing sur le poteau avec la commande colossale d'Indigo ?

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  797  mots
L'A320 Neo vient de commencer sa campagne d'essais en vol
Avec la commande record de la compagnie indienne Indigo Airlines portant sur 250 avions A320 Neo, Airbus revient sur Boeing dans la course aux prises de commandes. A la fin septembre, le géant américain était largement en tête.

Qui, d'Airbus et de Boeing, sera le numéro un mondial pour la prise de commandes d'avions en 2014 ? Si la palme du plus grand constructeur mondial est déjà acquise au géant américain en raison d'une production d'avions long-courriers supérieure à celles de son rival européen, la bataille de titans sur le front des commandes est, quant à elle, incertaine.

Boeing : 1.000 commandes au compteur

Alors que Boeing fait la course en tête depuis le début de l'année avec 1.000 commandes nettes au compteur (défalquées des annulations) à fin septembre, contre 791 commandes pour Airbus, la signature d'ici à 30 jours d'une colossale commande d'A320 Neo avec la compagnie indienne Indigo Airlines remet Airbus dans la course pour espérer conserver sa couronne mondiale. D'autant qu'Airbus a l'habitude de terminer les années au sprint ; le groupe européen ayant, à plusieurs reprises au cours des dix dernières années, coiffé Boeing sur le poteau.

Une commande à 20,3 milliards d'euros

Ce mercredi en effet, l'avionneur européen a annoncé la signature d'un protocole d'accord avec Indigo pour 250 A320 Neo, la version remotorisée de son moyen-courrier, pour un montant évalué à 25,7 milliards de dollars (20,3 milliards d'euros) au prix catalogue. Il s'agit de la plus grosse commande pour Airbus en nombre d'avions, avant même celle signée en 2013 avec le transporteur indonésien Lion Air (234 A320, 18 milliards d'euros).

2013, meilleur millésime de l'histoire de l'aéronautique

Pour 2014, le directeur commercial d'Airbus, John Leahy, s'attend à un plus d'un millier de commandes nettes pour Airbus, soit plus de 1.350-1.400 commandes brutes. Un millésime encore extraordinaire après celui de 2013 qui fut, ni plus ni moins, la meilleure performance commerciale de l'histoire de l'aéronautique (1.619 commande brutes, 1.518 commandes brutes).

Commande "par tranche"?

Sur le papier, Airbus aura atteint son objectif annuel une fois la commande d'Indigo finalisée, à condition que celle-ci soit annoncée en une seule fois, et non "par tranche", comme un porte-parole d'Airbus l'a évoqué. Pour rappel, seules les commandes fermes, qui font l'objet d'un versement d'acomptes, sont comptabilisées dans les carnets de commandes des constructeurs.

Lire ici : Dans les coulisses des commandes d'avions

Le contrat entre Boeing et Ryanair en cours de finalisation

Ce pré-contrat indien intervient après une série d'annonces enregistrées tant par Airbus que par Boeing ces dernières semaines, et qui ne sont pas encore toutes finalisées. Ainsi, le 10 octobre, la China Aviation Supplies Holding Company (CAS), un organisme d'état qui passe commande pour les compagnies aériennes chinoises, s'est engagée à acheter 70 A320, pour un montant de l'ordre de 6,6 milliards de dollars au prix catalogue.

De son côté, Boeing a engrangé 30 B737 en additionnant les commandes d'Alaska Airlines (10 exemplaires pour 990 millions de dollars) et d'Ethiopian Airlines (20 B737 MAX 8 pour 2,1 milliards de dollars), lesquelles « compensent » les 18 B737 et 15 B787 annulés par Air Berlin. Surtout, Boeing compte encore dans sa manche les 100 B737 Max annoncés le 8 septembre par Ryanair, qui n'ont toujours pas été transformés en commande ferme.

Ces commandes traduisent l'énorme potentiel du marché des ventes d'avions. Selon tous les industriels, la flotte d'avions dans le monde est appelée à doubler au cours des vingt prochaines années, pour atteindre, selon les dernières prévisions de Boeing, plus de 40.000 avions d'ici à 2033. Près 37.000 appareils neufs (avions régionaux, de plus de 100 sièges, tout cargo) devraient être livrés d'ici à 2033, pour une valeur de 5.200 milliards de dollars au prix catalogue.

Hausse du trafic

Ce boom s'explique d'abord par les prévisions de hausse du trafic de passagers, qui devrait croître en moyenne, durant cette période, d'environ 5% par an. De 3,4 milliards de passagers en 2014, le trafic devrait doubler avant vingt ans.

Lire ici : deux fois plus de passagers dans vingt ans, comment fait-on?

Certes, ces prévisions à si long terme font sourire les sceptiques. Pour autant, au cours de la dernière décennie, rien n'a enrayé la hausse du trafic, ni la flambée du prix du carburant, ni les contraintes environnementales, ni le développement des technologies qui permettent les échanges à distance (Internet haut débit, visioconférence,...). La libéralisation accrue du transport aérien - avec l'arrivée de nouvelles compagnies (notamment à bas coûts) et la multiplication des États à signer entre eux des accords de ciel ouvert - est également un puissant levier de croissance du trafic.

Le marché du renouvellement

Ce dernier n'est cependant pas le seul à booster les ventes d'avions. Il y a aussi le renouvellement des flottes des compagnies. Un mouvement poussé par la cherté du prix du baril de pétrole et par l'arrivée sur le marché d'une multitude de nouveaux appareils dont les technologies réduisent fortement la consommation de kérosène et les coûts d'exploitation.