Malgré la crise bancaire, il faut continuer à relever les taux d'intérêt, plaide un responsable de la Fed

L'un des responsables de la banque centrale américaine (Fed) s'est montré jeudi favorable à une continuation du relèvement du taux directeur de l'institution, malgré la crise bancaire qui resserre les conditions de crédit, la priorité selon lui étant de faire baisser l'inflation. Ce scénario est aussi celui privilégié par la Banque centrale européenne.
La Fed se dit préoccupée par l'inflation toujours forte dans les services hors logement, qui ne montrent « aucun signe de ralentissement ».
La Fed se dit préoccupée par l'inflation toujours forte dans les services hors logement, qui ne montrent « aucun signe de ralentissement ». (Crédits : Jason Reed)

Lutter contre l'inflation reste la priorité de la banque centrale américaine. « Nous avons des outils pour faire baisser la demande en augmentant les taux d'intérêt afin de rétablir l'équilibre économique. Nous devons donc le faire », a déclaré le président de la Fed de Minneapolis, Neel Kashkari, devant des responsables du logement accessible dans le Minnesota.

Le 22 mars à l'issue de sa dernière réunion, la Fed a relevé ses taux d'un quart de point. Une hausse modeste, compromis entre lutte contre l'inflation et crainte d'aggraver la crise bancaire débutée moins de deux semaines plus tôt, avec la faillite de la banque américaine SVB.

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Le président de la Fed, Jerome Powell, avait alors relevé que les tensions sur le secteur bancaire conduisaient à un resserrement des conditions de crédit, le rendant plus cher et plus difficile à obtenir, qu'il s'agisse d'acheter une voiture, une maison, ou simplement d'utiliser sa carte de crédit. Et cela, avait-il souligné, agit comme une hausse du taux directeur. Cela vise à encourager les Américains à moins consommer, permettant à la pression sur les prix de se desserrer.

« Ce qui n'est pas clair pour le moment, c'est dans quelle mesure les tensions bancaires des dernières semaines conduisent à un resserrement durable du crédit, qui ralentirait ensuite l'économie américaine », a cependant remarqué Neel Kahkari.

Les effets des hausses de taux mettent du temps à se faire ressentir

Or, les pleins effets des hausses de taux de la Fed mettent du temps à se faire sentir sur l'ensemble de l'économie. « Les estimations vont de six mois à un an ou deux », a indiqué le président de la Fed de Minneapolis. Il s'est dit préoccupé par l'inflation toujours forte dans les services hors logement, qui ne montrent « aucun signe de ralentissement », et où « la croissance des salaires continue de croître plus rapidement que ce qui est compatible avec (la) cible d'inflation de 2% » de la Fed. « Nous savons que nous devons réduire l'inflation. Et nous le ferons », a-t-il insisté. L'inflation PCE, privilégiée par la Fed et qu'elle veut ramener à 2%, sera publiée ce vendredi pour le mois de février. Elle devrait avoir ralenti sur un an, à 5,1% contre 5,4%, selon les prévisions de la Fed de Cleveland.

Au Mexique, le taux d'intérêt de référence a de nouveau augmenté

Son voisin, le Mexique, suit la même politique. Le pays a pour une quinzième fois consécutive augmenté jeudi son taux d'intérêt de référence, de 25 points de base, pour atteindre un nouveau plus haut de 11,25%. Il s'agit de la plus faible augmentation depuis le cycle à la hausse initié par Banxico en juin 2021 pour contrôler l'inflation, qui jusqu'ici augmentait par paliers de 50 à 75 points de base. La politique monétaire du Mexique « s'ajuste à la trajectoire nécessaire pour que l'inflation converge vers son but de 3% », ajoute Banxico dans son communiqué mensuel. Un objectif qu'elle espère atteindre au quatrième trimestre de 2024.

En Europe, il faut s'attendre à de nouvelles augmentations

En Europe, les Bourses occidentales sont de moins en moins préoccupées par les soubresauts du système financier, au point de rechercher de nouveau les valeurs bancaires. L'indice VIX, dit « indice de la peur », qui mesure la volatilité du marché, est retombé mercredi à son plus bas niveau depuis le 9 mars, soit la veille de la prise de contrôle de Silicon Valley Bank (SVB) par les régulateurs américains. Mais ce calme relatif pourrait pousser les banques centrales à revoir leur position plus souple des derniers jours et reprendre la lutte contre l'inflation.

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Si le« stress financier » sur le secteur bancaire « s'avère encore relativement limité, les taux d'intérêt devront quand même augmenter », a assuré l'économiste en chef de la Banque centrale européenne Philip Lane lors d'une interview à l'hebdomadaire allemand die Zeit. Le « scénario de référence » de la BCE se fonde sur un apaisement des tensions.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 31/03/2023 à 14:15
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