H2O met 250 millions d'euros sur la table pour rembourser les épargnants bloqués sur ses fonds

Pour éviter une amende du gendarme financier britannique, le gestionnaire d'actifs a annoncé ce mercredi qu'il allait proposer de racheter les parts de ses clients dont l'argent est bloqué depuis 2020 dans certains fonds de sa filiale britannique.
L'ex-filiale de Natixis a déjà été condamnée en France par l'Autorité des marchés financiers.
L'ex-filiale de Natixis a déjà été condamnée en France par l'Autorité des marchés financiers. (Crédits : Reuters)

[Article publié mercredi 7 août à 15h34, mis à jour à 18h30] H2O préfère un remboursement qu'une amende. La société de gestion d'actifs a annoncé ce mercredi qu'elle allait débourser 250 millions d'euros. Objectif affiché, proposer une porte de sortie pour certains épargnants. Et pour cause, ils voient leur argent bloqué sur certains de ses fonds.

Pour rappel, depuis août 2020, sept fonds gérés par H2O, représentant plus de 1,6 milliard d'euros, sont bloqués dans d'autres fonds cantonnés dits « side pockets ». L'argent n'est pas retirable en raison d'une part trop importante investie dans des titres de dette de Tennor, la holding de Lars Windhorst connu pour ne jamais rembourser ses dettes. Des actifs devenus aujourd'hui difficiles à évaluer et à échanger.

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La somme de 250 millions sera distribuée de « manière égalitaire » aux investisseurs qui accepteront de vendre leur part dans les fonds cantonnés à sa branche britannique, selon un communiqué du gestionnaire d'actifs publié.

H2O affirme que « cette offre de 250 millions d'euros permettra une sortie accélérée et définitive des fonds cantonnés et s'ajoutera aux 229 millions d'euros déjà remboursés ».

La société de gestion a calculé que les épargnants « ayant vendu leur part le 14 octobre 2020 à la réouverture des fonds recouvreront entre 87% et 93% de la valeur de leur investissement total au moment de la suspension le 28 août 2020 ».

Un geste pour éviter des sanctions judiciaires

Cette offre est possible grâce à un accord conclu avec le régulateur des marchés financiers britanniques (la FCA). Ce dernier a indiqué avoir constaté de « sérieuses violations » qui auraient pu donner lieu à « une amende importante » contre H2O. Mais il « a accepté que l'entreprise mette 250 millions d'euros à disposition de tous ceux dont les investissements sont restés bloqués », selon le communiqué. La société a ensuite indiqué que sa branche britannique « n'est désormais plus sujette à une enquête de la FCA ».

Avec ce geste, H2O évite donc une sanction du régulateur, mais aussi des poursuites de la part de ses clients. En échange de ces remboursements, le gestionnaire demande en effet à ce que ces derniers renoncent « à toute action contre le Groupe H2O AM et contre tout tiers en relation aux investissements relatifs aux entités liées à Tennor Holding BV et à leur gestion ».

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L'association Collectif Porteurs H2O, qui représente plus de 9.000 investisseurs de H2O, avait déposé une assignation contre H2O Asset Management, Natixis Investment Managers, qui détient encore une partie de la société britannique, la filiale de Crédit Agricole Caceis ainsi que le cabinet d'audit KPMG, afin de réclamer réparation. Leur « préjudice total », qui inclut les pertes de fonds investis, les dommages et les frais de justice, s'élève à 806,4 millions d'euros selon l'association.

D'ailleurs, ce dernier n'a pas été ravi de la nouvelle. L'accord signé entre la FCA et H2O « ne concerne que les deux parties qui l'ont signé », a réagi ce mercredi dans un communiqué le Collectif Porteurs H2O, ajoutant que l'accord n'a été « ni présenté, ni discuté » avec des porteurs de parts. Le collectif qualifie même de « choquant » le « faible montant » du remboursement estimant que « seule l'action judiciaire qu'elle a engagée » permettrait aux investisseurs de récupérer « l'intégralité de leurs pertes ».

H2O déjà condamné par l'AMF

A noter, en janvier 2023, H2O et ses deux fondateurs ont déjà été condamnés à une amende totale de 93 millions d'euros par l'Autorité des marchés financiers pour cette affaire. Dans le détail, cette sanction s'élevait à 75 millions d'euros pour H2O, 15 millions pour Bruno Crastes, directeur général, et 3 millions pour Vincent Chailley, directeur des investissements, et ce, conformément aux réquisitions prises lors d'une séance publique en novembre 2022.

Plus grave encore, à ces sanctions pécuniaires s'ajoutait une interdiction d'exercer le métier de gérant, « directement ou par délégation », ou de dirigeant de H20 pour Bruno Crastes pendant cinq ans.

La Commission avait alors souligné « la gravité des manquements » et « le préjudice subi par les investisseurs, résultant en particulier du blocage de leur épargne ». Elle avait surtout retenu l'ensemble des faits reprochés à l'ex-filiale de Natixis dans sa gestion de plusieurs de ses fonds vedettes, qui ont longtemps été parmi les meilleurs produits en termes de performance et dont les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) raffolaient pour leurs clients.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 08/08/2024 à 16:05
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Je ne suis pas étonné que ces gens ne soient pas condamnés à de la prison ferme. Cinq ans de vacances, c'est vite passé. Ce système financier est vraiment fait sur mesure pour ces escrocs. D'un autre côté, quand la mariée est trop belle...

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