![Interpellé en avril 2022, l'ancien patron d'Archegos, de son vrai nom Sung Kook Hwang, fait face à onze chefs d'accusation. Il est passible de 220 années de prison.](https://static.latribune.fr/full_width/1918510/le-fondateur-d-archegos-inculpe-pour-fraude-en-liberte-sous-caution.jpg)
Un procès d'ampleur qui bouscule le monde feutré de la finance. Bill Hwang, l'ancien patron du fonds d'investissement américain ArchegosCapital Management, voit son procès s'ouvrir à New York à partir de ce lundi. Ce dernier est accusé de manipulation de cours et de fraude, qui ont coûté des milliards de dollars à plusieurs grandes banques partenaires du fonds.
Un risque de 220 années de prison
Interpellé en avril 2022, l'ancien patron d'Archegos, de son vrai nom Sung Kook Hwang, fait face à onze chefs d'accusation. Il est passible de 220 années de prison. Désormais âgé de 60 ans, Bill Hwang sera jugé devant un tribunal fédéral de Manhattan aux côtés de l'ancien directeur financier d'Archegos, Patrick Halligan. Deux anciens cadres d'Archegos, Scott Becker et William Tomita, ont plaidé coupable et devraient témoigner lors du procès, prévu pour durer jusqu'à huit semaines.
Parmi les faits reprochés : le quinquagénaire et trois de ses cadres ont masqué la taille de leurs positions aux établissements qui leur vendaient des produits dérivés appelés « swaps » ou lui prêtaient de l'argent. Considéré juridiquement comme un « family office », une structure familiale qui ne gère que ses propres fonds et pas ceux de clients, Archegos était exempté de certaines obligations d'information publique et de contrôle des régulateurs. Selon plusieurs médias américains, les avocats de Bill Hwang entendent charger les banques, affirmant qu'elles ont traité avec Archegos en connaissance de cause.
100 milliards de dollars partis en fumée
A l'origine de cette histoire, une success story... qui ne dura qu'un temps. En pleine pandémie de coronavirus, ce financier américain d'origine sud-coréenne avait accumulé, en quelques mois, des positions massives, et dissimulées pour l'essentiel, dans quelques sociétés. Grâce à ces produits dérivés, des « swaps », et à des emprunts auprès de plusieurs banques, la société de Bill Hwang avait démultiplié sa force de frappe, mais aussi les risques encourus.
Son objectif était de faire grimper le cours des quelques sociétés dans lesquelles Archegos avait investi, au point de quasiment quadrupler la valorisation de ViacomCBS en un peu plus de quatre mois. Parmi les cibles de Bill Hwang figuraient également Discovery, devenu depuis Warner Bros Discovery, et les sociétés chinoises Baidu et Tencent.
Le fragile édifice s'est effondré lorsque ViacomCBS a annoncé, le 21 mars 2021, une augmentation de capital, qui a déclenché un mouvement brutal de ventes des titres à Wall Street. Cette inflexion a provoqué un effet domino, qui a fait fondre à vitesse accélérée la trésorerie d'Archegos et plonger le cours des titres que détenait le fonds d'investissement. Au lieu de chercher à limiter les dégâts, les dirigeants du fonds ont injecté leurs derniers dollars pour tenter de faire remonter les prix des actions, en vain.
Environ 100 milliards de dollars de capitalisation boursière se sont ainsi envolés, lésant les autres actionnaires de ces entreprises et les établissements qui avaient fait affaire avec Archegos, principalement des banques.
Crédit Suisse emporté dans sa chute
La plus touchée a été Credit Suisse, qui a perdu quelque 5,5 milliards de dollars. Au total, l'ardoise se monte à environ 10 milliards pour les banques prises dans ce tourbillon. Surtout, cette dernière devra également payer 387 millions de dollars d'amendes aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, pour « mauvaise gestion » des risques.
Durant la même période, Credit Suisse a dû faire face à une autre défaillance, celle de la société de financement Greensill Capital, dans laquelle ses clients avaient investi environ dix milliards de dollars. Ces deux événements ont encore un peu plus fragilisé Credit Suisse, qui a frôlé la faillite en mars 2023 avant d'être repris par son concurrent suisse UBS, lui-même affecté par le scandale Archegos, de même que, notamment, Nomura et Morgan Stanley. C'est d'ailleurs cette dernière banque qui paiera les amendes imputées à l'affaire Archegos.
(Avec AFP)
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