![Sur plus de 8.000 unités de compte analysées, 63% contiennent au moins une entreprise qui développe des projets d'énergies fossiles.](https://static.latribune.fr/full_width/2225286/petrole.jpg)
Peut mieux faire. L'assurance-vie, premier produit d'épargne des Français représentant plus de 1.900 milliards d'euros d'encours, « contribue à alimenter le dérèglement climatique », dénonce un rapport de l'ONG Reclaim Finance publié ce mercredi.
Reclaim Finance a étudié les pratiques d'investissement et d'engagement de 27 assureurs-vie français, avec le soutien de Rift, une application qui diagnostique l'impact de l'épargne, et estime que « leurs engagements climatiques pour lutter contre l'expansion fossile sont loin d'être suffisants, et ne s'appliquent que très rarement à leur offre en unités de compte (UC), un support de plus en plus populaire ».
Si quasiment tous les assureurs vie analysés se sont engagés à atteindre la neutralité carbone ou à contribuer aux objectifs de l'Accord de Paris, « ils continuent d'utiliser l'épargne des Français pour soutenir l'expansion fossile », soutient l'ONG. Ainsi, seuls deux assureurs-vie, Suravenir (groupe Crédit Mutuel Arkéa) et MACSF, se sont engagés à cesser leurs nouveaux investissements dans des entreprises développant de nouveaux champs pétro-gaziers mais également de nouveaux pipelines et terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL), ajoute l'ONG.
Unités de compte et fonds euro exposés au fossile
Dans le détail, sur plus de 8.000 UC analysées, 63% contiennent au moins une entreprise qui développe des projets d'énergies fossiles. « TotalEnergies se retrouve par exemple dans plus d'un quart des UC analysées », souligne le rapport.
De plus, « deux tiers des assureurs vie analysés peuvent encore réaliser, par le biais de leur fonds en euros de nouveaux investissements dans des entreprises développant de nouveaux champs de pétrole et de gaz. Parmi eux, des grands noms du secteur comme le Crédit Agricole Assurances, Axa France Vie et BNP Paribas Cardif Vie », assure le rapport en rappelant cependant que CNP Assurances, numéro 2 de l'assurance-vie, s'est engagé à stopper ses nouveaux investissements dans ces entreprises.
60% des épargnants veulent des placements positifs pour l'environnement
Alors que près de 6 épargnants sur 10 accordent une place importante à l'impact social et environnemental de leurs placements, Reclaim Finance et Rift appellent les assureurs-vie à « ne plus utiliser l'épargne des Français pour soutenir l'expansion des énergies fossiles, (mais plutôt) réhausser leurs politiques climat et les appliquer à l'ensemble de » leurs contrats d'assurance-vie, « y compris les contrats en unités de compte ».
Reclaim Finance et Rift appellent également les pouvoirs publics et régulateurs à agir, « notamment pour sanctionner le greenwashing des produits d'épargne, dont certains supports en assurance-vie, faussement étiquetés "ESG", "climat", "responsable" ou "durable" ».
Les banques aussi critiquées
La finance, en règle générale, a encore de gros efforts à faire pour se décarboner. Ainsi, selon le 15ème rapport « Banking on Climat Chaos », coordonné par plusieurs ONG et publié le 16 mai, les banques continuent de soutenir les énergies fossiles dans le monde.
Au total, les 60 plus grandes banques mondiales ont prêté ou arrangé l'an dernier 706 milliards de dollars (-10%) au profit des énergies fossiles avec, dans le trio de tête des plus grands bailleurs, JP Morgan Chase (41 milliards), Mizuho (37 milliards) et Bank of America (34 milliards). En Europe, c'est la banque britannique Barclays qui figure en haut du podium avec 24 milliards de financements, loin devant BNP Paribas (12,2 milliards), Crédit Agricole (11,7 milliards) et Société Générale (8,7 milliards).
A noter cependant que la contribution des quatre grandes banques françaises (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE) a été en repli en 2023, à environ 40 milliards de dollars, selon l'étude, soit environ 10 milliards de moins qu'en 2022. Cela représente pour le secteur bancaire français moins de 6 % des financements mondiaux, soit nettement moins que leur part de marché « naturelle ».
(Avec AFP)
Sujets les + commentés