[Article publié le lundi 05 août 2024 à 10h55 et mis à jour à 21h] Les Bourses chutent ce lundi. En Europe, les principaux indices ont baissé dès l'ouverture. Une tendance qui se poursuit en ce début d'après-midi. L'indice vedette de la Bourse de Paris, le CAC 40 a clôturé en baisse de 1,42% vers 18h, à 7.148 points après avoir fortement reculé de 1,61% vendredi.
Même son de cloche outre-Atlantique. La Bourse de New York a chuté à l'ouverture ce lundi, semblant céder à la panique. L'indice Dow Jones a ouvert en baisse de 3% avant de remonter à -2,7% vers 21h, quand le Nasdaq chutait de 3,69% et le S&P 500 de 3,01% tandis que les taux obligataires s'enfonçaient.
« Le chaos règne sur les marchés financiers », commente Stephen Innes, analyste de SPI AM.
Le marché des changes fait également l'objet de fortes secousses, le dollar et l'euro plongeant de 1% environ par rapport au yen, toujours vers 18h.
Un mauvais rapport sur l'emploi américain
« L'élément déclencheur : un rapport sur l'emploi américain » publié vendredi, qui a fait décrocher « les actions et les rendements obligataires » à Wall Street, a commenté Stephen Innes, analyste de SPI Asset Management. Dans le détail, aux Etats-Unis, le taux de chômage américain en juillet a augmenté plus que prévu à 4,3%, contre 4,1%. C'est le plus haut taux de sans-emploi depuis octobre 2021.
Dans la foulée de cette publication, les rendements obligataires ont nettement baissé, ce qui laisse présager que la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale américaine, pourrait procéder à des baisses de taux plus drastiquement qu'attendu. Si en septembre la Fed « procède à une première baisse des taux de 50 points de base » au lieu des 25 points de base que le marché anticipe, « ce sera sa façon d'avouer » qu'elle a mis trop de temps à assouplir sa politique monétaire, estime Stephen Innes, analyste de SPI Asset Management.
D'autres facteurs ont joué, comme un rapport américain préoccupant sur l'activité manufacturière qui s'est contractée en juillet.
« La crainte d'une récession reprend le dessus », commentait la semaine dernière Jochen Stanzl, analyste de CMC Market.
Sur le marché obligataire, les taux américains, qui évoluent en sens inverse du prix des obligations, ont continué à baisser, évoluant à 3,77% vers 21h, contre 3,79% vendredi pour ceux à dix ans, montrant l'intérêt des investisseurs pour les valeurs plus sûres que les actions, qui, elles, sont considérées comme des actifs risqués.
La Bourse de Tokyo enregistre l'une des pires chutes de son histoire
Sur les bourses asiatiques, la chute des indices était bien plus marquée. Tokyo a connu une séance en chute libre. Son indice vedette, le Nikkei, a dévissé de 12,4%, reculant de 4.400 points sur la séance, sa pire baisse historique, la précédente remontant au krach boursier d'octobre 1987. L'indice élargi Topix a sombré de 12,23%.
De leur côté, Taïwan tombait de plus de 8%, et Séoul décrochait de plus de 9%. Les Bourses chinoises reculaient plus modérément, l'indice Hang Seng de Hong Kong lâchant 2,13% dans les derniers échanges. L'indice composite de Shanghai a reculé de 1,54% et celui de Shenzhen de 1,85%.
« Le déclencheur immédiat de cette aversion au risque semble être la hausse inattendue des taux d'intérêt » annoncée mercredi par la Banque du Japon, selon Dilin Wu, stratégiste chez Pepperstone.
Ce resserrement monétaire après des années de taux négatifs, conjugué à un ralentissement de l'activité économique américaine, a notamment précipité la remontée du yen, soutenue également par des interventions de la banque centrale du Japon sur le marché des changes. Or, ce mouvement de change est négatif pour les entreprises japonaises exportatrices qui avaient bénéficié de la chute de la devise japonaise.
La Bank of Japan (BoJ) a remonté, mercredi, son principal taux directeur à 0,25% - un niveau plus vu depuis 2008 -, et ouvert la porte à des hausses supplémentaires. Pour rappel, après plus de dix ans d'une politique monétaire ultra-accommodante, la BoJ avait amorcé un processus graduel de normalisation monétaire en remontant son taux d'intérêt entre 0% et 0,1%, signant la fin des taux négatifs en place depuis 2016.
Les banques chahutées
Dans ce contexte, les valeurs bancaires sont particulièrement malmenées. Au Japon, Mitsubishi UFJ Financial Group s'est affalé de 13,5%, Sumitomo Mitsui Financial Group (SMFG) de 14,6%, Mizuho de 12,8% et Nomura de 18,59%. En Europe, UniCredit chutait de 6,54% et Intesa Sanpaolo de 5,57% à Milan, Deutsche Bank de 5,12% à Francfort, Société Générale de 5,05% à Paris, Barclays de 5,08% à Londres.
Le secteur technologique poursuit également sa baisse, entamé fin de semaine dernière face à des doutes sur les perspectives de croissance du secteur et des résultats semestriels en berne. Ainsi, à Amsterdam, ASML perdait 4,46% et BE Semiconductor Industries 5,17%. A Francfort, Infineon abandonnait 2,34%. A Paris, STMicroelectronics reculait de 5,10% et Capgemini de 2,93%.
Vendredi dernier déjà, Intel s'est effondré à Wall Street de 26,06 points, l'action tombant 21,48 dollars et plombant le Nasdaq. Amazon, une des plus grosses capitalisations de Wall Street, membre du Nasdaq et du Dow Jones, enfonçait les indices, cédant 8,78% à 167,90 dollars. Les titres de Snap, la maison mère de Snapchat ont, eux, fondu de 26,93%.
Les prix du pétrole flanchent, eux aussi, ce lundi, plombés par de fortes craintes quant à l'économie américaine et chinoise et leur demande de brut, faisant passer le risque géopolitique au Moyen-Orient au second plan. Vers 10h00 GMT (12 heures à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en septembre, perdait 1,99% à 75,25 dollars, peu après avoir touché un plus bas depuis début janvier. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison le même mois, cédait 2,04%, à 71,11 dollars, peu après avoir dégringolé jusqu'à un plus bas en six mois. « Les craintes d'une destruction de la demande (mondiale de pétrole) s'intensifient », pesant sur les cours du brut dans un contexte d'aversion pour le risque, a commenté Tamas Varga, analyste chez PVM Energy. Ces craintes sont telles qu'elles l'emportent « sur les risques d'approvisionnement liés à la montée des tensions géopolitiques au Moyen-Orient », affirme John Plassard, spécialiste de l'investissement pour Mirabaud.Les prix du pétrole en berne
(Avec AFP)
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