Gel du taux du livret A : 3,6 milliards d'euros de perte de pouvoir d'achat pour les épargnants

Par latribune.fr  |   |  497  mots
(Crédits : Kai Pfaffenbach)
L'association de défense des consommateurs CLCV a estimé ce jeudi 3 janvier que le gel du taux d'intérêt du Livret A à 0,75% conjointement à l'accélération de la hausse des prix a entraîné une "dévalorisation historique" de l'épargne des ménages en 2018. Le manque à gagner pour le collectif d'épargnants est chiffré à 3,6 milliards d'euros.

Les épargnant le savent, il n'y a plus grand chose à attendre des placements sans risque, et ce d'autant plus que le taux du Livret A est gelé à 0,75% durant les deux prochaines années. Pour l'association de défense des consommateurs CLCV, en décidant de ne plus coller le taux du Livret A à l'inflation, le gouvernement aurait fait perdre près de 3,6 milliards d'euros de pouvoir d'achat aux Français en 2018 - si on additionne les encours du livret A et du LDDS des particuliers.

« Pour l'année 2018, l'inflation devrait se situer à environ 1,8% ou 1,9%. Avec un taux du Livret A gelé à 0,75%, le rendement sera de plus d'un point inférieur à l'inflation », souligne la CLCV dans un communiqué. « Il s'agit d'une situation jamais vue depuis le début des années 1980. Cela signifie concrètement que pour ces produits les particuliers voient la valeur réelle de leur épargne se dégrader », s'alarme l'association.

Pour une personne qui a placé 5.000 euros sur son Livret A - proche de l'encours moyen -, le manque à gagner de ce point en moins est de 50 euros pour 2018, chiffre l'association.

Mi-avril, le gouvernement avait décidé de geler pour deux ans le taux du Livret A au niveau historiquement bas de 0,75% avec pour motif officiel de faciliter le financement du logement social (qui subissait la diminution des APL).

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Une nouvelle forme de rémunération en 2020 "préjudiciable pour le pouvoir d'achat"

À partir du 1er février 2020, une nouvelle méthode de calcul du taux doit entrer en vigueur. Si celle-ci prévoit un taux minimum de 0,50%, elle renonce en revanche au principe historiquement en vigueur qui voulait que le taux du Livret A soit au moins égal au niveau de l'inflation, c'est-à-dire au rythme de hausse des prix à la consommation.

Or, pour la CLCV, ces décisions sont "très préjudiciables pour le pouvoir d'achat des Français". Notamment, le plancher de 0,5% est "insuffisant si on considère que le taux d'inflation est souvent bien supérieur", estime l'association. Elle plaide par ailleurs pour "revenir à l'ancienne formule de calcul du Livret A qui garantissait un rendement au moins équivalent au taux d'inflation".

Dans une interview accordée au Parisien ce jeudi, François Charlier, le délégué général de la confédération du logement et du cadre de vie (CLCV), estime « qu'il manque plus de 1% au Livret A pour qu'il couvre l'inflation, c'est-à-dire pour qu'il ne fasse pas perdre de pouvoir d'achat aux épargnants. »

Le Livret A, dont la gestion financière est assurée conjointement par la Caisse des dépôts et les banques, est l'un des produits d'épargne les plus répandus en France. Son taux de rémunération s'est toutefois effrité ces dernières années, conséquence de la dégradation de l'environnement des taux et d'une inflation qui a longtemps été en berne.

(avec AFP)