Les banques françaises battent le consensus des analystes au premier trimestre

Les trois banques françaises cotées (BNP Paribas, Crédit Agricole SA et Société Générale) ont démontré leur résilience au premier trimestre malgré un environnement moins porteur en zone euro. L’absence de cotisations cette année au fonds européen de résolution (FRU) soulage également les comptes de résultat.
La Bourse a salué les résultats de Société Générale, pourtant en baisse de 22% au premier trimestre.
La Bourse a salué les résultats de Société Générale, pourtant en baisse de 22% au premier trimestre. (Crédits : Reuters/Gonzalo Fuentes)

Les résultats des principales banques françaises cotées (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole SA) au premier trimestre 2024 ont souligné la résilience du modèle diversifié même si la rentabilité et la valorisation en Bourse restent toujours inférieures à celles des autres grandes banques européennes. Mais ces résultats ont été particulièrement bien accueillis par le marché.

La surprise vient tout d'abord de la publication de résultats supérieurs au consensus des prévisions des analystes financiers. Ainsi BNP Paribas, qui avait prudemment révisé à la baisse ses objectifs en février dernier lors de la présentation de ses résultats annuels, a eu beau jeu de publier deux mois plus tard un résultat net trimestriel (3,1 milliards d'euros) supérieur de 25 % au consensus, en confirmant au passage ses objectifs de croissance à 2 % du chiffre d'affaires pour 2024 et d'un résultat net au moins équivalent à celui de 2023.

Le groupe continue de bénéficier d'un effet de ciseaux positif avec des coûts qui baissent plus vite (-1,5%) que le chiffre d'affaires (-0,4%). Et un programme d'économies supplémentaires de 400 millions devrait prendre effet au second trimestre.

Feuille de route

Même topo pour Société Générale, qui a annoncé ce matin certes un résultat net en recul de 22% en glissement annuel (à 680 millions d'euros), mais de 30 % plus élevé que les attentes du marché. La nouvelle a d'ailleurs été aussitôt saluée en Bourse. Alors que la valorisation de la banque fait figure de priorité stratégique numéro un, le directeur général Slawomir Krupa, nommé il y a à peine un an, peut savourer le gain de 20 % du cours de l'action en douze mois.

Il reste cependant beaucoup de chemin à parcourir pour rattraper ses concurrents en termes de multiples, alors que la banque se paie toujours autour de 0,4 fois son actif net estimé. « Nous progressons avec détermination dans l'exécution de notre feuille de route », commente sobrement le directeur général. Cette recherche d'une « meilleure efficacité opérationnelle » se traduit surtout par des réductions de coûts et des cessions d'actifs, notamment un désengagement (total ?) du continent africain.

Côté Crédit Agricole SA, la structure cotée du groupe mutualiste, c'est surtout les revenus qui ont battu toutes les prévisions. C'est la force, comme le rappelle à chaque occasion Philippe Brassac, directeur général, d'un modèle qui tend à pousser les limites du champ serviciel de la banque. En clair, de démultiplier le taux d'équipement des clients, sur tous les marchés, et d'approfondir tous les métiers, par croissance organique ou par consolidation externe. Le chiffre d'affaires est de forte croissance de 12% alors que celui de ses deux concurrents cotés est plutôt stable. « Nous devrions atteindre notre objectif de 6 milliards d'euros de résultat net en 2024, avec un an d'avance sur notre plan », indique Philippe Brassac.

Effet FRU

2024 est également la première année où les banques européennes ne cotiseront plus au fonds européen de résolution unique (FRU), désormais entièrement abondé à hauteur de 74 milliards d'euros, soit environ 1 % des dépôts bancaires. Ce fonds est censé intervenir en cas de faillite d'une banque européenne de taille significative. Et les banques françaises étaient de grands contributeurs, compte tenu de la taille de leurs dépôts, plus que les banques allemandes ou espagnoles. Pour Société Générale, cela représente une charge en moins de 650 millions d'euros. « C'est un soulagement », reconnaît Claire Dumas, directrice financière de Société Générale.

Pour Crédit Agricole SA, c'est de l'ordre de 500 millions de charges en moins (620 millions pour le groupe). « Depuis 2015, nous avons payé 3,3 milliards d'euros au titre de Crédit Agricole SA de cotisations (4 milliards pour le groupe), ce qui se traduit intégralement par du résultat en moins car cette charge n'est pas, pour l'essentiel, déductible », souligne Jérôme Grivet, directeur général adjoint de Crédit Agricole SA. Au total, Crédit Agricole aura contribué à hauteur de 6 % au FRU, y compris les engagements fermes.

Une marge d'intérêt toujours sous pression

Le modèle bancaire français à taux fixe (crédit à taux fixe) continue de peser sur les comptes des activités de détail en France. Le résultat net de la banque de détail en France chez Société Générale a été divisé par cinq à 27 millions d'euros pour un chiffre d'affaires en recul de 3,5% (2 milliards d'euros).

La politique de couverture de taux à court terme de la banque continue de peser sur les comptes même si l'effet négatif ira en décroissant. Cette couverture avait coûté 1,5 milliard d'euros l'an dernier mais la banque table cette année sur une charge de l'ordre de 400 millions d'euros. Si la marge d'intérêt a progressé de 4 % par rapport au dernier trimestre de 2023, elle reste « dans le bas de la fourchette des scénarios que nous avons projetés », précise Claire Dumas.

Chez BNP Paribas, la banque de détail en France recule de 20 % à 300 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires en baisse de 2% (à 1,6 milliard d'euros), pénalisé par des revenus d'intérêt en baisse de 8%. Crédit Agricole se distingue néanmoins en affichant des activités de détail en progression, avec de solides positions sur le crédit immobilier (33% de part de marché) et des commissions en hausse. De quoi amortir la baisse de la marge d'intérêt qui chute de 17 % en glissement annuel dans les caisses régionales.

L'atout BFI

« En France, les banques prennent le risque de taux, et le couvrent en grande partie », explique Philippe Brassac. « Ce qui veut dire que nous ne sommes ni avantagés, ni désavantagés quand les taux sont élevés ou bas. En revanche, nous sommes systématiquement, mais temporairement, désavantagés lorsque les taux bougent, que ce soit à la hausse ou à la baisse. C'est notre rôle d'amortisseur qui profite à nos clients. Lorsque les taux sont stabilisés, nous retrouvons les mêmes niveaux de marge que partout ailleurs en Europe », ajoute le banquier.

Les activités de banque d'investissement et de marchés (BFI) ont clairement joué ce trimestre un rôle de locomotive. Même si les activités sur les Taux ont particulièrement souffert ce trimestre, par manque de volatilité et avec la montée des taux, particulièrement chez BNP Paribas, très présente sur ce segment en Europe. Même constat d'ailleurs chez Société Générale où les revenus sur les Taux baissent de 17%.

Mais ce sont bien les activités de la BFI de la banque qui tire la performance ce trimestre, malgré « le couac » d'un trader à Hong Kong, aussitôt sanctionnée et qui n'a pas eu d'impact sur les comptes. La banque a notamment été très performante dans les activités de dérivés actions, où la demande des investisseurs est forte. Quant à Crédit Agricole SA, il indique une « performance record » dans la BFI, notamment dans la partie de banque de financement. Les activités de taux accusent également une baisse, mais plus modeste (-3%).

Enfin, le coût du risque devrait rester modéré en 2024, même si des « dossiers de place » augmentent ce coût du risque en France.

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Commentaires 4
à écrit le 03/05/2024 à 15:25
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⚠️ Ces trois banques sont actuellement dites systémiques donc "trop grosses pour faire faillite" 💣. En tant que régulateur bancaire, l'État doit contraindre juridiquement ces trois banques à se découper en N banques indépendantes ; afin que les établ...

le 03/05/2024 à 15:57
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[...] SANS QUE NOTRE ARGENT NE 'SERVE' À LES 'RENFLOUER', COMME LORS DE LA CRISE DE 2008 🤬🔥‼️

à écrit le 03/05/2024 à 14:33
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Client du CA depuis plus de 30 ans avec Compte courant, sociétaire , carte bleue, emprunt, livret A, PEA, assurance.... Je ne payai pas de frais de gestion sur mes comptes courant . Depuis 1 an, je paye 50 ans par an pour la gestion de mes comptes ...

le 03/05/2024 à 16:07
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50 euros c'est trop , 2,50 euros par mois maximum soit 30 euros par ans et comme vous êtes un client complet demandez l'exonération totale ...c'est ce que m'a accordé ma banque sans que je ne demande rien lors de mon dernier versement sur mon contra...

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