BNP Paribas et BPCE annoncent un partenariat stratégique dans les paiements

Les deux groupes bancaires ont annoncé leur intention de créer une plateforme commune pour traiter les transactions par carte à la fois pour les porteurs et les commerçants. Les partenaires prévoient d’investir 200 millions d’euros sur cinq ans pour ce nouveau « processeur » monétique. Avec l’inflation des coûts, les partenariats ou la sous-traitance se multiplient dans l’univers des paiements.
BNP Paribas et BPCE représentent déjà 30 % des transactions cartes en France.
BNP Paribas et BPCE représentent déjà 30 % des transactions cartes en France. (Crédits : Pixabay License)

Les grandes manœuvres se poursuivent dans le domaine des paiements. BNP Paribas et BPCE (Banque populaire et Caisse d'épargne) annoncent la création d'une plateforme commune visant à opérer, exécuter et à vérifier les transactions par carte (support plastique ou dématérialisée), et à traiter toutes les innovations portées par les grands réseaux de cartes (CB, Visa, Mastercard) ou même le prochain wallet paneuropéen wero, dont le lancement est désormais prévu à l'automne.

Le champ de ce partenariat est donc très large, de l'émission de la carte à l'acquisition des flux chez le commerçant. C'est ce que l'on nomme dans le jargon monétique « le processing » (le processeur). Seule l'acceptation des paiements (TPE, parcours client sur le site d'e-commerce...) reste du ressort de chacun des deux groupes bancaires.

Entrer dans la compétition

« C'est un partenariat ambitieux car nous visons à être parmi des trois processeurs les plus importants en Europe (aux côtés de Worldline et de Nexi, NDLR) car notre processeur sera ouvert à d'autres partenaires et à vocation à entrer dans la compétition face aux autres processeurs existants », indique Thierry Larborde, directeur général délégué de BNP Paribas.

Les deux groupes se hissent déjà à la première place européenne sur les émissions de cartes et figurent dans le Top 5 de l'acquisition. En France, les deux partenaires « pèsent » déjà 30 % des transactions cartes. Et ces transactions cartes devraient croitre de 5 % par an pendant dix ans. La future plateforme a également pour vocation d'accueillir les flux de transactions réalisés au Royaume-Uni et ceux provenant de BNP Paribas Fortis en Belgique.

« Avec ce partenariat, nous pensons avoir une taille critique pour pouvoir changer la donne », ajoute Yves directeur général en charge des paiements chez BPCE. « Le processeur est le cœur de notre chaîne de paiement et c'est très important de pouvoir investir dans ses propres infrastructures quand la digitalisation des paiements continue de se développer très rapidement », précise-t-il.

Le choix de l'internalisation

Dans un univers très industriel, aux fortes économies d'échelle, autant le faire à deux que tout seul. A moins de prendre l'option de sous-traiter ses opérations à des acteurs industriels comme Worldline ou Nexi. Cette dernière option fût, un temps, examinée, du moins par BNP Paribas, avant d'être écartée au profit de cette coentreprise. Les investissements prévus sont pourtant loin d'être négligeables : 200 millions d'euros sur cinq ans.

« S'adosser à une plateforme industrielle déjà existante permet peut-être de minimiser un peu les coûts mais internaliser permet en revanche d'éviter les « effets tunnel » trop longs et d'agir plus vite », estime Thierry Laborde.

« Dans le passé récent, un certain nombre de banques se sont désengagés des domaines des paiements, considérant qu'elles n'avaient pas la masse critique et qu'il était donc préférable de sous-traiter. Nous faisons exactement l'inverse car nous considérons que les paiements sont au cœur de l'expérience de nos établissements. Et du coup, c'est toujours embêtant de sous-traiter quelque chose qui est au cœur de notre business », souligne de son côté Yves Tyrode.

L'intérêt de la mutualisation

Les deux partenaires ne font en fait que suivre l'exemple, tracé dix ans plus tôt, par la Société Générale et La Banque Postale, qui ont créé leur processeur commun au sein de la JV Transactis. De plus, BNP Paribas et BPCE travaillaient déjà ensemble au sein de Partecis, qui fournit déjà des solutions logicielles aux deux banques, et qui aura un rôle à jouer dans la future nouvelle co-entreprise.

« Les deux banques ont compris l'intérêt de s'allier alors que le modèle du chacun chez soi avec ses propres infrastructures touche ses limites. Cette prise de conscience a pu d'ailleurs être accélérée dès 2020 par la première étape du projet européen, EPI, dont l'ambition initiale de créer un réseau cartes européen n'a certes pas aboutie, mais qui a convaincu les banques françaises de réaliser des projets d'usine de paiement à plusieurs », observe Guillaume Yribarren, directeur chez Galitt, société de conseil spécialisée dans les paiements. Il existe d'ailleurs beaucoup de partenariats similaires dans le monde bancaire en Europe.

En France, d'autres partenariats ont récemment fait l'actualité des paiements. Crédit Agricole et Worldline ont ainsi annoncé leur co-entreprise, baptisée Cawl, un partenariat ne couvre que la dimension « marchand », à la fois dans l'acceptation et l'acquisition, c'est-à-dire le traitement des transactions chez le commerçant. La société sera opérationnelle l'an prochain avec une forte ambition de conquête de parts de marché.

Dans un autre registre, BNP Paribas, Société Générale et Crédit Mutuel Alliance Fédérale mutualisent depuis plusieurs mois leur réseau de distributeurs de billets pour réduire les coûts de maintenance.

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Commentaire 1
à écrit le 14/06/2024 à 16:40
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"BNP Paribas et BPCE annoncent un partenariat stratégique dans les paiements" Un plan social qui cache son nom...

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