Bras de fer au sein des Vingt-sept. Alors que la Hongrie a bloqué, en apposant son veto, l'aide financière de 50 milliards d'euros que l'UE veut envoyer à l'Ukraine, jeudi lors d'un sommet européen, des représentants d'Etats membres ont haussé le ton.
« J'attends de Viktor Orban dans les prochains mois que, étant respecté, ses intérêts légitimes étant pris en compte, il se comporte en Européen et ne prenne pas en otage nos avancées politiques », a déclaré ce vendredi le président français Emmanuel Macron. « La Hongrie a été respectée durant ce Conseil, elle a une voix portée par son Premier ministre, elle défend ses intérêts (...) Ce respect implique des responsabilités », a-t-il martelé lors d'une conférence de presse.
Les dirigeants européens se sont néanmoins engagés vendredi à soutenir l'Ukraine, que la Hongrie de Viktor Orban confirme ou non son veto à une aide de 50 milliards d'euros lors du prochain sommet qui se tiendra début 2024. « D'ici là, nous utiliserons le temps pour nous assurer d'avoir, quoi qu'il arrive, une solution opérationnelle lors de ce sommet », a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Orban exige le déblocage des fonds européens à son pays
Après une longue nuit de tractations à Bruxelles, qui n'a pas permis de le faire fléchir, Viktor Orban a enfoncé le clou en conditionnant l'aide à Kiev au déblocage de la totalité des fonds européens pour son pays. « J'ai toujours dit que si on procédait à un amendement du budget de l'UE (...), la Hongrie saisirait l'occasion pour revendiquer clairement ce qu'elle mérite. Pas la moitié, pas un quart, mais la totalité », a-t-il lancé sur la radio d'Etat.
Budapest a déjà obtenu mercredi, après une décision de la Commission européenne qui a provoqué la colère de certains eurodéputés, le déblocage de 10 milliards d'euros sur les 21 milliards du plan de relance européen de 2020 NextGenerationEU auquel il a droit. Pour rappel, l'argent de ce fonds, destiné à la relance de l'économie européenne post Covid-19, est toujours gelé par l'UE, dans le cadre de différentes procédures, en raison des manquements à l'Etat de droit reprochés à Budapest.
La Hongrie ambiguë sur l'adhésion de l'Ukraine à l'UE
En revanche, si Viktor Orban a fait barrière à l'aide européenne, il a assuré qu'il « ne bloquerait pas » le début formel des négociations d'adhésion de l'Ukraine à l'UE si Kiev remplit toutes les conditions posées par la Commission européenne, a souligné le président français. « Si les sept règles sont remplies, alors il faudra pouvoir ouvrir les discussions », a renchéri Emmanuel Macron ce vendredi.
Le président français cependant relevé qu'il ne « criait pas victoire » après le sommet, même si le Premier ministre hongrois n'a pas opposé son veto à l'ouverture des négociations d'adhésion. « Politiquement on aurait pu avoir un non, on a eu un oui. A cet égard, le Premier ministre Orban a dit ce qu'il nous avait dit qu'il ferait », a-t-il noté.
Des réformes à mettre en place pour avant d'intégrer l'UE
Le président français a par ailleurs souligné que l'UE était encore « très loin d'un élargissement » à l'Ukraine et que cela supposerait une réforme de ses règles de fonctionnement.
« Nous sommes très loin d'un élargissement effectif à l'Ukraine », a-t-il affirmé, interrogé sur les inquiétudes des agriculteurs européens, en rappelant son attachement à la « souveraineté agricole européenne ». « Quelque élargissement que ce soit supposera une réforme en profondeur de nos règles », a-t-il ajouté. « Ca ne sera possible soit avec une augmentation massive des financements, soit avec un changement des règles et des mécanismes qui sont aujourd'hui les nôtres », a-t-il noté.