Temu : le géant chinois rejoint la liste européenne des plateformes soumises à des règles renforcées

Bruxelles a ajouté vendredi le groupe chinois de commerce en ligne Temu à la liste des très grandes plateformes soumises à des contrôles renforcés dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA), selon un responsable européen.
Temu propose un choix pléthorique de produits : vêtements, jouets, décoration, outils, high-tech...
Temu propose un choix pléthorique de produits : vêtements, jouets, décoration, outils, high-tech... (Crédits : Reuters)

Temu est surveillé de près par Bruxelles. Le groupe chinois de commerce en ligne a été ajouté vendredi à la liste des très grandes plateformes soumises à des contrôles renforcés dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA), selon un responsable européen.

Le site, qui connaît une progression fulgurante en Europe grâce à une stratégie de prix cassés, devient la 24e plateforme, aux côtés de Amazon, Shein ou Zalando, à se voir imposer les règles européennes les plus strictes pour protéger les consommateurs contre les contenus illégaux, a annoncé ce responsable à l'AFP sous couvert de l'anonymat.

Temu est la version internationale du mastodonte chinois du e-commerce Pinduoduo, né en 2015. Il propose un choix pléthorique de produits : vêtements, jouets, décoration, outils, high-tech... L'entreprise compte plus de 75 millions d'utilisateurs mensuels dans l'Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs de l'internet peuvent être soumis à la régulation renforcée de l'UE.

Le groupe dit avoir triplé son bénéfice net au premier trimestre. Sur la période janvier-mars, il a bondi de 246% sur un an, à environ 28 milliards de yuans (3,57 milliards d'euros), a indiqué Temu dans un communiqué, le 22 mai. Son chiffre d'affaires a atteint 86,8 milliards de yuans (11 milliards d'euros), en hausse de 131% sur un an.

Des interfaces trompeuses

La plateforme chinoise a été récemment accusée par des associations de manipuler les internautes et de violer plusieurs dispositions du DSA. Temu utiliserait notamment des interfaces trompeuses - « dark patterns » - pour inciter ses clients à dépenser plus, selon le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) qui a déposé une plainte auprès de la Commission européenne.

Sur Temu, « les consommateurs se voient proposer différentes versions plus chères lorsqu'ils ont cliqué sur un produit particulier et ils font face à un parcours du combattant quand ils veulent clôturer leur compte », déplore Monique Goyens, directrice générale du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), citée dans un communiqué.

Contacté par l'AFP, le groupe a affirmé prendre cette plainte « très au sérieux » et a promis de « l'étudier de manière approfondie ». « Nous sommes impatients de travailler à l'amélioration de notre service et à la correction de toute lacune », a déclaré Temu. « Nous nous engageons à faire preuve de transparence et à respecter complètement toutes les lois et réglementations applicables ».

Une plainte déposée en Suisse

Jeudi, l'association suisse du commerce de détail a également déposé une plainte auprès du ministère de l'économie contre la plateforme chinoise de commerce en ligne Temu, dénonçant des « pratiques commerciales déloyales », indique-t-elle jeudi à l'AFP.

La plainte a été déposée aux côtés d'autres associations, dont l'Association suisse des détaillants en jouets et la fédération Swiss Textiles. « Il existe d'importants soupçons de publicité illicite », estime cette association appelée Swiss Retail Federation, qui met en cause « les rabais », « prix barrés » et « publicité répétée avec des offres en dessous du prix de revient ». L'association évoque une « tromperie sur la disponibilité des offres ».

Depuis février, le DSA impose, sous peine d'amendes, de nouvelles obligations à toutes les plateformes en ligne, y compris Temu, pour mieux protéger les utilisateurs contre les contenus illégaux. Le règlement interdit les interfaces trompeuses et impose une transparence accrue sur les algorithmes utilisés pour cibler les internautes. Il oblige à contrôler l'identité des vendeurs sur les plateformes et bloquer les fraudeurs récidivistes.

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Un rapport annuel et des mesures pour protéger les consommateurs

Temu, comme les 23 autres très grandes plateformes soumises aux règles renforcées, devra désormais en plus analyser les risques liés à ses services et mettre en place les moyens pour les atténuer. Cette analyse devra faire l'objet d'un rapport annuel remis à la Commission européenne, qui assume désormais un rôle de gendarme du numérique dans l'UE.

« Des mesures devront être mises en œuvre pour protéger les consommateurs contre l'achat de produits dangereux ou illégaux et empêcher tout particulièrement la vente de produits nocifs pour les mineurs », a expliqué le responsable européen.

La plateforme chinoise devra être en conformité avec ses nouvelles obligations d'ici à fin septembre. Les contrevenants peuvent se voir infliger des amendes jusqu'à 6% de leur chiffre d'affaires annuel mondial, voire une interdiction d'avoir des activités en Europe en cas de violations graves et répétées.

Shein a également rejoint la liste

Fin avril, Bruxelles avait ajouté le champion du prêt-à-porter bon marché Shein à la liste des très grandes plateformes en ligne soumises à des contrôles renforcés dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA).

Shein, spécialiste de la « fast-fashion », qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux et revendique chaque mois 108 millions d'utilisateurs de son site dans l'Union européenne.

Réagissant à sa désignation comme très grande plateforme, Shein avait affirmé sa volonté de se conformer aux règles européennes. « Nous partageons l'ambition de la Commission de faire en sorte que les consommateurs de l'UE puissent faire leurs achats en ligne en toute sérénité et nous nous engageons à jouer notre rôle », a déclaré Leonard Lin, responsable mondial des affaires publiques du groupe.

Les très grandes plateformes concernées par les contrôles européens renforcés incluent aussi le géant du commerce en ligne Amazon et son concurrent AliExpress, filiale du géant chinois Alibaba.

(Avec AFP)

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