Le niveau d'endettement de l'Italie, la France et l'Espagne inquiète le FMI, des ajustements budgétaires sont attendus

L'Italie, la France et l'Espagne doivent « procéder à des ajustements budgétaires », estime la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva, dans une interview à plusieurs journaux européens. Elle s'inquiéte aussi des conséquences du conflit au Proche-Orient, de la montée du populisme, et de la bataille contre l'inflation qui n'est gagnée.
Pour la directrice générale du FMI, en France, 2024 doit marquer un tournant vers le resserrement budgétaire.
Pour la directrice générale du FMI, en France, 2024 doit marquer un tournant vers le resserrement budgétaire. (Crédits : MICHELE TANTUSSI)

Le FMI distribue ses bons et, surtout, ses mauvais points. « Contrairement aux Etats-Unis, qui ont retrouvé leur rythme de croisière d'avant la pandémie, la zone euro est toujours 2 % en dessous de sa tendance d'avant la pandémie et la croissance y est très modeste », souligne la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva dans une interview accordée à plusieurs journaux européens dont Les Echos, publiée ce jeudi.

La réponse budgétaire au Covid, la hausse des prix de l'énergie à la suite de la guerre en Ukraine, et les tensions sur le marché du travail sont, pour la responsable, autant d'obstacles pour une reprise franche de la croissance dans la zone euro.

Kristalina Georgieva cible particulièrement la France, l'Italie et l'Espagne qui « ont vu leur ratio dette/PIB augmenter considérablement ». Elle les appelle donc à « vraiment procéder à des ajustements budgétaires ».

La France en « meilleure position » que l'Italie

Pour l'Italie, le problème « est aggravé par le ralentissement de la croissance résultant du retrait des mesures de soutien politique, les revenus ne sont donc pas assez élevés et rendent l'ajustement plus difficile ». Notant que la France est « dans une meilleure position car la croissance permet un ajustement budgétaire », la directrice générale du FMI estime toutefois « que 2024 doit marquer un tournant vers le resserrement budgétaire ». L'agence de notation Standard and Poor's (S&P) doit d'ailleurs se prononcer le 1er décembre sur la note de la dette française.

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L'Espagne, qui a bénéficié d'un fort rebond des services et du tourisme, prévoit un ajustement de 0,3%, ce que, dit-elle, le FMI juge « acceptable tant que le pays ne renouvelle pas les mesures de soutien politique qui devraient expirer à la fin de cette année ».

« Je pense que le moment est venu pour les dirigeants de faire ce qu'il faut : plus de courage, plus de force, de leadership, car les temps sont durs, et faire ce qui n'est peut-être pas populaire mais qui est nécessaire. C'est la raison pour laquelle les dirigeants sont aux positions qu'ils occupent. »

Les déclarations de la patronne du FMI trouvent écho à celles formulées lundi par vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, qui a estimé que la France mais aussi la Belgique, la Croatie et la Finlande, « risquent de ne pas être en ligne avec les recommandations » budgétaires de l'Union européenne pour l'an prochain, en raison de dépenses publiques excessives. Autrement dit, ces quatre pays doivent « réduire les dépenses » pour respecter les limites européennes, lesquelles fixent deux plafonds à ne pas dépasser : celui du déficit public à 3% du produit intérieur brut (PIB) et celui de la dette publique à 60% du PIB.

Outre les quatre pays épinglés ce mardi, Paolo Gentiloni, le commissaire à l'Economie, a souligné que neuf autres Etats membres n'étaient « pas complètement en ligne » avec les recommandations, dont l'Allemagne qui est appelée, comme la France, à supprimer « dès que possible » les mesures d'aides adoptées pour réduire les factures énergétiques des ménages et entreprises.

Proche-Orient et populisme

Evoquant la guerre entre Israël et le Hamas, Kristalina Georgieva relève que si elle « se prolonge ou s'intensifie, elle aura un impact tangible » sur l'économie mondiale. « La croissance en Israël va inévitablement être affectée », ajoute-t-elle, et « il en va de même pour les pays voisins comme le Liban, la Jordanie et l'Egypte, où le tourisme est également important ».

Interrogée sur la montée du populisme, la responsable estime que « si nous ne sommes pas conscients de la nécessité de perfectionner constamment les compétences des gens (...), nous pourrions alimenter encore une fois le populisme ».  Mais elle met aussi en avant « le rôle des réseaux sociaux », « une plateforme pour les plus bruyants, les plus colériques et les plus haineux ».

Et, après l'élection à la tête de l'Argentine de Javier Milei, la patronne du FMI souligne que « le pays a besoin d'un plan de réformes ambitieux, c'est notre message à l'Argentine depuis un certain temps et c'est toujours le même ».

La bataille contre l'inflation n'est pas encore gagnée

Par ailleurs, même si l'on assiste «  à une baisse de l'inflation mondiale depuis le sommet de 11,6 % atteint au deuxième trimestre 2022 », Kristalina Georgieva exhorte les banques centrales à surveiller attentivement les données avant d'agir.

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Elle explique : « Une chose est claire : l'inflation n'est pas un problème homogène. En d'autres termes, ce n'est pas pareil partout. Il existe encore de grandes divergences entre les pays. Les autorités doivent donc calibrer leurs actions en fonction de ce qui se passe concrètement devant elles. Sans stabilité des prix, nous n'avons aucun espoir de hisser la croissance à un niveau suffisamment élevé. En 2024, il y aura encore des pressions inflationnistes qu'il faudra réduire. »

(Avec AFP)

Commentaires 18
à écrit le 26/11/2023 à 15:32
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Vive le populisme. Ras le bol des fmi and co et autres agences inutiles.

à écrit le 26/11/2023 à 7:19
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Pourquoi aucun média ne parle des réserves en or de la France et ne met en perspective le montant de cette réserve face au montant de la dette. Donc voilà ce que représenterait la reserve en or de la france 138 000 milliard d'euros et voilà ce que...

le 26/11/2023 à 15:40
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la réserve d'or de la France est de 144 milliards d'euros et pas 138 000 milliards!!! ce qui équivaudrait à 2,5 millions de tonnes d'or(100 fois la réserve d'or dans le monde) alors que nous n'en avons moins de 2500 tonnes.

à écrit le 24/11/2023 à 20:44
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@Idx. Je n'ai pas suffisamment de place ici pour développer votre (le) sujet en profondeur, mais prenez un moteur de recherche et tapez: [Dix ans après, l'opération d'effacement de la dette argentine fait toujours débat] Par latribune le 09/03/2012.

à écrit le 24/11/2023 à 17:54
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les 3 cas sont bien disticnts.......l'italie detient sa dette et a un excedent primaire, et une balance commerciale positive, l'espagne va pas terrible mais rentre dans les clous, il reste la france, enfant malade de l'europe, mais quand meme avec la...

le 25/11/2023 à 14:25
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Ceux qui nous donnent des leçons ce sont ceux qui détiennent 80% des richesses du monde. Cette dame en est là porte-parole.

à écrit le 24/11/2023 à 16:34
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Entre l'Insee qui nous rappelle les prévisions d'une Madame Soleil et le "Bureau of Labor Statistics" (BLS) américain spécialisé dans les édulcorants à deux balles, et le FMI qui fut durant des décennies un des fossoyeurs de Argentine, venir à présen...

à écrit le 24/11/2023 à 10:44
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Entre l'Insee qui nous rappelle les prévisions d'une Madame Soleil et le "Bureau of Labor Statistics" (BLS) américain spécialisé dans les édulcorants à deux balles, et le FMI qui fut durant des décennies un des fossoyeurs de Argentine, venir à présen...

le 24/11/2023 à 18:33
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Et si les états endettés décidaient d'annuler leurs dettes cela serait un bienfait pour l'humanité qui verrait disparaitre tous ces fonds d'investissements qui s'engraissent sur le dos de 98% de la population mondiale au seul profit des 2% restant . ...

le 24/11/2023 à 18:35
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Et si les états endettés décidaient d'annuler leurs dettes cela serait un bienfait pour l'humanité qui verrait disparaitre tous ces fonds d'investissements qui s'engraissent sur le dos de 98% de la population mondiale au seul profit des 2% restant . ...

à écrit le 24/11/2023 à 9:33
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OK mais que tout le monde paye des impôts à hauteur de ses revenus en particulier les multinationales.

le 24/11/2023 à 10:51
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Et supprimer les allocations a hauter de ses revenues. Un couple avec 6000 euro net mensuels percoit des allocations familiales meme dans un epoque d'une surpopulation hors controle.

à écrit le 24/11/2023 à 7:59
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Ben sortons de l'UE, refusons de rembourser les dettes et faisons enfin tomber l'empire du mal financier. "Gardes saisissez vous de cet individu !" LOL L'empire des faibles.

le 24/11/2023 à 8:30
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Pas de problème pas rembourser les dettes, plus d’argent pour l’état pour payer ses fonctionnaires. CHICHE

le 24/11/2023 à 8:48
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@Carlier : Oh avant d'arrêter de payer les fonctionnaires, il a d'autres leviers, comme par exemple prélever sur les héritages le maintien des pensions ou des soins des retraités ou bien baisser les aides aux entreprises car celles-ci engendrent de t...

le 24/11/2023 à 8:57
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"plus d’argent pour l’état pour payer ses fonctionnaires" Tu fais encore moins confiance que moi à notre classe dirigeante ! Et tu as raison il faudrait une nouvelle équipe et un nouveau sens politique pour mener cette indispensable car vitale guerre...

le 24/11/2023 à 11:02
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Qui nous prêterait les 260 milliards en 2024 si on déclare ne pas rembourser la dette ? Une idée de la façon de financer nos déficits ?

le 24/11/2023 à 11:54
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@Dossier51 : le gros problèmes des économies modernes, les projets sont comme des fruits dans un arbre, ceux les plus faciles à cueillir l'ont déjà été il y a maintenant des décennies et donc les projets ambitieux sont au mieux des projets à très hau...

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