L'Américaine Fiona Scott Morton renonce à un poste clé de l'UE après une semaine de polémiques

Par latribune.fr  |   |  587  mots
« Fiona Scott Morton m'a informé de sa décision de ne pas accepter le poste d'économiste en chef de la concurrence. Je l'accepte avec regret », a expliqué Margrethe Vestager sur Twitter. (Crédits : YVES HERMAN)
La nomination de cette économiste américaine, ancienne de l'administration Obama et ex-consultante pour les Gafam, à un poste clé de la Commission européenne lié à la régulation des géants de la tech avait suscité une vive polémique et l'opposition de plusieurs élus européens et du gouvernement français.

La polémique aura eu raison de sa nomination à la Direction générale de la concurrence à Bruxelles. L'économiste Fiona Scott Morton a annoncé ce mardi à la commissaire européenne Margrethe Vestager qu'elle renonçait à prendre ce poste clé de l'UE le 1er septembre comme prévu, dans une lettre publiée mercredi par Margrethe Vestager et dans laquelle l'Américaine explique son retrait par la « polémique politique autour de la nomination d'une extra-européenne à ce poste ».

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« Fiona Scott Morton m'a informé de sa décision de ne pas accepter le poste d'économiste en chef de la concurrence. Je l'accepte avec regret », a expliqué Margrethe Vestager sur Twitter. La nouvelle de sa nomination avait provoqué une vague d'indignation des élus européens, en particulier ceux français qui ont notamment épinglé ses anciennes fonctions de responsable de l'analyse économique à la division antitrust du ministère américain de la Justice, entre mai 2011 et décembre 2012, puis de consultante pour des grands groupes de la tech comme Amazon, Apple et Microsoft. Ils dénoncent ainsi de possibles conflits d'intérêts et le risque d'une ingérence de Washington dans des décisions de l'UE.

Opposition ferme du gouvernement français

Au sein du gouvernement français, cette nomination avait également fait réagir. Fait rarissime, celui-ci a même réclamé jeudi à la Commission européenne de « réexaminer son choix » par la voix du ministre en charge du Numérique Jean-Noël Barrot. « À l'heure où l'Europe s'engage dans la régulation numérique la plus ambitieuse du monde, la récente nomination de l'économiste en chef de la DG Concurrence n'est pas sans soulever des interrogations légitimes », avait ainsi pointé le ministre dans un tweet en fin de semaine dernière. Il a d'ailleurs salué la décision de l'économiste américaine ce mercredi.

« Je salue cette décision responsable. La régulation numérique est une des clefs de la souveraineté de l'Europe », a-t-il déclaré sur Twitter.

Emmanuel Macron lui-même s'était montré « dubitatif » mardi sur cette nomination. « Si nous n'avons aucun chercheur (européen) de ce niveau pour être recruté par la Commission, ça veut dire que nous avons un très grand problème avec tous les systèmes académiques européens », avait-t-il répliqué, interrogé par des journalistes, regrettant l'absence de « réciprocité » de la part des Etats-Unis et de la Chine pour nommer des Européens qui seraient « au coeur de (leurs) décisions ».

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Emmanuel Macron avait souligné avoir « beaucoup de respect » pour l'experte américaine. Mais « elle a été embauchée par beaucoup d'entreprises et devrait se porter en retrait de ces situations ce qui rend assez inopérant ce pour quoi on l'embauche », a-t-il estimé. Et d'ajouter : « Je pense que les Européens ont besoin de développer des compétences européennes, d'avoir une autonomie stratégique (...), il faut avoir une autonomie de pensée » et le recrutement de Fiona Scott Morton « n'est pas forcément la décision la plus cohérente à cet égard ».

 (Avec AFP)