L'Allemagne attend un regain de croissance plus important que prévu

Par latribune.fr  |   |  790  mots
Deux instituts économiques allemands ont relevé leurs prévisions de croissance pour la première économie européenne cette année. (Crédits : Fabian Bimmer)
Deux instituts économiques allemands ont relevé leurs prévisions de croissance pour 2024, alors que se dessine une lente reprise de la consommation et du commerce international, après plusieurs mois de morosité.

L'Allemagne apercevrait-elle le bout du tunnel ? Deux instituts économiques allemands ont relevé leurs prévisions de croissance pour la première économie européenne cette année. L'institut IFO table désormais sur une hausse de 0,4% du produit intérieur brut (PIB), soit 0,2 point de plus que lors de sa prévision précédente, selon son rapport estival de conjoncture publié ce jeudi.

La semaine dernière, l'institut économique DIW avait lui aussi relevé ses estimations de 0,2 point, prévoyant désormais 0,3% de croissance pour 2024. « Il y a de nouveau des raisons d'espérer. L'économie allemande sort lentement de la crise », commente Timo Wollmershäuser, expert de l'institut.

En effet, après avoir reculé en 2023, le PIB allemand a pu rebondir de façon plus forte qu'attendu au premier trimestre de 2024 (0,2%), et devrait de nouveau légèrement croître lors du deuxième trimestre qui s'achève, selon les prévisions de la banque fédérale d'Allemagne.

Un secteur manufacturier à la peine

L'économie allemande a été fortement chahutée ces derniers mois. Le moteur de l'Europe a été principalement pénalisé par son secteur manufacturier, pilier de l'économie allemande. Il souffre d'une crise multiforme, entre coûts élevés de l'énergie, faible demande domestique, et difficultés du commerce international.

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Le renchérissement du coût du crédit a également freiné les investissements et la demande internationale faible, notamment en Chine et chez ses partenaires européens, a handicapé les exportations. La branche industrielle a ainsi entraîné le pays dans une récession, avec une chute de 0,3% de son PIB l'an dernier.

Lueur d'espoir dans la baisse des taux

Désormais, la reprise de la demande sur de nombreux marchés internationaux redonne un peu d'oxygène à l'industrie. Preuve en est, les exportations allemandes ont continué à croître en avril, l'indicateur a gagné 1,6% sur un mois en avril, après avoir pris 2% en mars, atteignant 136,5 milliards d'euros, d'après les derniers chiffres de l'institut de statistique Destatis, publiés en juin.

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Et le net ralentissement de l'inflation en Allemagne soutient également la consommation intérieure. « Le pouvoir d'achat des ménages devrait continuer à se renforcer au cours de l'année et (...) le commerce mondial de marchandises et la production industrielle mondiale continuer à se redresser » a ainsi rassuré l'IFO dans son communiqué.

Le desserrement monétaire des banques centrales, notamment la BCE, redonne également de l'espoir, selon l'IFO, qui table sur « deux nouvelles baisses de taux dans l'année par la BCE ». La BCE a en effet décidé en juin de baisser pour la première fois en près de cinq ans ses taux directeurs. Servant de référence en zone euro, le taux sur les dépôts de 4%, son plus haut niveau atteint en septembre dernier, a été ramené à 3,75%.

« Alors que l'économie allemande continue de subir des vents contraires, les lueurs d'espoir se multiplient », a ainsi estimé de son côté la banque centrale allemande dans son bulletin mensuel publié jeudi. Elle a en revanche pointé du doigt le « recul » persistant du secteur de la construction, toujours freiné par les taux d'intérêt trop élevés pour le secteur.

Un rebond encore faible

Reste que la hausse du niveau générale des prix n'est pas encore redescendue à des niveaux acceptables pour la BCE qui a assorti sa baisse des taux d'un discours très prudent pour la suite car l'inflation devrait « rester supérieure à l'objectif » de 2% et ce, « pendant une grande partie de l'année prochaine », selon la banque centrale.

En Allemagne, bien que l'inflation dans le pays ait poursuivi une décrue ces derniers mois, la hausse des prix à la consommation a tout de même atteint 2,4% sur un an, soit 0,2 point de plus qu'en avril, selon une estimation définitive publiée par l'institut de statistiques Destatis.

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Par ailleurs, le rebond attendu outre-Rhin est très faible par rapport à celui de ses voisins européens, avec une croissance moyenne de la zone euro attendue à 0,8%, selon les prévisions de Bruxelles. « Il faudra faire preuve de patience jusqu'en 2025 avant que la croissance ne dépasse à nouveau les 1% en Allemagne », a commenté lors d'une conférence de presse jeudi Ulrich Kater, chef économiste de la banque Deka.

Le DIW et l'IFO tablent respectivement sur une croissance de 1,4% et 1,5% l'an prochain. Le gouvernement a, lui, légèrement relevé sa prévision de croissance pour 2024, portée de 0,2% à 0,3%.

(Avec AFP)