Élargissement des frontières maritimes russes : la Finlande et la Lituanie montent au créneau après l'annonce de Moscou

Par latribune.fr  |   |  941  mots
« La Russie est membre et partie de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Nous attendons uniquement de la Russie qu'elle respecte cette convention », a dit la ministre finlandaise des Affaires étrangères. (Crédits : DADO RUVIC)
La Russie a annoncé avoir pour projet de modifier unilatéralement sa frontière maritime avec la Finlande et la Lituanie. Une annonce qui n'a pas du tout plu aux deux pays qui ont demandé à Moscou de s'expliquer et à l'Europe une « réponse ferme ».

Le torchon brûle entre la Finlande, la Lituanie et la Russie. Les deux pays de l'Otan ont demandé ce mercredi à Moscou de s'expliquer sur son projet de modifier unilatéralement sa frontière maritime avec les deux pays, estimant qu'il pourrait s'agir d'un nouvel acte de guerre « hybride ».

Le ministère lituanien des Affaires étrangères a annoncé dans un communiqué qu'il « convoquait un représentant de la Fédération de Russie pour obtenir une explication complète ». La Lituanie avait expulsé l'ambassadeur russe et réduit ses relations diplomatiques avec Moscou en avril 2022, en réaction aux atrocités commises dans la ville ukrainienne de Boutcha.

De son côté, la ministre finlandaise des Affaires étrangères, Elina Valtonen, a dit à des journalistes qu'Helsinki « suivait la situation ». « Nous n'avons pas d'information officielle sur ce que la Russie envisage », a-t-elle ajouté.

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Moscou veut s'emparer d'une partie des eaux finlandaises et lituaniennes

Selon le projet de décret initié par le ministère russe de la Défense et dévoilé mardi, Moscou entend étendre ses eaux territoriales en modifiant sa frontière avec la Finlande et la Lituanie en mer Baltique. La redéfinition des coordonnées géographiques ferait passer des aires finlandaise et lituanienne sous contrôle russe. Les frontières de la Russie dans la région occidentale de Kaliningrad et dans la partie orientale du golfe de Finlande seraient modifiées, selon le document.

Le ministère russe de la Défense a indiqué que cette modification, qui devrait entrer en vigueur en janvier 2025, était nécessaire car les coordonnées géographiques établies à la fin du XXe siècle « ne correspondent pas pleinement à la situation géographique actuelle ». Une décision qui n'a pas du tout plu aux deux pays voisins.

La Finlande et la Lituanie appellent à une « réponse ferme » de l'Europe

« La Russie est membre et partie de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Nous attendons uniquement de la Russie qu'elle respecte cette convention », a dit la ministre finlandaise des Affaires étrangères. « Il ne faut pas oublier que semer la confusion, c'est aussi avoir une influence hybride. La Finlande ne se laissera pas désorienter », avait-elle écrit auparavant sur X.

Le président finlandais Alexander Stubb, qui supervise la politique étrangère du pays, a indiqué sur X que « la Russie n'avait pas été en contact avec la Finlande à ce sujet ».

Du côté lituanien, le ministre des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis a également dénoncé le projet russe. « Une nouvelle opération hybride russe est en cours, cette fois pour tenter de répandre la peur, l'incertitude et le doute à propos de leurs intentions en mer Baltique », a-t-il écrit sur X. « C'est une escalade évidente contre l'Otan et l'UE, qui doit faire l'objet d'une réponse ferme et appropriée », a ajouté le ministre.

Le président lituanien Gitanas Nauseda a déclaré, quant à lui, que l'ambassadeur du pays auprès de l'OTAN avait fait part aux alliés de ses inquiétudes concernant les projets russes. Selon lui, cette initiative pourrait s'inscrire dans le cadre d'une action plus large de la Russie contre l'OTAN. « Il s'agit d'une violation flagrante du droit international, non seulement lorsqu'on dénonce le traité, mais aussi lorsqu'on parle ou diffuse des informations de cette nature », a-t-il dit à la presse.

La Russie reprend du terrain en Ukraine

Pendant que Moscou entend étendre son territoire en mer, il reprend aussi des kilomètres de front en Ukraine. La Russie a revendiqué mercredi la prise de Klichtchiïvka, dans l'est de l'Ukraine, l'une des rares localités que l'armée ukrainienne avait reconquises au cours de son offensive de l'été 2023 avant que l'avancée de Kiev ne soit stoppée. « Les unités du groupe Sud, après des opérations actives, ont libéré la localité de Klichtchiïvka », a déclaré le ministère russe de la Défense dans son rapport quotidien, ce mercredi.

Les troupes russes ont repris l'initiative et effectuent une lente poussée sur le front oriental, où elles ont enregistré des succès tactiques et se sont emparées d'une série de localités, notamment de la ville-forteresse d'Avdiïvka, en février. Cette avancée, au prix de lourdes pertes, ne leur a toutefois pas permis, pour l'heure, de réaliser une véritable percée. Le 15 mai, Moscou avait également affirmé avoir repris, dans le sud, Robotyné, une localité - complètement détruite - symbolique, car elle avait également été l'une des rares à avoir été enlevées au cours de cette offensive.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a souligné mardi soir que des combats difficiles avaient surtout lieu dans la région de Donetsk. La situation dans « le secteur de Pokrovsk et d'autres secteurs de la région de Donetsk - Kramatorsk, Kourakhové - reste extrêmement difficile, la majeure partie des combats s'y déroule actuellement », a-t-il affirmé. Le président Vladimir Poutine a quant à lui affirmé la semaine dernière que l'objectif de cette offensive était de créer une « zone tampon » en territoire ukrainien pour mettre fin aux frappes sur les zones russes frontalières, que l'Ukraine effectue en réplique aux bombardements massifs qui l'endeuillent depuis plus de deux ans.