C'est vers 20h30 que le bruit commence à courir. Si Emmanuel Macron a décidé de prendre la parole, ce serait pour dissoudre l'Assemblée nationale. Sur le plateau de TF1, Gérald Darmanin le souffle à l'oreille d'Olivier Faure : « C'est la dissolution ». Le premier secrétaire du PS prévient immédiatement ses troupes présentes sur les autres plateaux télés.
Quelques minutes plus tard, Emmanuel Macron prend la parole pour effectivement annoncer la dissolution de l'Assemblée nationale, à la surprise générale, en réponse au très faible score de la liste macroniste de Valérie Hayer, autour des 15,2% selon notre sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche réalisé dimanche, et de la victoire écrasante du RN, autour de 31,8%. « Que la parole soit donnée au peuple souverain, rien n'est plus républicain. Cela vaut mieux que tous les arrangements, toutes les solutions précaires. C'est un temps de clarification indispensable », a fait valoir le Président.
Une décision soutenue par les Français selon notre enquête. A la question de savoir quelle réponse politique apporter aux résultats, 52% des sondés répondent la dissolution de l'Assemblée nationale. La mesure séduit tout particulièrement les extrêmes : 77% de ceux qui ont voté pour la liste RN y sont favorables, 73% de ceux qui ont voté pour Reconquête et 64% de ceux qui ont voté pour la liste France Insoumise. Mais leur souhait premier aurait plutôt été un changement significatif de politique, qu'ils sont 68% à plébisciter. Enfin, 44% auraient souhaité un changement de Premier ministre.
La gauche n'en revient pas
A l'Elysée, on note que l'extrême droite est autour de 40% si on additionne les résultats du RN et de Reconquête. « Mais il y a une majorité qui appartient à l'arc républicain », fait-on valoir dans l'entourage d'Emmanuel Macron. « 577 campagnes vont commencer très prochainement, on rentre dans un nouveau temps, un temps démocratique de retour au peuple », explique-t-on dans la soirée à l'Elysée. A la possible perspective de voir l'extrême droite accéder au pouvoir ? « Le Président ne se situe pas dans cette perspective », répond-on.
La gauche n'en revient pas. Comment Emmanuel Macron a-t-il pu accéder à la demande du RN ? La candidate écologiste Marie Toussaint parle de « trahison » : « L'extrême droite risque d'arriver au pouvoir dans les semaines qui viennent ». « Le Président de la République joue avec le feu », s'étouffe Mathilde Panot.
Voilà donc les partis qui repartent sans y être préparés dans une campagne express pour les élections législatives, qui se tiendront les 30 juin et 7 juillet, vingt jours avant que la France n'accueille les Jeux olympiques.