![L'ancien maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, est décédé à l'âge de 84 ans.](https://static.latribune.fr/full_width/906527/gaudin-confirme-qu-il-ne-briguera-plus-la-mairie-de-marseille.jpg)
« Il était Marseille », lui a rendu hommage le président de la République Emmanuel Macron. Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille pour l'éternité, avec sa truculence, sa passion, son accent et parfois aussi ses excès, est décédé ce lundi de Pentecôte. Maire d'une cité Phocéenne qu'il a toujours défendu contre vents et marées. Tour à tour Ministre, député, sénateur, président de Région, c'est sans aucun doute le mandat de Premier magistrat de sa ville, un quart de siècle durant, qui aura été sa plus belle mission. Jean-Claude Gaudin qui, même retiré de la vie politique, continuait d'en observer les rouages.
Impossible de tenir une conversation sans que Jean-Claude Gaudin embarque son interlocuteur dans une digression savoureuse. Raconter les petites histoires qui s'entremêlent dans la Grande, il aimait ça. Sans doute un réflexe de son passé de professeur d'histoire-géographie, un métier qu'il exerce pendant quinze ans, à Marseille évidemment. C'est Gaston Deferre, d'une certaine façon, qui lui met le pied à l'étrier politique lorsque Jean-Claude Gaudin devient en 1965 le benjamin du Conseil municipal. Gaston Deferre qui a été longtemps la référence, l'exemple à suivre. Voire à dépasser.
Mais rapidement Jean-Claude Gaudin va imprimer sa marque. Ainsi que le soulignent ceux qui l'ont connu, côtoyé, voire avec lesquels il a ferraillé, l'homme est attachant, plaisant mais c'est aussi un sacré animal politique.
Capable de dire non à Jacques Chirac qui lui propose le poste de ministre chargé des relations avec le Parlement lors de la cohabitation en 1986. Capable aussi de passer des accords avec le Front national pour empêcher la gauche d'accéder à la présidence du Conseil régional qu'il présidera de 1986 à 1998. Capable encore de refuser d'intégrer le Conseil constitutionnel pour préférer se consacrer à ce qui sera la Métropole Aix-Marseille Provence et dont il sera, en 2015, le tout premier président.
Homme politique et bâtisseur économique
Animal politique, il sait aussi être un visionnaire économique. Ministre de l'Aménagement du territoire, de la Ville et de l'intégration en 1995, il voit déjà Marseille en Grand. Il donne naissance aux ZUS, ces zones urbaines sensibles, instaurant la notion de quartiers prioritaires. Président de Région, il mène une politique de rénovation des lycées. Jean-Claude Gaudin qui a aussi, sans doute avant de nombreux acteurs économiques, compris tout le potentiel d'attractivité que possède Marseille, militant pour l'implantation de grands groupes, des locomotives qui créent de l'emploi et font rayonner la deuxième ville de France bien en dehors du seul périmètre national.
C'est alors qu'il dirige la Cité phocéenne que voit le jour Euroméditerranée en 1995 - il en sera le président en 2002, succèdent à Renaud Muselier - et le MuCeM, externalité positive de Marseille capitale européenne de la culture. Il a, un temps, l'idée d'installer un casino à Marseille. Le projet, évoqué dans la série fiction « Marseille » produite par Netflix avec Gérard Depardieu en incarnation d'un Gaudin imaginaire, ne verra jamais le jour.
L'héritage politique
Combien de femmes et hommes politiques ont fréquenté son bureau, installé au second étage de l'Hôtel de Ville, sous le regard protecteur de la Bonne-Mère, venant chercher un conseil, un coup de main. Jean-Claude Gaudin qui a ses héritiers - dont fait partie Martine Vassal, la « tombeuse » de Jean-Noël Guérini, aujourd'hui présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence et du Département des Bouches-du-Rhône - et ceux avec qui l'histoire a été compliquée comme les rapports qui l'ont uni à Renaud Muselier. Le président de la Région Sud, longtemps proche du Maire de Marseille, dont il était le dauphin mais qui, déçu, prendra alors ses distances.
Ce matin, à l'annonce de la disparition de celui qu'ils ont si bien connu, Martine Vassal salue celui « qui a été comme un père pour moi », tandis que Renaud Muselier rappelle qu'il a été « un grand maire », qu'il a « passé (s)a vie politique à ses côtés », soulignant la marque du destin et « la complicité avec le Seigneur » pour que lui « si chrétien, parte un jour si sacré ». Marseillaise, ministre de la Ville et de la Citoyenneté, Sabrina Agresti-Roubache, qui pilote le Plan Marseille en Grand avoue perdre « un ami précieux, un guide, un confident ».
Aimé, détesté, conspué, admiré, Jean-Claude Gaudin laisse une trace dans l'Histoire de Marseille. A jamais.