Dialogue suspendu en Nouvelle-Calédonie

Le Caillou n'a toujours pas retrouvé le calme. La situation s’était pourtant apaisée mais le transfert en métropole de sept prisonniers indépendantistes, dont le leader de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), Christian Tein, a remis le feu aux poudres.
Des partisans de l’indépendance à Nouméa (Nouvelle-Calédonie).
Des partisans de l’indépendance à Nouméa (Nouvelle-Calédonie). (Crédits : © LTD / Delphine Mayeur / AFP)

Rassemblements interdits ce week-end, couvre-feu prolongé jusqu'au 8 juillet : avec ces mesures, le Haut-Commissariat de la République tente de faire redescendre la tension pour ce jour de vote. Toute la semaine, des barrages routiers ont, à nouveau, été érigés, des écoles incendiées, des casernes de pompiers prises pour cibles. « Il y a moins de barrages qu'il y a un mois, mais avant c'était autour de Nouméa. Depuis dimanche, la colère gronde aussi dans le nord de l'île », raconte une source locale. La sécurisation des routes reste un point essentiel pour les policiers et gendarmes, mais force est de constater que les émeutiers ont repris certains accès. Par exemple, la route qui relie l'aéroport local à l'aéroport international de l'île n'est plus sécurisée, c'est donc par avion que la liaison - 40 kilomètres - est assurée.

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La situation s'était pourtant apaisée mais le transfert en métropole de sept prisonniers indépendantistes, dont le leader de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), Christian Tein, a remis le feu aux poudres. Contacté par La Tribune Dimanche, Daniel Wéa, le président du Mouvement des jeunes Kanaks en France, parle de « déportation ». « La déportation fait partie de l'histoire coloniale, explique-t-il. Il y a une volonté de déraciner les leaders pour éteindre la contestation. » Cette semaine, Daniel Wéa a parcouru la France pour manifester devant les prisons où les indépendantistes sont détenus, mais également pour « leur apporter des vêtements ».

Mission en stand-by

Si les indépendantistes dénoncent une « justice coloniale », le procureur de la République Yves Dupas avait, lui, justifié cette mesure par « la sensibilité de la procédure » et la nécessité de poursuivre les investigations « hors de toute pression ou concertation frauduleuse ». Il n'en reste pas moins que le CCAT exige la libération de ces « prisonniers politiques » comme une condition sine qua non pour un retour au calme. Emmanuel Macron a eu beau décider « de ne pas réunir le Congrès » dans une lettre adressée aux Néo-Calédoniens le 18 juin, provoquant ainsi la suspension du dégel du corps électoral, cela ne suffit pas : « Pour nous, il est juste suspendu », explique Daniel Wéa. Depuis cette missive, silence radio du côté de l'exécutif.

Les trois médiateurs missionnés par le chef de l'État sont rentrés en métropole il y a une quinzaine de jours. Après avoir rendu compte chaque soir de la situation sur place, leur mission est en stand-by, campagne express des législatives oblige. Dans son programme, le Nouveau Front populaire prévoit, outre l'abandon de la réforme électorale, « la recherche d'un projet d'accord global qui engage un véritable processus d'émancipation et de décolonisation ». Sur France 2 cette semaine, Jean-Luc Mélenchon a, lui aussi, qualifié de « déportés » les détenus indépendantistes. Sur la même chaîne, Marine Le Pen a promis de retrouver le « chemin d'un dialogue » en cas d'accession au pouvoir. Au Rassemblement national, le dossier est géré par Marine Le Pen, Louis Aliot, le maire de Perpignan, et André Rougé, député européen.

Sur place, c'est un chef d'entreprise, Alain Descombels, qui rend compte de la situation et conseille l'état-major du RN : « Il faut un accord avec les indépendantistes. Nous pourrions envisager un référendum d'autodétermination dans une quarantaine d'années », explique à La Tribune Dimanche celui qui a fait changer d'avis Marine Le Pen sur le sujet, le Front national ayant été historiquement loyaliste. Jusqu'à une indépendance totale ? « Ce n'est pas à exclure. » Une mesure à long terme qui pourrait permettre de remettre sur la table le dégel du corps électoral à moyen terme. En attendant, l'inquiétude demeure sur la bonne tenue des élections législatives, certains Néo-Calédoniens craignant de se rendre aux bureaux de vote; d'autres pourraient en être empêchés par les barrages sur les routes.

Commentaire 1
à écrit le 01/07/2024 à 8:07
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[ "Il faut un accord avec les indépendantistes. Nous pourrions envisager un référendum d'autodétermination dans une quarantaine d'années", explique à La Tribune Dimanche celui qui a fait changer d'avis Marine Le Pen sur le sujet, le Front national...

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