Le Collège citoyen de France forme de nouveaux acteurs de la démocratie

Comment avoir un impact sur les politiques publiques si ce n’est en faisant partie de celles et ceux qui décident de ces dernières ou les appliquent sur le terrain au bénéfice des citoyens ? Mais comment s’y prendre pour entrer dans ce cercle ? C’est en débusquant des talents et des vocations diverses que le Collège citoyen de France fait le pari de renouveler l’exercice – et le personnel politique. (Cet article est issu de T La Revue n°15 – « Sobriété, frugalité, ingéniosité : comment innover autrement ? »)
Parce qu’ils sont convaincus que « changer le monde ça s’apprend », les dix cofondateurs du Collège citoyen de France (Julien Neutres, Alice Zagury, Dominique Versini, Marc Berrebi, Maryline Gygax, JR, Tania de Montaigne, Édouard Bergeon, Léa Moukanas, Thierry Cotillard) ont décidé d’être des passeurs d’expériences et des facilitateurs pour celles et ceux qui n’oseraient pas se lancer dans la vie publique.
Parce qu’ils sont convaincus que « changer le monde ça s’apprend », les dix cofondateurs du Collège citoyen de France (Julien Neutres, Alice Zagury, Dominique Versini, Marc Berrebi, Maryline Gygax, JR, Tania de Montaigne, Édouard Bergeon, Léa Moukanas, Thierry Cotillard) ont décidé d’être des passeurs d’expériences et des facilitateurs pour celles et ceux qui n’oseraient pas se lancer dans la vie publique. (Crédits : DR)

La pandémie et le confinement ont souligné un paradoxe déjà existant, relève Julien Neutres, cofondateur du Collège citoyen de France : des liens distendus entre citoyens et personnel politique, d'une part, et la nécessité d'une action citoyenne collective, à base, précisément, de politique, d'autre part. « Comme les autres cofondateurs - nous sommes dix au total : la Générale de l'Armée Maryline Gygax, l'artiste JR et l'entrepreneur Marc Berrebi, l'écrivaine Tania de Montaigne, Thierry Cotillard, le président d'Intermarché, Léa Moukanas qui a créé l'association Aïda et Alice Zagury, entrepreneuse de la tech, le cinéaste Édouard Bergeon et l'ancienne ministre Dominique Versini - j'ai pris conscience du besoin de trouver des solutions face à ce phénomène pour le monde de demain », ajoute-t-il. Mais comment faire ? Comment inciter des citoyens à s'engager pour travailler avec les institutions de la République ? Comment leur donner les clefs de la vie publique ? Le lancement du Collège citoyen de France, en 2020, apporte une réponse, sous la forme d'une formation, gratuite et compatible avec une vie professionnelle, dispensée pendant près de six mois, dans le but d'accompagner le développement d'un projet d'engagement citoyen - qui peut prendre diverses formes, dont la participation à une élection, mais aussi des initiatives visant à améliorer la vie des citoyens. « Le but étant de faire en sorte que certains aient des engagements plus assumés, plus directs, avec l'objectif, évidemment, d'avoir un réel impact sur les politiques publiques », indique Farida Cagniard, codirectrice, avec Manon Pérez, du Collège citoyen de France. Pour cela, il faut donc d'abord repérer les candidats potentiels et ensuite les former. Pour les repérer, le Collège citoyen de France lance des appels à candidature nationaux, tente d'aller chercher des bénéficiaires de ces politiques publiques pour qu'ils apportent leur vécu et leur contribution en sollicitant les membres d'associations, les chefs d'entreprise, les élus locaux, les fonctionnaires de terrain... et mise particulièrement sur les réseaux de ses cofondateurs, implantés les uns dans le monde de l'entreprise, les autres dans l'associatif, d'aucuns dans l'art, la santé, l'agriculture... et rejoints par des sympathisants à leur cause, dont les 10 000 personnes qui suivent les activités du Collège sur les réseaux sociaux. « Dans ce travail de terrain, nous cherchons des acteurs potentiels de tous âges, de tous profils, venant d'horizons les plus divers », précise-t-elle.

Compagnonnage citoyen

Dans le réseau de Farida Cagniard, avocate et ancienne directrice de l'école de cinéma Kourtrajmé, basée à Clichy Montfermeil, on trouvera de jeunes artistes ou des acteurs de l'associatif. Dans celui d'Édouard Bergeron, spécialiste de l'agriculture et fondateur de la chaîne de télévision AuNomdelaTerre, des producteurs agricoles, dont le rôle - et la voix - sont essentiels pour la société d'aujourd'hui et de demain. Certains, comme Julien Neutres, ont des réseaux multiples. Après une première carrière dans l'entreprise et la recherche, il est ainsi passé par l'Ena - « seule solution, à l'époque, et malgré la déconnexion avec le terrain et le fait que rien n'a bougé depuis des décennies, pour apprendre à faire de la politique », dit-il - puis par l'administration avant de devenir entrepreneur. Dès l'Ena, d'ailleurs, il rêvait d'une autre école. « Et d'un compagnonnage citoyen », dit-il. Au Collège citoyen de France, on apprend les fondamentaux, sur le droit et les finances publiques, le fonctionnement des institutions, la façon de mener une campagne électorale, de prendre la parole en public, de débattre... Les intervenants - personnel politique, hauts fonctionnaires, entrepreneurs, acteurs et actrices de terrain - guident les promotions, de 50 personnes par an, dans leur apprentissage et leur démarche. « L'idée est aussi bien un renouvellement des acteurs en matière de politiques publiques qu'une volonté de sortir par le haut de la situation actuelle de blocage voire de défiance, avec une nouvelle philosophie et une nouvelle construction de ces politiques. Bref, que chacun se positionne en tant que citoyen politique et joue collectif », résume Farida Cagniard. Et si « la majorité des membres des trois promotions déjà formés cherchent à avoir un mandat politique, ou en ont déjà obtenu un, précise Julien Neutres, les autres veulent, par d'autres biais, eux aussi peser sur les politiques publiques. »

Success stories

Les premières success stories apportent l'espoir. Celle de Nora Viviani, par exemple, infirmière au Centre Hospitalier George-Sand, à Bourges, et créatrice de salles de soins au sein de divers hôpitaux pour les soignants eux-mêmes. Dans le sillage de sa formation au Collège, dans la première promo, elle est devenue députée suppléante à l'Assemblée nationale. Celle de Dylan Ayissi, 21 ans, en formation actuellement, fondateur-président d'Une voie pour tous, qui vise à lancer une réforme de la voie professionnelle et des orientations subies, notamment en lycées professionnels, de certains élèves. Celle d'Amélie de Sousa, inlassable militante associative et sous-préfète, depuis 2021, de Mauriac (Cantal), qui veut, par son engagement et ses contacts avec de nouveaux acteurs, contribuer à un projet européen, tant en matière de politique agricole et migratoire que de lutte contre la pauvreté.

Il faut désormais - et c'est bien le but du Collège - former toujours davantage d'acteurs prêts à s'engager, afin d'atteindre une « masse critique » capable d'infléchir pour de bon les politiques publiques.

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T15

Commentaire 1
à écrit le 09/07/2023 à 7:46
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Vu que ce sont les lobbys qui dirigent notre économie je ne vois pas l'intérêt tant que ceux qui en auront des intérêts diront "moi je veux ça comme ça et pas autrement". Neufs ou vieux les politiciens sont impuissants face à l'argent.

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