WikiLeaks : le lanceur d'alerte Julian Assange libéré après avoir passé 5 ans en prison

Le fondateur de Wikileaks a été exfiltré de sa prison anglaise, ce mardi, où il était détenu depuis 2019 en attendant son jugement. Julien Assange doit désormais rejoindre un tribunal fédéral américain dans le Pacifique où il doit plaider coupable à l'issue d'un accord qui lui permet de retrouver sa liberté.
(Photo d'archives).
(Photo d'archives). (Crédits : Peter Nicholls)

[Article publié le mardi 25 juin 2024 à 11h20 et mis à jour à 14h48] Après cinq années en détention provisoire, « Julian Assange est libre » et a quitté lundi le Royaume-Uni et la prison de haute-sécurité de Berlmarsh a affirmé WikiLeaks sur X, dans la nuit de lundi à mardi. Toujours selon le site, l'Australien de 52 ans a été libéré par la justice britannique à l'aéroport londonien de Stansted lundi après-midi, d'où il a embarqué à bord d'un avion et a quitté le Royaume-Uni. WikiLeaks a publié une vidéo montrant notamment Julian Assange marcher, libre, sur le tarmac pour embarquer à bord d'un avion.

« Julian est libre!!! », a exulté son épouse Stella Assange, estimant que « les mots ne suffisent pas à exprimer notre immense gratitude » envers ceux qui se sont mobilisés « depuis des années » pour que sa libération devienne « réalité ». « Après plus de cinq ans dans une cellule de deux mètres sur trois, isolé 23 heures par jour, il sera bientôt réuni avec son épouse Stella et leurs deux enfants, qui n'ont connu leur père que derrière les barreaux », a en outre souligné WikiLeaks.

« Alors qu'il rentre en Australie, nous remercions tous ceux qui nous ont soutenus, qui se sont battus pour nous et qui sont restés totalement engagés dans la lutte pour sa liberté », a ajouté le site, concluant : « La liberté de Julian est notre liberté ».

Elle a aussi lancé un appel aux dons pour payer les 520.000 dollars (485.000 euros) que son époux doit rembourser au gouvernement australien pour l'affrètement de l'avion qui doit l'emmener en Australie. Il n'a « pas été autorisé à emprunter un vol commercial », a-t-elle indiqué sur X (ex-Twitter).

Elle a aussi appelé les partisans du lanceur d'alerte à surveiller le vol sur les sites spécialisés et suivre le hashtag « AssangeJet », écrivant : « Nous avons besoin de tous les regards sur ce vol, au cas où quelque chose tourne mal ».

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a salué la fin de la détention de Julian Assange. « Nous saluons la libération de Julian Assange (...) au Royaume-Uni et les avancées significatives vers un règlement définitif de cette affaire, sans nouvelle détention », a indiqué à l'AFP Elizabeth Throssel, une porte-parole du Haut-Commissariat.

Lire aussiMaître Antoine Vey : « Julian Assange est une cause littéraire »

Selon la porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Mao Ning, WikiLeaks a « permis à la communauté internationale de comprendre davantage de faits et de vérités ».

Le fruit d'un accord

Poursuivi pour avoir exposé au grand jour des centaines de milliers de documents confidentiels, Julian Assange doit désormais comparaître mercredi à 9 heures locales (1 heure, heure de Paris) devant un tribunal fédéral des îles Mariannes, territoire américain du Pacifique, selon des documents judiciaires rendus publics dans la nuit de lundi à mardi.

Poursuivi pour « complot pour obtenir et divulguer des informations relevant de la défense nationale », Julian Assange qui aurait signé un accord avec la justice devrait plaider coupable de ce seul chef, selon les documents judiciaires rendus publics. Ces documents citent également sa complice, la militaire américaine Chelsea Manning, à l'origine de cette fuite massive.

Cet accord met un terme à une saga de près de 14 ans. Il est intervenu alors que la justice britannique devait examiner, les 9 et 10 juillet, un recours de Julian Assange contre son extradition vers les Etats-Unis, approuvée par le gouvernement du Royaume-Uni en juin 2022.

Une forte pression médiatique et politique

WikiLeaks s'est félicité de ce résultat, issu d'une « campagne mondiale » qui a rassemblé militants, « législateurs et dirigeants » de tous bords politiques, « jusqu'aux Nations unies ». Tout ceci a permis de créer « l'espace pour une longue période de négociations avec le département américain de la Justice, menant à un accord qui n'a pas encore été formellement finalisé », selon WikiLeaks.

« WikiLeaks a publié des informations inédites sur la corruption des gouvernements et les violations des droits humains, obligeant les puissants à rendre compte de leurs actes », a poursuivi WikiLeaks, « en tant que rédacteur en chef, Julian a payé sévèrement pour ces principes et pour le droit du peuple de savoir ».

 « Je suis reconnaissante que le calvaire de mon fils touche enfin à sa fin. Cela montre l'importance et le pouvoir de la diplomatie discrète », a déclaré sa mère, Christine Assange, dans un communiqué diffusé par les médias australiens. « Beaucoup se sont servis de la situation de mon fils pour promouvoir leur propre cause. Je suis donc reconnaissante envers les personnes invisibles et travailleuses qui ont fait passer le bien-être de Julian en premier », a-t-elle ajouté.

Le gouvernement australien a également commenté ce dénouement en estimant que l'affaire Assange avait « traîné en longueur depuis trop longtemps » et que son maintien en détention ne présentait plus aucun intérêt. Emma Shortis, une chercheuse du groupe de réflexion The Australia Institute, a déclaré à l'AFP que Canberra et Washington « reconnaissaient que cela devait cesser ». « Il était tout simplement impossible que cela ne devienne pas un problème pour l'alliance » américano-australienne, a-t-elle ajouté.

Des exactions de l'armée américaine rendues publiques

A l'origine de l'affaire Assange : la publication à partir de 2010 plus de 700.000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Parmi ces documents, figure une vidéo montrant des civils, dont deux journalistes de l'agence Reuters, tués par les tirs d'un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007.

Visé par 18 chefs d'accusation, Julian Assange encourait en théorie jusqu'à 175 ans de prison en vertu de la loi sur l'espionnage. Le fondateur de WikiLeaks avait été arrêté par la police britannique en avril 2019, après sept ans passés dans l'ambassade d'Equateur à Londres pour éviter son extradition vers la Suède dans une enquête pour viol, classée sans suite la même année. Depuis, les appels se sont multipliés pour que l'actuel président américain Joe Biden abandonne les charges retenues contre lui.

L'Australie a présenté une demande officielle en ce sens en février que Joe Biden a dit examiner, suscitant l'espoir chez ses soutiens. Dernier rebondissement avant l'accord, deux juges britanniques avaient accordé en mai à Julian Assange le droit de faire appel contre son extradition. Cet appel devait notamment porter sur la question de savoir s'il bénéficierait de la protection de la liberté d'expression en tant qu'étranger dans le système juridique américain.

A noter, Chelsea Manning avait pour sa part été condamnée en août 2013 à 35 ans de prison par une cour martiale. Elle avait toutefois été libérée au bout de sept ans après commutation de sa peine par le président Barack Obama.

Commentaires 8
à écrit le 25/06/2024 à 15:24
Signaler
Il s’était cru malin en mettant sur la place publique des choses qui ne devaient pas y être et il a du très vite se mettre en sécurité dans une ambassade complaisante….. comme quoi la prise de ce genre de risques n’est pas toujours récompensée et c’...

le 25/06/2024 à 16:02
Signaler
D'après vous, tous les journalistes ou lanceurs d'alertes qui font leur métier, parfois au péril de leur vie, et révèlent les turpitudes des puissants ou des Etats jouent aux petits malins ???

à écrit le 25/06/2024 à 14:48
Signaler
Enfin une nouvelle qui nous réjouit ! Une rare victoire des défenseurs de la liberté et du journalisme, mais elle ne fait même pas (ou quasiment pas) la une des journaux français. Il faudrait beaucoup de mobilisation citoyenne et d'argent pour sou...

à écrit le 25/06/2024 à 12:38
Signaler
Enfin! L'une des plus grandes injustices de ce temps enfin presque corrigée.

à écrit le 25/06/2024 à 12:19
Signaler
Voilà que le mainstream se reveille s'étant endormi avec la honte !

à écrit le 25/06/2024 à 12:18
Signaler
Voilà que le mainstream se reveille s'étant endormie avec la honte !

à écrit le 25/06/2024 à 11:52
Signaler
🕊️ « Julian Assange est libre » 🙂.......grâce au soutien indéfectible des journalistes français 🤥...MAIS NON BIEN SÛR ‼️ Ils l'ont lâché dès que le filon Wikileaks s'est tari 💰🤑....Il n'y a qu'en Russie qu'il y a des prisonniers politiques...et pas d...

à écrit le 25/06/2024 à 11:29
Signaler
Internet est un gigantesque wikileaks, continuer de s'acharner sur les lanceurs d'alerte pionniers en la matière n'a plus grand intérêt, est d'abord et avant tout grotesque.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.