L'Europe a fait la promesse de vacciner « 70% des adultes d'ici la fin de l'été ». Résultat, pour tenir cette cadence, tant sur ses commandes auprès des laboratoires que sur l'acheminement, l'Union européenne se retrouve sous pression. Face aux retards de livraison à l'image de l'AstraZeneca, la voilà contrainte cette semaine de durcir ses conditions d'exportations de vaccins fabriqués sur son sol, en dépit des partenariats qu'elle a noué. Ce mercredi 24 mars, la Commission européenne doit adopter un durcissement des contrôles.
« Certains pays bloquent les exportations de doses vers l'UE "soit par la loi, soit par des arrangements contractuels ou autres, conclus avec des fabricants de vaccins », affirme le document européen consulté par l'AFP. Le mesure cible implicitement le Royaume-Uni, déjà producteur de l'AstraZeneca.
L'UE a exporté quelque 10 millions de doses, tous vaccins confondus, vers le Royaume-Uni entre le 1er février et mi-mars, mais à l'inverse, elle n'a reçu aucune dose produite sur le sol britannique - alors que le contrat signé par AstraZeneca prévoyait la livraison de doses produites dans deux usines au Royaume-Uni.
La France encore plus attentive à l'accélération européenne
Résultat, cette pression mise au niveau européen se répercute sur les États membres. La vaccination devient « une priorité nationale », tels sont les mots utilisés mardi par Emmanuel Macron pour accélérer la campagne en France. L'enjeu est d'autant plus important que l'Hexagone accuse d'un retard par rapport à ses principaux voisins européens.
Au 17 mars, 11,63% des Français avaient reçu au moins une dose contre 11,97% en Italie, 12,04% en Allemagne et 12,53% en Espagne. De même, la Grèce et le Portugal devancent à date l'Hexagone, avec respectivement 12,91% et 11,78% au 17 mars.
Seul voisin encore plus en retard, la Belgique comptait 11,25% de sa population ayant reçu au moins une injection, selon les données collectées par le site Our World in Data. Maigre consolation, les écarts au sein de l'Union européenne restent minimes.
Pour tenter d'accélérer, le président français donc demandé d'augmenter la cadence sur les injections, en élargissant la cible à tous les plus de 70 ans à partir de samedi 27mars, et en avril aux enseignants. Le gouvernement promet ensuite trente-cinq « vaccinodromes » et de grands centres permettant de vacciner massivement « dans les prochains jours.»
Au Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d'Europe, 40% de la population avait déjà reçu une première dose le 17 mars, et 44,6% le 21 mars contre 13,10% au sein de l'Union européenne. Mieux, l'Etat annonçait mardi un nombre de décès au plus bas depuis six mois.
Reste que le vaccin AstraZeneca, suspendu temporairement n'est pas complètement tiré d'affaires. Le laboratoire suédo-britannique a pu utiliser des données "obsolètes" lors de ses essais cliniques aux Etats-Unis risque de remuer encore davantage le couteau dans la plaie. A cela vient s'ajouter l'enquête qui a été ouverte afin de déterminer les causes de la mort le 18 mars d'un étudiant en médecine à Nantes, plusieurs jours après avoir été vacciné contre le Covid-19 avec le vaccin AstraZeneca, selon les informations de l'Agence régionale de Santé (ARS) des Pays de la Loire mardi.
(Avec AFP)