![Le ministère taïwanais de la Défense a annoncé vendredi avoir détecté 26 avions et cinq navires chinois autour de l'île au cours des dernières 24 heures.](https://static.latribune.fr/full_width/2240168/taiwan.jpg)
La pression autour de Taïwan continue de s'intensifier. Le ministère taïwanais de la Défense a annoncé vendredi avoir détecté 26 avions et cinq navires chinois autour de l'île au cours des dernières 24 heures. Parmi eux, dix-sept appareils ont « franchi la ligne médiane (du détroit de Taïwan) et pénétré dans (...) la zone d'identification de la défense aérienne de Taïwan », précise un communiqué du ministère.
Pour rappel, la ligne médiane coupe en deux le détroit de Taïwan, une étroite voie maritime de 180 kilomètres séparant l'île autonome de la Chine continentale. Mais Pékin, qui ne reconnaît pas cette ligne, revendique Taïwan comme faisant partie de son territoire et n'a jamais renoncé à recourir à la force pour en reprendre le contrôle.
Des élections sous tension
Ces sorties ont commencé à avoir lieu quelques semaines avant l'investiture, le 20 mai, du nouveau président de Taïwan, Lai Ching-te, que la Chine considère comme étant un dangereux séparatiste. Les survols d'avions militaires et la présence de navires chinois se sont même gravement intensifiés depuis. Outre les avions, Taïwan fait également face aux ballons chinois. Le 11 février, le ministère taïwanais de la Défense avait affirmé avoir détecté huit ballons autour de l'Etat insulaire pour la deuxième journée consécutive, dont cinq ayant survolé directement l'île.
Il faut dire que les relations entre Pékin et Taipei se sont déjà tendues sous la présidence de Tsai Ing-wen, élue en 2016, car elle et son gouvernement ont rejeté les revendications de la Chine sur l'île. Le nouveau président élu, Lai Ching-te, issu comme Tsai Ing-wen du Parti démocrate progressiste (DPP), a remporté les élections présidentielles de janvier en dépit des mises en garde de Pékin selon lesquelles il entraînerait « la guerre et le déclin » de l'île.
De quoi déplaire encore davantage à Pékin, Taipei a renforcé ses liens économiques et politiques avec Washington des dernières années, son principal partenaire et fournisseur d'armes. L'île va ainsi recevoir une enveloppe d'assistance militaire de 8 milliards de dollars pour l'île, récemment adoptée par le Congrès. Lai Ching-te, qui doit prendre ses fonctions le 20 mai, a déclaré que cette aide « renforcera(it) la dissuasion contre l'autoritarisme » et « préservera(it) la paix ».
Une aide militaire renforcée ne peut pas « sauver le destin funeste de l'indépendance de Taïwan », a cependant prévenu de son côté le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Wang Wenbin.
Imbroglio avec les Philippines
La pression s'intensifie en mer de Chine méridionale où Pékin revendique la souveraineté sur la quasi-totalité de la zone - un important carrefour de routes maritimes commerciales -, au grand dam de plusieurs pays riverains.
Ces vols interviennent ainsi au lendemain de la convocation par Manille d'un haut représentant chinois pour protester suite à un accrochage qui a endommagé deux navires philippins lors d'une patrouille en mer de Chine méridionale. Pour rappel, selon le ministère philippin des Affaires étrangères, les garde-côtes chinois ont tiré au canon à eau le 30 avril sur deux de ses navires, et bloqué l'accès à un récif disputé dans la région. Pékin a de son côté confirmé avoir « repoussé » les bateaux philippins.
Ce nouvel accrochage est intervenu alors que soldats philippins et américains mènent jusqu'au 10 mai des exercices militaires conjoints, avec pour la première fois une participation française, dans ce contexte d'affirmation croissante de Pékin dans la région. Ils prévoient notamment une simulation de reprise d'une île par la force dans la province de Palawan, proche des îles Spratleys que se disputent Pékin et Manille.
Le ministre néo-zélandais des Affaires étrangères a dénoncé vendredi la volonté de la Chine d'accroître sa présence sécuritaire dans les îles du Pacifique, mettant en garde contre des actions susceptibles de « déstabiliser » ou d'affaiblir la sécurité régionale. « La Chine est présente depuis longtemps dans le Pacifique, mais nous sommes sérieusement inquiets de son engagement accru dans les secteurs de la sécurité du Pacifique », a déclaré Winston Peters dans un discours sur les relations avec la Chine, qui constitue une rare critique envers le principal partenaire commercial de la Nouvelle-Zélande. La Chine a incité une série d'Etats insulaires du Pacifique à passer de la reconnaissance diplomatique de Taïwan à celle de Pékin et a conclu un pacte de sécurité, tenu secret, avec les Îles Salomon en 2022. Et les navires de police, de recherche et militaires chinois sont de plus en plus présents dans la région, suscitant une lutte d'influence avec les Etats-Unis et des inquiétudes quant au fait que la zone Asie-Pacifique, déchirée par la violence pendant la Seconde Guerre mondiale, devienne à nouveau le théâtre d'une bataille entre grandes puissances.La Nouvelle-Zélande « sérieusement inquiète » des agissements croissants de la Chine dans le Pacifique
(Avec AFP)