Rachat de US Steel : le japonais Nippon Steel embauche un ancien secrétaire d'Etat de Trump pour convaincre le gouvernement

Pour plaider sa cause aux Etats-Unis, suite à l'ouverture d'une enquête sur son projet de rachat de l'aciériste américain US Steel, le Japonais Nippon Steel a embauché l'ancien secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo. Pourtant, plus tôt, Donald Trump a promis qu'il bloquerait le rachat s'il était réélu.
L'ancien secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, va plaider la cause de Nippon Steel.
L'ancien secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, va plaider la cause de Nippon Steel. (Crédits : POOL New)

Le rachat d'US Steel par Nippon Steel est plus politique que jamais aux Etats-unis. Et pour cause, le groupe sidérurgique japonais a embauché l'ancien secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo pour plaider sa cause dans son projet de rachat de son concurrent américain, écrit samedi l'agence de presse Kyodo.

Selon Kyodo, le groupe japonais considère que Mike Pompeo est « respecté par les deux » camps démocrate et républicain, et a « une vision inégalée des défis géopolitiques et de sécurité aux Etats-Unis ».

Nippon Steel chercherait donc à capitaliser sur l'aura de l'ancien membre du gouvernement de Donald Trump pour convaincre le conseil d'administration d'US Steel. Le groupe japonais n'a pas pu être contacté dans l'immédiat pour confirmer cette information.

Pour rappel, US Steel a accepté en décembre de se vendre pour 14,9 milliards de dollars au sidérurgiste japonais. L'opération a été approuvée par les deux conseils d'administration mais elle suscite aux Etats-Unis de fortes oppositions concernant la sécurité nationale et le maintien des sites industriels. Malgré la promesse de nouveaux investissements, l'inquiétude est particulièrement forte en Pennsylvanie (nord-est), Etat où se trouve le siège d'US Steel et qui sera décisif lors de l'élection présidentielle en novembre.

Lire aussiUS Steel : les actionnaires se moquent des inquiétudes de Joe Biden pour la sécurité nationale et votent pour le rachat par Nippon Steel

Une enquête des autorités américaines en cours

Nippon Steel s'est engagé à ne pas supprimer d'emplois et à ne pas fermer de sites d'US Steel avant septembre 2026. Mais le syndicat des métallurgistes USW s'inquiète malgré tout du rachat. « Nous ne sommes pas surpris que les actionnaires aient décidé d'empocher de l'argent et de brader les employés et les retraités de cette société américaine emblématique», a-t-il réagi dans un communiqué.

Une enquête est donc en cours par l'agence gouvernementale américaine chargée d'évaluer le risque des investissements étrangers, le CFIUS, auquel les deux groupes ont soumis leur projet de rapprochement. Si le CFIUS considère qu'il existe un risque, il en réfère au président des Etats-Unis, qui prend la décision finale (validation, interdiction ou feu vert sous conditions).

Fin janvier, La Global Business Alliance (GBA), un groupement de multinationales installées aux Etats-Unis, avait déclaré que ce rachat devrait être observé uniquement via « les faits pour identifier et réduire de potentiels risques à la sécurité nationale », sans considérations politiques. Rappelant que « les entreprises internationales ont créé plus d'un demi-million d'emplois industriels sur les cinq dernières années alors que le nombre d'emplois des entreprises américaines du secteur est resté stable », la GBA appelle au respect « des principes éprouvés du Comité américain sur l'investissement étranger (CFIUS) » qu'elle estimait menacés par certains élus demandant d'ignorer » les règles existantes. Un message adressé aux deux candidats à la Maison blanche.

Trump a promis de bloquer ce rachat s'il devenait président

Car le rachat de l'aciériste américain par son concurrent japonais est devenu un enjeu de la campagne présidentielle. Le président Joe Biden, en campagne pour un second mandat, s'y oppose au nom de la défense des « travailleurs » américains.

Fin décembre, estimant l'achat de cette entreprise américaine emblématique par une entité étrangère - même celle d'un allié proche-, Joe Biden avait appelé à « un examen approfondi » en termes de sécurité nationale et de fiabilité de la chaîne d'approvisionnement. En mars, le président américain est revenu à la charge en déclarant qu'il s'opposait à ce rapprochement pour des questions de sécurité nationale. Pour lui, il est « vital » que le sidérurgiste US Steel, créé en 1901 « reste une société américaine, contrôlée et gérée depuis les Etats-Unis ». « Il est important que nous maintenions des entreprises sidérurgiques américaines solides, opérées par des travailleurs américains. J'ai promis aux ouvriers de la sidérurgie américains que je les soutiendrais et je n'ai qu'une parole », a rappelé le président Biden.

Chose étrange dans la décision de Mike Pompeo - ancien bras droit de Donald Trump - de plaider la cause de Nippon Steel, le candidat Républicain a lui-même promis qu'il bloquerait ce rachat s'il retournait à la Maison Blanche.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 21/07/2024 à 7:17
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Stratégiquement bien joué, ils se connaissent bien américains et japonais.

à écrit le 20/07/2024 à 20:07
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"Rachat de US Steel : le japonais Nippon Steel embauche l'ancien secrétaire d'Etat de Trump pour convaincre le gouvernement" Manifestement à l'approche de l'alternance du pouvoir à la maison blanche, les yakuzas sont prêts à tout (cf. corruption...

à écrit le 20/07/2024 à 17:04
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Trump promet beaucoup...Trop?

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