Pour le FMI, la bataille contre l'inflation n'est pas terminée

La directrice du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva a rappelé, lundi soir, que le ralentissement de l'inflation ne signifie pas que la situation est durable. Elle a notamment mis en garde contre le problème d'une croissance mondiale faible et des divergences entre les économies avancées.
Mi-avril, le FMI a légèrement revu à la hausse sa prévision de croissance pour 2024, l'estimant à 3,2% (contre 3,1% attendu précédemment).
Mi-avril, le FMI a légèrement revu à la hausse sa prévision de croissance pour 2024, l'estimant à 3,2% (contre 3,1% attendu précédemment). (Crédits : Yuri Gripas)

La directrice du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva reste prudente pour l'économie mondiale malgré l'espoir d'un atterrissage en douceur, a-t-elle affirmé lors d'une conférence lundi à Zurich.

« L'inflation est sur le déclin » et de nombreuses banques centrales « sont en train de faire des plans pour réduire leurs taux d'intérêts (ou) ont commencé à les réduire », a-t-elle expliqué lors d'une conférence aux côtés de Thomas Jordan, président de la Banque nationale suisse (BNS) qui a abaissé son taux d'intérêt de référence d'un quart de point mi-mars.

Et on entend le terme « atterrissage en douceur » resurgir, ce qui est « le dénouement probable cette année », a-t-elle poursuivi. « Mais accrochez vos ceintures car nous n'avons pas encore tout à fait atterri », a-t-elle ajouté.

« L'inflation est en baisse mais elle n'est pas éliminée », a-t-elle argumenté lors de cette conférence organisée par l'Institut suisse de recherches internationales à l'Université de Zurich.

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Une croissance économique européenne en berne

Le monde doit surtout faire attention à une autre donnée économique selon le FMI : la croissance.

L'activité économique se situe, en effet, à un niveau historiquement bas. Mi-avril, le FMI a légèrement revu à la hausse sa prévision de croissance pour 2024, l'estimant à 3,2% (contre 3,1% attendu précédemment). L'institution basée à Washington a notamment relevé sa prévision de croissance pour les Etats-Unis, mais a mis en lumière des divergences dans la croissance des économies avancées.

Un point de vue partagé par l'OCDE qui entrevoit notamment une croissance de 3,1% dans le monde cette année et de 3,2% l'an prochain. Selon cette institution économique basée à Paris, « les États-Unis et un certain nombre de grands marchés émergents continuent d'afficher une forte croissance, contrairement aux économies européennes », confrontées à une activité plus atone.

Les Etats-Unis ont présenté une insolente bonne santé économique l'an dernier avec 2,5% de croissance grâce à une solide consommation, même si celle-ci a ralenti plus que prévu au premier trimestre. Egalement dynamique, l'Inde devrait afficher 6,6% de croissance cette année et le Brésil 1,9%. En face, la zone euro est enlisée dans une stagnation depuis un an et demi et est tout juste sortie de récession au premier trimestre.

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Mais en dehors du problème des croissances divergentes, l'économie mondiale pourrait être confrontée à de profonds changements avec l'intelligence artificielle, a également souligné Kristalina Georgieva, lundi. L'IA risque de heurter le marché du travail « comme un tsunami », avec « très peu de temps » pour préparer les travailleurs et les entreprises à ce changement, a-t-elle prévenu.

La Banque centrale européenne en route vers la baisse des taux

Faisant globalement le même constat que le FMI, la Banque centrale européenne a annoncé, le 10 mai qu'« il a été considéré comme plausible que le Conseil des gouverneurs », l'instance qui décide du cap de la politique monétaire au sein de la BCE, « soit en mesure de commencer à assouplir » ses taux actuellement à leur plus haut « lors de la réunion de juin », énonce le compte-rendu d'une réunion.

Ceci, à la condition que la batterie d'indicateurs supplémentaires dévoilés d'ici là confirment « les perspectives d'inflation à moyen terme », qui voient la progression de l'indice revenir à 2% en 2025, après 2,3% en 2024, selon les projections de l'institution monétaire en mars dernier.

En avril déjà, sa présidente, Christine Lagarde avait, en effet, annoncé pour la première fois lors d'une conférence post-réunion que « si l'évaluation actualisée par le Conseil des gouverneurs (...) devait renforcer encore sa confiance dans la convergence durable de l'inflation vers l'objectif, il serait approprié de réduire le niveau actuel de restriction de la politique monétaire. » Alors qu'elle estimait encore, lors de sa conférence de début mars, que « nous progressons bien vers notre objectif d'inflation », mais « nous ne sommes pas suffisamment confiants » quant au fait d'atteindre la cible à terme, la banquière centrale avait reconnu le 20 mars ne pas pouvoir attendre « de disposer de toutes les informations pertinentes ». « En agissant ainsi, nous risquerions d'ajuster notre politique trop tardivement », avait-elle ajouté.

Et pour cause, la croissance du PIB (produit intérieur brut), elle, devrait, selon la banque centrale, atteindre 0,6% en 2024. A titre de comparaison, la croissance américaine devrait se maintenir à 2,1% en 2024 selon la Réserve fédérale américaine. « L'économie demeure fragile », a donc conclu Christine Lagarde, lors de sa dernière conférence.

Le FMI critiqué pour la pression qu'il exerce sur les pays du Sud

Le directrice du FMI a été interrompue à cinq reprises, lundi, par des activistes venus protester contre la dette des pays pauvres et le changement climatique. Alors que Kristalina Georgieva présentait son analyse de la conjoncture économique, une jeune femme s'est levée et l'a interpellée sur les inégalités Nord-Sud. Quelques minutes après avoir repris la parole, d'autres activistes l'ont tour à tour interrompue avant qu'un petit groupe de cinq personnes ne se lève avec une banderole pour demander l'annulation de la dette des pays pauvres. Ils sont ensuite sortis sans incidents.

A l'origine de ces protestations, un rapport publié en avril par l'ONG Oxfam qui indique que 64 des 106 pays actuellement aidés par les institutions financières internationales (IFI) ont vu leurs inégalités augmenter sensiblement, étant même particulièrement élevées dans une quarantaine d'entre eux, dont le Ghana, le Honduras ou le Mozambique. « Le FMI et la BM présentent la lutte contre les inégalités comme une priorité mais soutiennent dans le même temps des politiques qui l'augmentent. Les gens ordinaires souffrent toujours plus du fait des coupes budgétaires dans la santé, l'éducation ou les transports. Ce haut niveau d'hypocrisie doit cesser », avait déclaré dans un communiqué la responsable d'Oxfam à Washington, Kate Donald.

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 15/05/2024 à 8:20
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"FMI, les trois lettres les plus détestées du monde" Monde diplomatique.

à écrit le 14/05/2024 à 17:36
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Le discours du FMI se limite à des considérations de conjoncture économique, à l’usage des seuls marchés financiers (du genre: soyez patients, on ne vous a pas oubliés, mais pas tout de suite). Il n’est pas impossible qu’on ait droit dans les mois qu...

à écrit le 14/05/2024 à 16:23
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Si n'y a que « très peu de temps » pour préparer les travailleurs et les entreprises au changement [dû à l'IA], alors il faut ralentir voire stopper l'IA. De toute évidence, ce ne seront pas les laissés pour compte de l'IA (les travailleurs évincés a...

à écrit le 14/05/2024 à 16:20
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Si n'y a que « très peu de temps » pour préparer les travailleurs et les entreprises au changement [dû à l'IA], alors il faut ralentir voire stopper l'IA. De toute évidence, ce ne seront pas les laissés pour compte de l'IA (les travailleurs évincés a...

à écrit le 14/05/2024 à 12:12
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Croissance insolente aux USA, mais quasi stagnation au sein de la zone euro. L'UE est depuis l'euro une zone de croissance faible dont le principal bénéficiaire a été l'Allemagne. Avec un gaz liquéfié américain à 5 fois le prix du gaz russe et une c...

le 14/05/2024 à 14:42
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croire a une deflation est du en meme temps une idiotie viscéral pas un Lapsus alors il faut interdire la speculation, la bourse, transformer les trader en cantonier

à écrit le 14/05/2024 à 8:10
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Bon ils vont obéir ou quoi ceux là !? Et ça tergiverse et ça chipote... et les paradis fiscaux ils se remplissent comment alors hein pendant ce temps ? Ah la la ils n'ont vraiment pas le sens des priorités, faut les changer ! Ben ça tombe bien... ^^

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