![Les cours du pétrole sont à nouveau à la hausse.](https://static.latribune.fr/full_width/1850975/petrole.jpg)
La forte volatilité des cours du pétrole se poursuit. Alors que la stratégie de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), enjoignant 19 pays à puiser massivement dans leurs stocks pour alimenter le marché pour faire baisser les prix et remplacer le brut russe, a fait effet quelques jours avant de se dissiper. Les cours sont repartis à la hausse ce vendredi sur les différents marchés, avec une accélération en fin de séance. En Europe, le prix du baril de Brent est monté de 2.2 % pour finir à 102.8 dollars, tandis qu'aux Etats-Unis, le baril de West Texas Intermediate (WTI) a clôturé à 98.3 dollars après une hausse de 2.3 %. Le répit aura donc été de courte durée, même si la variation sur la semaine reste tout de même significative avec une baisse de plus de 5 % du Brent comme du WTI.
Comme le rapporte l'AFP, des effets de spéculations expliquent ce rebond juste avant le week-end. Le consultant Andy Lipow, du cabinet Lipow Oil Associates, mentionne un retournement d'opérateurs qui pariaient à la baisse sur les cours avant d'effectuer des achats de couverture face "à la montée de la violence" en Ukraine et le risque d'un nouvel événement qui pourrait faire brusquement remonter les prix à la reprise de la cotation, dimanche soir. Le risque d'une reprise de l'offensive russe dans l'Est de l'Ukraine est ainsi évoqué.
Dans l'attente d'une réaction européenne
Le marché réagit aussi à la volonté au sein de l'Union européenne de réduire les importations de pétrole, charbon, combustibles nucléaires et gaz en provenance de Russie. Si le Parlement européen a réclamé la mise en place d'un embargo "total et immédiat" sur toutes ces matières jeudi, les 27 Etats-membres n'ont réussi à s'accorder que sur le charbon, avec un arrêt prévu début août.
Malgré ces divergences entre Etats, "le marché anticipe toujours que l'Union européenne réduise ses importations (de pétrole) d'une manière ou d'une autre" déclare également Andy Lipow. Il estime que, même si les 27 n'arrivent pas à prendre une décision commune, certains d'entre eux pourraient suspendre leurs importations unilatéralement. Dès lors, le marché "cherche des alternatives au pétrole russe".
Une flambée des cours s'était déjà produite après l'embargo américain sur les exportations de pétrole russe. D'où les initiatives de l'AIE pour juguler l'inflation.
Des volumes somme toute modestes
La stratégie de l'AIE a été annoncée le 1er avril avant d'être détaillée jeudi soir. Elle consiste à injecter sur le marché 120 millions de barils puisés dans les stocks de 19 pays. Les Etats-Unis fourniront la moitié de ce volume, suivis par le Japon (15 millions), la Corée du Sud (7,5 millions), l'Allemagne (6,5 millions), la France (6 millions), l'Italie (5 millions), le Royaume Uni (4,4 millions de barils), l'Espagne (4 millions). La part des Etats-Unis proviendra des 180 millions de barils déjà annoncés par le président américain Joe Biden le mois dernier. Cela revient à un total de 240 millions de barils.
Si les chiffres semblent impressionnants, ce volume reste toutefois modeste à l'échelle des besoins de la planète. 240 millions de barils représentent 2,4 jours de consommation mondiale de pétrole en 2022, et 5,2 jours de consommation des pays membres de l'OCDE.