Netanyahou, un encombrant visiteur à Washington

Le Premier ministre israélien arrive demain pour trois jours aux États-Unis. Un bien mauvais timing pour le camp démocrate, toujours divisé sur la question de la guerre à Gaza.
Benyamin Netanyahou, premier ministre israélien.
Benyamin Netanyahou, premier ministre israélien. (Crédits : © LTD / Gabriela ORAA / AFP)

Il ne manquait plus que lui. Alors que le camp démocrate se déchire toujours sur le cas Biden, il devrait, dans les jours qui viennent, trouver un nouveau sujet de discorde : la visite de trois jours à Washington de Benyamin Netanyahou.

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Ce soir, le Premier ministre israélien devrait embarquer à bord de son nouvel avion, Aile de Sion, pour s'entretenir dès son arrivée demain matin avec le président américain, si celui-ci s'est remis du Covid. Une rencontre avec la vice-présidente, Kamala Harris, est également au programme.

Cette venue, qui répond à une invitation des républicains du Congrès, a tout du cadeau empoisonné pour le dirigeant américain, tant la réponse israélienne aux massacres du 7 octobre clive les États-Unis en général, et son parti en particulier. Un sondage Gallup publié le mois dernier indiquait que seulement 23 % des électeurs démocrates soutenaient les opérations de Tsahal à Gaza. Dans cette même enquête, ils n'étaient que 12 % à avoir une opinion favorable du leader israélien.

Quel accueil lui réservera Joe Biden qui, en privé, n'hésite pas à dire tout le mal qu'il pense de son visiteur ? Les relations entre les deux hommes ont connu un nouveau coup de froid le mois dernier, quand le chef de gouvernement israélien avait, dans une vidéo, reproché à l'administration américaine de retenir ses livraisons d'armes vers l'État hébreu. La Maison-Blanche avait réagi en exprimant sa« profonde déception ». Demain, le dirigeant américain ne pourra se montrer trop chaleureux avec lui sous peine de révolter une partie de ses troupes, ni trop distant en vertu du soutien américain à Israël. Quoi qu'il arrive, il aura, avec ce rendez-vous, beaucoup à perdre et peu à gagner.

Mais les secousses engendrées par cette visite ne devraient pas se limiter à la seule Maison-Blanche puisqu'il est prévu que Bibi prononce mercredi un discours devant le Congrès, le quatrième de son histoire personnelle. Une partie des élus démocrates a d'ores et déjà prévenu qu'elle boycotterait l'allocution. « Cette prise de parole va accentuer les divisions entre les congressmen farou- chement anti-Netanyahou et ceux qui soutiennent Israël et expriment, avec beaucoup moins de virulence, leur désaccord avec la politique menée par l'État hébreu », prévient le politologue Jonathan Rynhold. Aux yeux de l'électeur américain, l'étalage de ces divergences risque d'accentuer l'impression de désordre qui règne au sein du parti de Joe Biden.

Une partie des élus démocrates a d'ores et déjà prévenu qu'elle boycotterait l'allocution de Bibi au Congrès

Conscient de l'actuelle faiblesse politique des démocrates, le leader israélien pourrait profiter de ce moment pour tourner la situation en sa faveur. Officiellement, il vient à Washington pour défendre la position israélienne de « guerre juste » à Gaza et remercier l'allié américain de son soutien. « Mais l'attitude des démocrates lui permettra de fustiger leur position anti-israélienne », reprend Jonathan Rynhold. « Bibi s'est toujours immiscé de manière compulsive dans la politique partisane américaine et ce voyage s'inscrit dans cette logique, ajoute le lobbyiste américain Douglas Bloomfield. Cette fois, il va essayer de pousser le thème évoqué lors de la convention du parti républicain : Biden est mauvais pour Israël et les Juifs. »

Ce déplacement pourrait-il permettre à Bibi de renouer avec Donald Trump ? Leurs liens se sont nettement distendus depuis qu'en 2020 l'Israélien avait commis le crime de féliciter Biden pour sa victoire à la présidentielle. Selon le journaliste israélien Barak Ravid, auteur de Trump's Peace, cela fait un moment que le clan Netanyahou tente une réconciliation. Ses collaborateurs auraient ainsi rencontré le candidat républicain à au moins quatre reprises au cours des trois dernières années. Pour autant, une entrevue entre les deux hommes la semaine prochaine n'est pas évoquée.

Quelles que soient les intentions du chef de gouvernement israélien, ce voyage semble revêtir pour lui une importance toute particulière. Jusqu'au dernier moment, l'opposition comme une partie des familles d'otages retenus à Gaza auront tenté de le dissuader de mettre le cap sur Washington avant la conclusion d'un accord avec le Hamas, alors qu'Antony Blinken, le secrétaire d'État américain, a affirmé vendredi que les négociations pour un cessez-le-feu à Gaza étaient « proches de la ligne d'arrivée ». Netanyahou ne leur a adressé qu'une fin de non-recevoir.

Commentaires 3
à écrit le 22/07/2024 à 7:51
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La venue de Netanyahou qui répond à une invitation du Congrès est une véritable ingérence dans la campagne. On peut se demander dans ces conditions si cette visite privée oblige le président à la recevoir, en particulier dans le contexte actuel.

à écrit le 21/07/2024 à 7:55
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Les démocrates ont de puissants vents contraires si en plus ils les invitent...

le 22/07/2024 à 7:20
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Tous les présidents américains et candidats aux élections américaines osnt pro-isréaliens, ce n'est pas une histoire de clan mais de mode de vie.

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