Mer Rouge : un navire commercial à nouveau cible d'une attaque

Un navire commercial a affirmé avoir été visé par un projectile au large du Yémen, ce jeudi, alors qu'il se dirigeait vers l'Arabie saoudite, selon la société de sécurité maritime britannique Ambrey. Si l'attaque n'a pas encore été revendiquée dans l'immédiat, elle pourrait avoir été orchestrée par les Houthis, des rebelles yéménites, qui les multiplient depuis des mois.
Les Houthis multiplient les attaques en mer Rouge depuis novembre 2023 (photo d'illustration).
Les Houthis multiplient les attaques en mer Rouge depuis novembre 2023 (photo d'illustration). (Crédits : KHALED ABDULLAH)

Nouvel incident en mer Rouge. Selon la société de sécurité maritime britannique Ambrey, « un navire marchand a signalé avoir été "touché" par un projectile à l'ouest de la ville portuaire de Hodeida ». Aucun blessé ou dégât n'ont été rapportés à ce stade, a-t-elle précisé. Le navire, en route pour la ville saoudienne de Dammam, naviguait « au sud de la mer Rouge lorsqu'il a lancé un appel de détresse », est-il indiqué.

Si l'attaque n'a, dans l'immédiat, pas été revendiquée, cette voie maritime est le théâtre depuis novembre d'attaques menées par les Houthis. Ces rebelles du Yémen, qui contrôlent de vastes pans dans ce pays, disent s'en prendre aux transporteurs desservant les ports israéliens, « en solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza, en proie à la guerre entre Israël et le Hamas. Ils sont en outre membres de « l'axe de la résistance », un regroupement de mouvements soutenus par l'Iran incluant aussi le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais.

Pas plus tard que dimanche, un navire marchand a été endommagé et son équipage légèrement blessé par une attaque de drone au large du Yémen lancée par les Houthis. Leur porte-parole militaire, Yahya Saree, a alors confirmé dans un communiqué que les forces rebelles avaient pris pour cible deux navires, l'un touché par « une frappe directe », l'autre « par un certain nombre de missiles de croisière ». Et vendredi dernier, des explosions ont été signalées près d'un navire à l'est de la ville portuaire yéménite d'Aden, selon l'agence britannique de sécurité maritime UKMTO. Des exemples parmi la liste non exhaustive d'incidents recensés ces derniers mois et causés par ces rebelles.

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Les États-Unis peinent à ramener l'ordre

Pour tenter de faire revenir le calme dans ces eaux entre l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, qui servent d'ordinaire à relier l'Europe et l'Asie par voie maritime, les États-Unis, premiers alliés d'Israël, ont mis en place en décembre une coalition multinationale pour « protéger » le trafic maritime. Depuis la mi-janvier, ils ont également mené plusieurs frappes contre les positions des rebelles, parfois avec l'aide du Royaume-Uni.

La semaine dernière, l'armée américaine a annoncé avoir frappé deux sites houthis au Yémen. À savoir un centre de commandement et une station de contrôle qui a été « détruite ». Elle abat aussi régulièrement des drones appartenant aux rebelles. Malgré cela, les forces américaines n'arrivent pas à faire cesser leurs attaques.

Conséquence directe de ce climat de tension dans cette région du globe : les coûts d'assurance ont grimpé en flèche pour les entreprises de transport qui continuent d'emprunter cette voie maritime. Beaucoup ont d'ailleurs opté pour un chemin plus long, d'environ deux semaines, mais offrant plus de sécurité. Leurs navires contournent ainsi l'Afrique par le Cap de Bonne-Espérance au sud du continent.

Le transport maritime de conteneurs par la mer Rouge a ainsi chuté de près de 30% sur un an, selon le Fonds monétaire international (FMI). Avant le conflit, entre 12% et 15% du trafic mondial transitait par cet axe, d'après l'Union européenne.

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Pression aussi à terre

Les Houthis exercent aussi leur pression à terre. Mi-juin, ils ont arrêté plus d'une douzaine de travailleurs humanitaires, dont des employés de l'ONU, les accusant de faire partie d'un « réseau d'espionnage américano-israélien ». Selon l'analyste Mohammed Albasha, du cabinet de conseil Navanti Group, ces accusations ne sont qu'un « prétexte ». L'objectif de ces arrestations est de contraindre « les organisations étrangères ou les membres de la communauté internationale qui cherchent à mener, financer ou mettre en œuvre des projets dans le pays » à traiter exclusivement avec les organes dirigés par les Houthis, a-t-il affirmé.

Les dirigeants de six agences des Nations unies et de trois ONG (Oxfam International, CARE et Save the Children International) ont appelé dans la foulée à la libération immédiate et inconditionnelle de leurs personnels. « Ces arrestations sont sans précédent, non seulement au Yémen mais dans le monde entier. Elles entravent directement notre capacité à aider les personnes les plus vulnérables au Yémen, notamment les 18,2 millions de personnes qui ont besoin d'aide humanitaire et de protection », ont-ils dénoncé. Le pays, en proie à la guerre depuis plusieurs années, connaît l'une des pires crises humanitaires au monde.

(Avec AFP)

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