Les riches sont de plus en plus riches et de plus en plus nombreux, selon une étude

Par latribune.fr  |   |  687  mots
L'Amérique du Nord a connu l'an dernier la plus forte progression en nombre de particuliers millionnaires avec une hausse de 7,1% ainsi qu'en fortune (+7,2%), devant l'Asie-Pacifique et l'Europe. (Crédits : Reuters)
Il n'y a jamais eu autant de riches dans le monde et leur fortune n'a jamais été aussi élevée, grâce à l'augmentation des cours boursiers, montre une étude internationale menée par le cabinet de conseil Capgemini publiée mercredi. De quoi relancer les débats autour de la taxation des plus riches.

L'argent appelle l'argent. Selon une étude de Capgemini, publiée ce mercredi, le nombre de personnes fortunées dans le monde, définies par le cabinet de conseil par les personnes dont l'argent disponible hors résidence principale dépasse le million de dollars, a augmenté sur un an de 5,1%, à 22,8 millions de personnes en 2023.

Le rapport « World Wealth Report »  démontre que la fortune des plus riches a elle aussi augmenté, avec un patrimoine total estimé de 86.800 milliards de dollars, soit une hausse de 4,7% par rapport à l'année précédente. En nombre de personnes concernées et en fortune, il s'agit de deux records depuis que Capgemini a commencé à publier cette étude annuelle en 1997.

Hausse des places boursières dans le monde

La progression de ces richesses a surtout été permise par la hausse des places boursières dans le monde : l'indice Nasdaq américain s'est envolé de 43% et le S&P 500 de 24% en 2023, pendant qu'à Paris l'indice CAC 40 a pris 16% et le DAX à Francfort 20%.

« Les actions ont bondi conjointement au marché de la tech, alimentées par l'enthousiasme pour l'IA générative et son impact potentiel sur l'économie », relève le cabinet dans l'étude qui a évalué 71 pays et utilise comme méthodologie un système de recensement statistique et une représentation graphique appelée la courbe de Lorenz. En 2022, les personnes les plus riches avaient vu la valeur de leur patrimoine connaître le plus fort recul en dix ans, en raison cette fois d'un repli des cours boursiers.

L'Amérique du Nord sur la plus haute marche du podium

Dans la même veine, selon le dernier classement Forbes, publié début avril, le nombre de milliardaires recensé dans le monde a battu le précédent record établi en 2021, atteignant 2.781. L'Amérique du Nord a connu l'an dernier la plus forte progression en nombre de particuliers millionnaires avec une hausse de 7,1% ainsi qu'en fortune (+7,2%), devant l'Asie-Pacifique et l'Europe. En France, selon le bulletin de la Banque de France, publié en février, les 10% des ménages les plus fortunés  possèdent 54% du patrimoine total, un chiffre stable depuis 2019.

Lire aussiBruno Le Maire « déterminé à avancer » sur une taxation mondiale des plus riches

Par ailleurs, selon un rapport de l'ONG Oxfam, dévoilé mi-avril, 64 des 106 pays actuellement aidés par les institutions financières internationales (IFI) ont vu leurs inégalités augmenter sensiblement. Elles étaient même particulièrement élevées dans une quarantaine de pays, dont le Ghana, le Honduras ou le Mozambique.

Le Brésil et la France poussent pour un impôt minimum mondial sur les plus hauts patrimoines

De quoi relancer les débats sur la façon de mieux faire contribuer les plus hauts patrimoines à l'impôt. Au G20, le Brésil et la France poussent pour un impôt minimum mondial sur les plus hauts patrimoines, qui pourrait rapporter 250 milliards de dollars supplémentaires, si les 3.000 milliardaires de la planète payaient au moins l'équivalent de 2% de leur fortune en impôts sur le revenu, l'une des hypothèses en discussion.

Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire s'est ainsi dit vendredi 24 mai, en marge du G7 Finances à Stresa dans le nord de l'Italie, « déterminé à avancer » sur une taxation mondiale des plus riches. La veille, à peine arrivée à Stresa, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen s'était prononcée contre « une négociation fiscale internationale » sur ce projet défendu par le Brésil.

Bruno Le Maire a tenu à relativiser la portée de l'opposition américaine : « C'était la même chose que disaient les Etats-Unis quand il s'agissait de taxer les géants du numérique (...) Au bout du compte, nous avons réussi à trouver un accord », a-t-il argué. « Nous avons eu la même question sur la taxation minimale (...) il y a eu des désaccords. Nous avons surmonté ces désaccords. Nous avons désormais une taxation du digital, une taxation minimum pour l'impôt sur les sociétés qui est en place », a-t-il poursuivi.

(Avec AFP)