Les propos de Joe Biden sur Xi Jinping soufflent sur les braises entre les États-Unis et Chine

La Chine a déploré ce jeudi les commentaires « totalement irresponsables » du président américain Joe Biden. Lequel avait déclaré publiquement lors d'une interview la veille que son homologue chinois Xi Jinping rencontrait « d'énormes problèmes », notamment sur le plan économique. Un nouvel accroc dans un climat déjà tendu entre les deux pays, moins d'une semaine après l'épisode du ballon chinois qui a survolé le territoire américain avant d'être abattu.
Le locataire de la Maison Blanche a rencontré Xi Jinping en personne pour la première fois de son mandat de président en novembre, lors du sommet du G20 à Bali, en Indonésie.
Le locataire de la Maison Blanche a rencontré Xi Jinping en personne pour la première fois de son mandat de président en novembre, lors du sommet du G20 à Bali, en Indonésie. (Crédits : JONATHAN ERNST)

Les propos du président américain sur son homologue chinois ne passent pas pour Pékin. Pour rappel, ce mercredi, Joe Biden a estimé que Xi Jinping rencontrait « d'énormes problèmes » notamment à cause d'« une économie qui ne fonctionne pas très bien ».

« Trouvez-moi un seul dirigeant mondial prêt à échanger sa place avec Xi Jinping... Moi je n'en trouve pas », a-t-il asséné lors d'un entretien accordé à la chaîne PBS, relevant toutefois que le dirigeant chinois « avait aussi beaucoup de potentiel ».

Notant que le soutien chinois à la Russie avait été relativement discret, Joe Biden a souligné que, contrairement à ce que « chacun supposait » au début de l'invasion russe de l'Ukraine, Pékin n'était pas « pleinement » engagé derrière Moscou. Une réserve selon lui liée à la volonté de Xi Jinping de ne pas subir le même sort que la Russie, qui s'est notamment vue imposer de dures sanctions économiques par l'Occident. « Je l'ai appelé cet été pour lui dire, "Ce n'est pas une menace, juste une observation : regardez ce qui est arrivé à la Russie" », a raconté mercredi Joe Biden.

Sans surprise, Pékin a réagi ce jeudi 9 février. « Ces propos (...) sont totalement irresponsables et violent les règles de base de l'étiquette diplomatique », a déclaré Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « La Chine fait part de son vif mécontentement et de sa ferme opposition », a-t-elle souligné lors d'une conférence de presse régulière.

Le locataire de la Maison Blanche a rencontré Xi Jinping en personne pour la première fois de son mandat de président en novembre, lors du sommet du G20 à Bali, en Indonésie. Ils s'étaient alors déjà parlés par téléphone ou visioconférence à cinq reprises.

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Une tension dans un climat de tension

Cet épisode d'incompréhension intervient dans un climat déjà tendu entre les deux grandes puissances mondiales. La semaine dernière, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a annulé une visite prévue à Pékin, après l'entrée dans l'espace aérien des États-Unis d'un ballon chinois considéré par le Pentagone comme un ballon espion, depuis abattu par l'armée américaine. Pékin a soutenu de son côté qu'il s'agissait d'un aérostat civil, principalement destiné à recueillir des données météorologiques.

Lundi, le gouvernement chinois avait estimé que les États-Unis, en abattant le ballon, avaient « gravement affecté et endommagé » les relations entre les deux pays. Signe des tensions, le Pentagone a révélé mardi que Pékin avait refusé samedi la proposition américaine d'un appel téléphonique entre le chef du Pentagone Lloyd Austin et son homologue Wei Fenghe. « Les communications entre nos armées sont particulièrement importantes en des moments comme ceux-là. Hélas, le Parti communiste chinois a décliné notre requête », a-t-il précisé.

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De la compétition mais pas de conflit

« Ne vous y trompez pas : comme nous l'avons clairement montré la semaine dernière, si la Chine menace notre souveraineté, nous agirons pour protéger notre pays et nous l'avons fait », a lancé le président américain dans son discours sur « l'état de l'Union » devant les deux chambres réunies du Congrès.

Dans son discours, le président s'est voulu ferme et a souligné que les États-Unis étaient « dans la position la plus forte depuis des décennies pour concurrencer la Chine ou qui que ce soit d'autre dans le monde ». « Gagner la compétition avec la Chine devrait tous nous unir », a-t-il assuré, se disant cependant déterminé « à travailler avec la Chine là où cela peut servir les intérêts américains et être bénéfique au monde entier ». « J'ai clairement exprimé au (dirigeant chinois) Xi Jinping que nous recherchons la compétition, pas le conflit », a encore dit Joe Biden.

Interrogée mercredi sur les propos du président américain, la diplomatie chinoise s'est montrée à la fois ferme et ouverte au dialogue. « Nous défendrons avec fermeté la souveraineté, la sécurité et les intérêts de développement de la Chine », a assuré devant la presse Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « Les États-Unis devraient percevoir la Chine de manière objective et rationnelle, mener envers elle une politique positive et pragmatique et travailler avec elle pour ramener les relations bilatérales sur la voie d'un développement sain et stable », a-t-elle réclamé.

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(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 09/02/2023 à 15:41
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Pour mieux connaître la Chine, lisez les trois récits de Jean Tuan : "Un siècle chinois" (chez CLC Éditions) évoque le parcours de son père chinois arrivé en France en 1929, leur voyage en Chine en 1967 lors de la Révolution culturelle et les incroya...

à écrit le 09/02/2023 à 13:17
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C’est sympa de taper du poing sur la table mais nous ont est au milieu. L’ukraine nous suffit.L’eurasie ça leur parle au stratèges du pentagone?Et pourtant Tony Blinken est un type bien mais bon il est pas tout seul sans doute.

à écrit le 09/02/2023 à 12:54
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La question c'est pourquoi les USA semblent "chercher" les Chinois depuis quelques temps. Ma réponse est simple: la Chine est toujours en croissance avant le véritable déclin démographique qui a déjà commencé depuis quelques temps et s'accélère dange...

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