Les Chinois "ne manipulent pas leur monnaie", affirme désormais Trump

Par latribune.fr  |   |  637  mots
Les propos de Donald Trump sur le billet vert et la Fed ont fait chuter les rendements des emprunts d'Etat américains et la devise américaine.
Le président américain a estimé dans une interview au Wall Street Journal qu'il n'était pas justifié d'accuser Pékin de manipuler le yuan. Pendant sa campagne, Donald Trump n'avait cessé de répéter que la Chine sous-évaluait le yuan afin de doper ses exportations et avait assuré que la Chine serait officiellement mise à l'index "au premier jour" de sa présidence.

Revirement sur une promesse emblématique de campagne. Le président Donald Trump ne veut plus désigner la Chine comme un pays sous-évaluant sa monnaie, indique-t-il dans un entretien au Wall Street Journal. Quelques jours après avoir reçu son homologue chinois Xi Jinping dans sa villa de Mar-a-Lago, Floride, il a ainsi affirmé que  les Chinois "ne manipulent pas leur monnaie".

Pendant sa campagne, Donald Trump n'avait cessé d'accuser Pékin de sous-évaluer le yuan afin de doper ses exportations et avait assuré que la Chine serait officiellement mise à l'index "au premier jour" de sa présidence. Une telle désignation aurait ouvert la voie à de possibles sanctions contre Pékin, au risque de déclencher une guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales. Depuis son arrivée à la tête des États-Unis, le ton de Donald Trump s'est toutefois nettement adouci.

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Selon le Wall Street Journal, qui paraphrase le président américain, Donald Trump a changé d'avis sur cette question à la fois parce que Pékin n'a pas agi sur le yuan depuis des mois et parce que de qualifier la Chine de manipulateur de taux de changes en ce moment est susceptible de mettre en péril les discussions avec le gouvernement chinois concernant la menace nord-coréenne. La dernière fois que les Etats-Unis avaient qualifié la Chine de manipulateur de taux de change remonte à 1994.

Chute du dollar sur les marchés

Dans cet entretien, le président des Etats-Unis a par ailleurs réaffirmé que le niveau du dollar était, selon lui, trop élevé, pénalisant les entreprises américaines. "Je pense que notre dollar devient trop fort et c'est en partie de ma faute parce que les gens ont confiance en moi", a-t-il affirmé, ajoutant qu'il était "compliqué de rivaliser" avec les entreprises étrangères. Le président prend ainsi le contre-pied du message traditionnel des autorités américaines selon lequel un dollar fort est une bonne chose. "Il y a de bons côtés dans le fait d'avoir un dollar fort mais en règle générale, la meilleure chose c'est que ça a de l'allure", a-t-il ironisé.

Donald Trump a par ailleurs indiqué être favorable à de faibles taux d'intérêt, mettant ainsi la pression sur la banque centrale américaine (Fed) qui est engagée dans un resserrement monétaire après des années des années de politique de taux zéro.

"J'aime beaucoup une politique de taux faible, je dois être honnête avec vous", a-t-il lancé alors qu'il avait durement critiqué la Fed pendant sa campagne en l'accusant de faire le jeu des démocrates. Cible de ses attaques, la présidente de la Fed Janet Yellen semble désormais trouver grâce aux yeux de M. Trump. "Je l'apprécie, je la respecte", a-t-il assuré, n'excluant plus de la reconduire dans ses fonctions à la fin de son mandat en février 2018.

Les propos de Donald Trump sur le billet vert et la Fed ont fait chuter les rendements des emprunts d'Etat américains et la devise américaine, qui abandonne près de 0,7% face à un panier de référence, l'indice mesurant son évolution face à six autres grandes monnaies revenant tout près du seuil des 100 points, au plus bas depuis le 30 mars.

"Ce changement de position va certainement apaiser certaines inquiétudes sur la position protectionniste de l'administration Trump, qui devrait bénéficier aux marchés émergents dans leur ensemble", estime James Woods, analyste chez Rivkin à Sydney, dans une note. "Toutefois, cela continue de susciter des doutes sur la capacité de cette administration à tenir ses promesses de campagne, qui incluent l'engagement clé d'une réforme fiscale."

(avec AFP et Reuters)