Le prix du cuivre bat des records historiques

La production minière et le recyclage sont sous pression. Les besoins liés à la transition énergétique augmentent.
Ouvrier devant une mine de cuivre
Ouvrier devant une mine de cuivre (Crédits : © LTD / REUTERS)

Sur le marché à terme de New York, le prix du cuivre a battu vendredi en séance un nouveau record historique en franchissant les 5,13 dollars la livre (un peu moins de 500 grammes), pour terminer à 5,08 dollars. Sur le marché des métaux de Londres, le London Metal Exchange, la tonne de métal rouge pour une livraison à trois mois s'est affichée à près de 10 400 dollars. En trois mois, son cours a bondi de 30 %. « Les inquiétudes croissantes concernant l'insuffisance de l'offre par rapport à la demande spéculative ont été amplifiées par une pénurie aux États-Unis », pointe John Plassard, économiste chez Mirabaud Equity Research.

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La tendance haussière ne date pas d'hier. Les prix s'apprécient (voir graphique ci-dessous) depuis 2020, le marché mondial étant en déficit et l'offre ne couvrant pas la demande. Et même si, sur les deux premiers mois de l'année, la production a progressé de 5,5 %, « la demande mondiale de cuivre a augmenté de 7 %, principalement soutenue par la demande chinoise, en hausse de 14 % », expliquent les experts du groupe international d'étude sur le cuivre (ICSG).

Structurellement, ce métal va bénéficier, comme le lithium, le cobalt, le nickel, les terres rares ou encore le manganèse, d'une demande croissante pour assurer la transition énergétique nécessaire afin de lutter contre le dérèglement climatique. Dans cette optique, les métaux vont se substituer aux hydrocarbures avec l'électrification et la numérisation de l'ensemble des activités économiques. « Le cuivre est le seul métal essentiel présent dans toutes les technologies d'énergie propre les plus importantes - batteries pour véhicules électriques, solaire photovoltaïque, éoliennes et réseaux électriques - en raison de ses caractéristiques : conductivité, longévité, ductilité et résistance à la corrosion », rappelle l'Agence internationale de l'énergie (AIE), dans son rapport annuel « Global Critical Minerals Outlook » publié vendredi.

Le mouvement des fusions-acquisitions va s'intensifier dans le secteur minier

En 2021, la demande cuprifère s'élevait à 5,38 millions de tonnes pour la seule transition énergétique, soit 20 % de la demande totale de cuivre. Selon l'AIE, elle devrait monter à 16,3 millions de tonnes en 2040, soit 50 % du total de la demande.

Outre le potentiel de production, le risque géopolitique alimente les inquiétudes. À l'horizon 2030, la production minière de cuivre sera concentrée à 48 % dans trois pays, le Chili (23 %), la République démocratique du Congo (RDC) et le Pérou, et encore davantage pour le raffinage (transformation du minerai en métal), à 58 % en RDC, Chili et Chine, cette dernière écrasant les deux autres avec une part de 46 %.

« Les espoirs d'une augmentation de l'offre minière sont faibles, car les coûts élevés d'engagement dans de nouveaux projets ont poussé les géants miniers à procéder à des fusions et acquisitions au lieu de lancer de nouveaux projets », remarque John Plassard, faisant référence à l'OPA hostile lancée par la compagnie australo-britannique BHP sur son homologue britannique, Anglo American, deux géants du secteur. Malgré l'amélioration du prix de l'offre, de 31 milliards de livres (36 milliards d'euros) à 34 milliards de livres (39,5 milliards d'euros), Anglo American a rejeté l'offre de BHP. Une telle fusion aurait donné naissance au premier producteur mondial de cuivre.

Pour autant, cela ne devrait pas arrêter le mouvement des fusions-acquisitions. Dans le secteur minier, elles permettent d'acquérir des ressources et des réserves immédiatement, alors que la prospection et la mise en exploitation d'une mine exigent souvent plus de dix ans. Par ailleurs, l'intensité capitalistique (l'investissement nécessaire pour générer un revenu) pour la production de cuivre est passée en moyenne, selon l'AIE, de 20 000 dollars la tonne en 2017 à 30 000 dollars aujourd'hui, en raison de l'envolée des coûts de production.

Quant à la production de cuivre recyclé (production secondaire) sur laquelle comptent les pays non producteurs, si elle devrait doubler d'ici à 2040, elle ne satisfera que 30 % des besoins en 2040 contre 20 % en 2030, anticipe l'AIE.

Commentaires 4
à écrit le 22/05/2024 à 10:14
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Le cuivre est présenté comme une source d'argent facile sur les réseaux sociaux. Il est l'objet d'un trafic toujours plus important. Dans les Hauts-de-France, les interventions se multiplient pour les équipes d'Orange, afin de remplacer des câbles vo...

à écrit le 21/05/2024 à 8:34
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Le cuivre ukrainien qui a le covid bienveillant du transit énergétique reenchante !!! Les chinois se félicitent d'avoir mis la main sur les gisements

le 21/05/2024 à 21:58
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A priori, il ne semble pas que l'UKRAINE compte parmi les fournisseurs importants de cuivre. Vous pouvez citer vos sources ?

à écrit le 19/05/2024 à 12:16
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Devinette : Pourquoi tous les fabricants auto asiatiques ont investi sur le moteur à combustion d'hydrogène ? Lequel n'est pas concerné par la fin des moteurs à carburants fossiles en UE. La pénurie de cuivre est bien pire que celle de néodyme. Struc...

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