Le chef de la diplomatie ukrainienne se rend en Chine, alliée de Moscou

Dmytro Kouleba, le chef de la diplomatie ukrainienne, va effectuer dès mardi une visite en Chine pendant deux jours. Pékin étant l’un des plus proches alliés du Kremlin, ce déplacement a pour but de discuter des moyens de mettre fin à la guerre entre Kiev et Moscou.
Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, sera en Chine de ce mardi 23 juillet au jeudi 25 juillet (photo d'archive).
Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, sera en Chine de ce mardi 23 juillet au jeudi 25 juillet (photo d'archive). (Crédits : VALENTYN OGIRENKO)

[Article publié le lundi 22 juillet 2024 à 11h27, mis à jour à 14h42] Plus de deux ans après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le chemin vers la paix entre les deux voisins est encore très hypothétique. Pour faire avancer les pourparlers, le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, sera en visite en Chine, alliée de Moscou, pour deux jours à partir de ce mardi 23 juillet.

« Le principal sujet de discussion va être la recherche de moyens pour arrêter l'agression russe et le rôle de la Chine pour arriver à une paix durable et juste », a indiqué le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Les autorités chinoises ont, de leur côté, confirmé la venue de Dmytro Kouleba.

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Un rôle clé

Ce n'est pas un hasard si le chef de la diplomatie ukrainienne se rend en Chine à ce sujet. Pékin a en effet une place importante dans ce conflit de par son « double-jeu ». D'une part, c'est un allié de premier plan de la Russie, les deux pays étant unis dans leur rivalité face aux Occidentaux. Le président chinois Xi Jinping s'est ainsi gardé depuis deux ans et demi de condamner l'invasion russe.

Mais, d'autre part, la Chine défend aussi le principe de l'intégrité territoriale des États, ce qui inclut donc l'Ukraine. Une position à l'encontre de celle de la Russie, qui réclame à Kiev de lui céder les cinq régions qu'elle occupe totalement ou partiellement.

Interrogé sur cette visite de Dmytro Kouleba dans la première puissance asiatique, le Kremlin a botté en touche. « Pour nous, le plus important sont nos relations avec la Chine », a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine, insistant sur les très bons rapports et le partenariat stratégique entre les deux pays.

Les Occidentaux fustigent la position de Pékin

Cette position ambigüe de la Chine est en tout cas vue d'un mauvais œil par les Occidentaux et fustigé de longue date. Ils ont encor exprimé leurs « profondes préoccupations » face au rapprochement entre la Russie et la Chine et dénoncé le soutien de Pékin à l'effort de guerre russe en Ukraine lors d'un sommet à Washington mi-juillet. La Chine « joue désormais un rôle déterminant dans la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine », ont-ils déclaré, appelant Pékin, « en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU (...) à cesser de soutenir matériellement et politiquement l'effort de guerre russe ».

Pékin « ne peut rendre possible la poursuite de la plus grande guerre que l'Europe ait connue dans son histoire récente sans que cela nuise à ses intérêts et à sa réputation », ont-ils ajouté.

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La Chine ne livre pas directement d'armes à la Russie, mais les pays alliés, États-Unis en tête, accusent les entreprises chinoises de fournir des composants et des équipements pour le secteur de l'armement russe. Des allégations formellement démenties par Pékin.

Plus globalement, la Chine a fustigé les propos tenus par les Occidentaux. « L'Otan devrait cesser de faire du tapage sur une soi-disant menace chinoise, cesser d'inciter à la confrontation et à la rivalité, et contribuer davantage à la paix et à la stabilité dans le monde », a rétorqué la mission chinoise auprès de l'Union européenne, dénonçant des propos « remplis » de « calomnies ».

Trouver la paix

La Chine met en avant qu'elle a toujours appelé à des pourparlers de paix au sujet de la guerre entre l'Ukraine et la Russie. Ainsi, en février 2023, elle avait présenté un plan de paix pour l'Ukraine, sans toutefois que Moscou et Kiev ne s'en emparent pour faire reprendre les discussions. Lors du premier sommet sur la paix, organisé mi-juin en Suisse, Pékin avait en revanche décidé de ne pas participer du fait que Moscou n'avait pas été conviée. Ce que certains pays avaient déploré. « Il faudra trouver une méthode permettant » à la Russie et à la Chine « de se joindre à ces délibérations », avait notamment déclaré le président ghanéen, Nana Akufo-Addo.

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Ce sera peut-être le cas en novembre. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a en effet dit vouloir présenter à ce moment-là un « plan » pour « une paix juste ». « J'ai fixé comme objectif qu'en novembre nous ayons un plan entièrement préparé » pour pouvoir organiser le sommet, a-t-il indiqué la semaine dernière.

Il s'est par ailleurs déclaré favorable à la présence de représentants russes lors de ce deuxième sommet. C'est la première fois que le dirigeant ukrainien a émis l'idée de discussions avec la Russie, sans retrait russe préalable de son territoire. Par le passé, il avait aussi juré ne pas vouloir discuter avec tant que Vladimir Poutine serait au pouvoir et avait même signé un décret rendant illégales des négociations avec Moscou.

De son côté, le Kremlin, interrogé une nouvelle fois ce lundi sur la perspective d'une participation de la Russie au sommet voulu pour Volodymyr Zelensky, est resté évasif. « Nous ne pouvons pas juger pour le moment de ce qu'il y a de concret derrière les mots » du président ukrainien, a indiqué Dmitri Peskov. La paix semble encore difficile d'accès.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 22/07/2024 à 14:47
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La guerre n'est pas un jeu...Le 19 juillet Forbes a publié un article: il y a le narratif de guerre bien-pensant de l'article et sinon il y a la vidéo (lien sur twitter/X) qui accompagne l'article: vidéo écoeurante. Vivement la paix.

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