La Parlement britannique officiellement dissous, place à la campagne

Le Parlement britannique a été officiellement dissous jeudi en vue des législatives du 4 juillet, bien parties pour apporter un changement d'ère au Royaume-Uni tant les travaillistes caracolent en tête des sondages devant les conservateurs au pouvoir.
Pour tenter de redresser la barre, Rishi Sunak espère gagner des points au cours des débats prévus avec Keir Starmer, le premier étant prévu mardi soir sur la chaîne de télévision ITV.
Pour tenter de redresser la barre, Rishi Sunak espère gagner des points au cours des débats prévus avec Keir Starmer, le premier étant prévu mardi soir sur la chaîne de télévision ITV. (Crédits : THOMAS PETER)

Le Parlement dissous, la Grande-Bretagne va vivre jusqu'au 4 juillet au rythme de la campagne électorale provoquée par Rishi Sunak, l'actuel Premier ministre. Les 650 sièges de la Chambre des Communes sont désormais vacants et la course à la succession est lancée dans les circonscriptions. Le conservateur a, en effet, tenté de reprendre la main la semaine dernière en convoquant des élections législatives en juillet alors qu'elles n'étaient attendues qu'à l'automne.

Un pari qui semble très incertain. L'effet de surprise n'a pas eu d'effet miracle pour l'instant et la première semaine de campagne n'a pas changé la dynamique en place. Les sondages placent le Labour à 45% des intentions de vote en moyenne contre 23% pour les Tories, laissant présager, vu le mode de scrutin à la majorité simple, une très large victoire des travaillistes. Leur chef, Keir Starmer, un ancien avocat spécialisé dans les droits humains, apparaît comme le grand favori pour prendre la tête du gouvernement.

De nombreux députés conservateurs ont jeté l'éponge

Quelque 129 députés ont pour l'instant annoncé qu'ils ne se représenteraient pas et n'ont eu que quelques jours pour faire leurs cartons. Parmi eux figurent 77 conservateurs, un exode sans précédent pour un parti au pouvoir.

Certains élus de la majorité ont choisi de jeter l'éponge face à des sondages calamiteux. D'autres, de tous bords, préfèrent se reconvertir ou consacrer plus de temps à leur famille, épuisés par des années plombées par le Brexit, les scandales politiques de l'ère Boris Johnson et généralement une hostilité croissante du public. La liste peut encore s'allonger alors que les partis ont jusqu'au 7 juin pour donner les noms de leurs candidats. Parmi les Tories qui se représentent, certains n'ont pas caché leur agacement d'avoir été pris au dépourvu. Steve Baker, le secrétaire d'Etat chargé de l'Irlande du Nord, a maintenu ses vacances en Grèce, expliquant qu'il y préparerait sa campagne.

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Pour tenter de redresser la barre, Rishi Sunak espère gagner des points au cours des débats prévus avec Keir Starmer, le premier étant prévu mardi soir sur la chaîne de télévision ITV. « Des millions de téléspectateurs apprécient les débats des élections », a souligné le directeur de l'information d'ITV Michael Jermey, « ils permettent de voir et entendre les dirigeants de partis établir leur argumentaire pour le pays, débattre directement entre eux et prendre des questions des électeurs ». Dans sa couverture de la campagne, ITV a indiqué prévoir notamment une émission d'interview avec les autres dirigeants de partis, ainsi qu'un débat « multi-partis ».

Les travaillistes ont reçu le soutien de 120 personnalités du patronat

Rishi Sunak vise surtout pour l'instant le cœur de l'électorat conservateur, plutôt âgé, en proposant un service national pour les jeunes de 18 ans ou des baisses d'impôts pour les retraités.

Le Labour, de son côté, cherche à profiter de la lassitude du public envers les conservateurs, victimes de leurs incessantes querelles internes, associés au déclin des services publics - notamment de santé - ainsi qu'aux difficultés économiques des deux dernières années, avec une chute du pouvoir d'achat. Le parti a reçu cette semaine le soutien de 120 personnalités du patronat, autrefois vent debout contre le programme de Jeremy Corbyn, qui a été à la tête du parti travailliste entre 2015 et 2020.

« Le Labour est reconnu comme le partenaire naturel des entreprises, le parti de la croissance », a fait valoir mardi dans son premier discours de campagne Rachel Reeves, amenée à devenir ministre des Finances en cas de victoire des travaillistes. « Il y a quelques années, vous ne vous seriez pas attendus à entendre ces choses de la part du Labour », a-t-elle souligné en allusion à l'ancien chef du parti, laminé par les conservateurs sous Boris Johnson lors des dernières élections de décembre 2019.

S'exprimant chez le motoriste aéronautique Rolls Royce, dans le centre de l'Angleterre, la responsable travailliste a mis en avant la mue effectuée par le Labour depuis l'arrivée à sa tête en 2020 de Keir Starmer, qui a recentré le parti sans concession pour la gauche du parti qui l'accuse d'avoir trahi un certain nombre de ses engagements, notamment celui de supprimer les frais de scolarité universitaires. « Quand on est né sans privilèges », a-t-il déclaré, « on ne contourne pas les problèmes sans les résoudre et on ne cède pas face aux instincts des organisations qui refusent le changement ».

Cette stratégie a cependant connu un premier accroc cette semaine lorsque Diane Abbott, la première femme noire élue députée et figure très respectée de la gauche britannique, a dénoncé la volonté du Labour, selon elle, de lui refuser l'investiture. Keir Starmer a assuré que le sort de cette responsable politique de 70 ans, dont 37 en tant que députée, qui avait été suspendue l'an dernier pour des propos sur le racisme, n'était pas décidé.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 30/05/2024 à 11:52
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La réforme de l'orthographe de 1990 autorise à écrire absout et (re)dissout sur le modèle de absoute et (re)dissoute. "Dissous" m'avait interloqué mais il est aussi acceptable que "dissout".

à écrit le 30/05/2024 à 11:52
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La réforme de l'orthographe de 1990 autorise à écrire absout et (re)dissout sur le modèle de absoute et (re)dissoute. "Dissous" m'avait interloqué mais il est aussi acceptable que "dissout".

à écrit le 30/05/2024 à 9:05
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Vraiment une situation électorale singulière, je pensais que le parti travailliste ne se relèverait jamais et qu'ils feraient les anglais comme les comptables de l'UE à savoir nous imposer les néos fachos et bien non pas du tout. Ben oui son oligarch...

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