Merci Jérôme. En déclarant en substance qu'il est urgent d'attendre, Jerome Powell, le président de la Banque centrale américaine (Fed) a rassuré les investisseurs et renvoyé les bourses américaines vers de nouveaux records. Le discours de Powell était très attendu, lors du Symposium de Jackson Hole, dans l'Etat du Wyoming, la grand messe des banquiers centraux qui se termine demain. Chaque mot était pesé tant une mauvaise interprétation peut entraîner de fortes agitations sur les marchés financiers.
"Jackson Hole est un non évènement pour les marchés. Les banques centrales communiquent et même sur-communiquent, et Jackson Hole a perdu son rôle de vigie pour les marchés qu'il a pu avoir quand la parole des banques centrales était plus rare, comme en 2015 ou 2016", juge un gérant obligataire.
De fait, très attendu sur sa position sur le programme de rachats d'actifs de la Réserve fédérale, Jerome Powell a indiqué qu'il pourrait commencer à le réduire cette année, l'économie étant sur la voie du retour au plein emploi malgré le variant Delta, mais il s'est bien gardé de donner un calendrier précis.
Importants progrès sur le front de l'emploi
Il a rappelé que lors de la dernière réunion du Comité monétaire de la Fed, fin juillet, il était d'avis, "comme la plupart des participants, que si l'économie continuait à évoluer comme prévu, il pourrait être approprié de commencer à réduire le rythme des achats d'actifs cette année".
Toutefois, même si d'importants progrès ont été fait sur le front de l'emploi comme les bons chiffres de juillet l'attestent, de nouveaux risques sont apparus avec la progression du variant Delta aux Etats-Unis. "Nous allons soigneusement évaluer les données (économiques) et l'évolution des risques", a indiqué, prudent, le patron de la Fed. La hausse des cas de contamination à ce variant du Covid-19 à travers le monde entier, y compris aux Etats-Unis, a déjà commencé à faire ralentir la reprise.
Rappelant que l'objectif de la Fed est de garantir le plein emploi et la stabilité des prix, Jerome Powell a de nouveau pointé des "facteurs transitoires" pour expliquer la forte inflation des derniers mois.
"Si une banque centrale resserre sa politique en réponse à des facteurs qui s'avèrent temporaires, les principaux effets se produiront probablement lorsque le besoin sera passé", ce qui "ralentit inutilement l'embauche et d'autres activités économiques et pousse l'inflation plus bas que souhaité", a-t-il expliqué, invoquant les expériences passées. "Aujourd'hui, avec un marché du travail toujours à la peine et la pandémie qui continue, une telle erreur pourrait être particulièrement néfaste", a-t-il averti.
Pas de hausse de taux avant 2023
Depuis le début de l'épidémie, la Fed achète chaque mois pour 120 milliards de dollars de bons du Trésor et autres titres pour soutenir la reprise. Elle entend désormais alléger ce soutien qui, en fluidifiant le crédit et poussant les taux à la baisse, a permis aux marchés de rebondir de manière spectaculaire.
L'étape suivante sera de relever les taux directeurs, abaissés dans une fourchette de 0 à 0,25% en mars 2020. Mais cela ne devrait pas se produire avant 2023, selon la réunion du comité de la Fed de fin juillet.
"Le calendrier et le rythme de la prochaine réduction des achats d'actifs ne seront pas destinés à transmettre un signal direct concernant le moment auquel les taux d'intérêt seront relevés", a précisé Jerome Powell.
Il n'en fallait pas plus pour faire flamber Wall Street : la Bourse de New York a terminé en hausse vendredi, avec des records pour le Nasdaq et le S&P 500, séduite par le ton modéré du président de la Banque centrale américaine (Fed), qui n'a pas donné de calendrier précis de retrait des mesures de soutien à l'économie américaine. Le Dow Jones a terminé en hausse de 0,69% à 35.455,80 points, le Nasdaq, à forte composition technologique, de 1,23% à 15.129,50 points et le S&P 500 de 0,88% à 4.509,37 points.
Les marchés vont donc devoir s'armer de patience. "Nous attendons davantage d'indications lors de la réunion du Comité de politique monétaire de septembre et pensons que la réduction progressive des taux d'intérêt commencera au plus tôt à la fin de cette année", jugeaient pour leur part les analystes de la société de gestion de DWS.
(avec agences)