L'Australie abandonne les poursuites judiciaires contre X pour le retrait de vidéos violentes

Les autorités australiennes ont annoncé ce mercredi l'abandon de leurs poursuites judiciaires contre le réseau social X. Elles cherchaient depuis mi-avril à le contraindre de retirer des vidéos montrant l'attaque au couteau d'un religieux dans une église de Sydney.
Cette décision de la commissaire australienne à la sécurité de l'internet intervient après un revers subi par eSafety mi-mai sur ce même sujet.
Cette décision de la commissaire australienne à la sécurité de l'internet intervient après un revers subi par eSafety mi-mai sur ce même sujet. (Crédits : DADO RUVIC)

Le régulateur australien en charge de la sécurité en ligne, eSafety, jette l'éponge au sujet des poursuites judiciaires qu'il avait lancées contre X. « J'ai décidé de mettre fin à la procédure engagée devant la Cour fédérale contre X Corp », a écrit dans un communiqué Julie Inman Grant, la responsable du régulateur. Pour rappel, il avait demandé au réseau social de retirer 65 vidéos et audios, en Australie et dans le reste du monde, montrant l'évêque d'une église assyrienne, Mar Mari Emmanuel, être poignardé lors d'un sermon retransmis en direct mi-avril. Dans ces publications, on peut voir le religieux recevoir des coups de couteau à la tête et à la poitrine par un adolescent de 16 ans. L'ecclésiastique avait échappé de peu à la mort.

X avait jusqu'alors seulement accepté de rendre inaccessibles aux utilisateurs australiens les contenus en question. C'était suffisant à ses yeux et l'entreprise américaine avait ainsi contesté le droit de l'autorité à ordonner un retrait mondial. Mais l'organisme de surveillance avait fait valoir que cette mesure était facilement contournable en utilisant un réseau privé virtuel (VPN) ou un autre service de masquage de localisation.

Lire aussiElon Musk insulte les annonceurs qui boycottent X (ex-Twitter)

L'entreprise américaine s'est en tout cas enorgueillie de cette annonce. « Cette affaire a soulevé des questions importantes sur la manière dont les pouvoirs judiciaires peuvent être utilisés pour menacer la censure mondiale de la parole, et nous sommes heureux de voir la liberté d'expression l'emporter », a réagi X dans un communiqué publié sur sa propre plateforme.

Dans une publication séparée, le milliardaire Elon Musk a déclaré que « la liberté d'expression vaut la peine d'être défendue ».

Les autres plateformes ont retiré les publications

Cette décision de la commissaire australienne à la sécurité de l'internet intervient après un revers subi par eSafety mi-mai sur ce même sujet. X avait alors obtenu la suspension d'une injonction, prise en avril par la justice australienne, de retirer ces vidéos dans le monde entier.

« Notre seul objectif en formulant notre demande de retrait était d'empêcher que cette séquence extrêmement violente ne devienne virale, n'incite potentiellement à d'autres violences et n'entraîne davantage de préjudices pour la communauté australienne », a rappelé Julie Inman Grant, elle-même ex-salariée de Twitter.

Les autorités australiennes craignaient en effet que la vidéo, largement partagée sur les réseaux sociaux, puisse alimenter les tensions entre communautés religieuses, sachant que, après l'attaque, une émeute avait éclaté à l'extérieur de l'église, des centaines de fidèles et de membres de la communauté de l'évêque exprimant leur colère.

D'autres grandes plateformes se sont conformées aux demandes de l'organisme de surveillance australien et aux avis de retrait liés à l'attaque contre le prêtre, comme l'a souligné la responsable, mentionnant notamment Meta, Microsoft, Google, Snap, TikTok, Reddit et Telegram. « La vidéo violait leurs règles et leurs normes de décence », a-t-elle relevé. Julie Inman Grant a d'ailleurs soulevé que X retirait régulièrement des contenus à travers le monde entier, citant notamment la suppression d'une compilation de vidéos d'une attaque au couteau, en avril, dans un centre commercial situé dans la banlieue de Sydney.

Depuis une loi sur la sécurité en ligne adoptée en 2021, l'Australie est à l'avant-garde des efforts pour demander que les géants de la technologie soient tenus responsables de ce que leurs utilisateurs publient en ligne. Selon la commissaire, la plupart des Australiens acceptent que de tels contenus ne soient pas diffusés à la télévision. Ce qui « soulève la question évidente de savoir pourquoi (ce type de contenus) devrait être autorisé à être distribués librement et accessibles en ligne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à tout le monde, y compris pour les enfants », a-t-elle déclaré.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 05/06/2024 à 18:36
Signaler
« Notre seul objectif en formulant notre demande de retrait était d'empêcher que cette séquence extrêmement violente ne devienne virale, n'incite potentiellement à d'autres violences et n'entraîne davantage de préjudices pour la communauté australien...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.