Japon  : le PIB en recul de 0,5% au premier trimestre, forte chute des exportations

Le PIB du Japon a reculé de 0,5% au premier trimestre comparé au précédent, selon une nouvelle estimation publiée lundi 10 juin, confirmant les chiffres préliminaires annoncés le mois dernier, qui mettaient en évidence la faiblesse des exportations et de la consommation privée. Néanmoins, les hausses de salaire attendues devraient inverser la tendance. En avril, déjà, la consommation a augmenté de 0,5% sur un an.
La grande faiblesse actuelle du yen a des effets pervers sur la consommation et l'inflation.
La grande faiblesse actuelle du yen a des effets pervers sur la consommation et l'inflation. (Crédits : Dado Ruvic)

Le Japon peine à sortir la tête de l'eau. Le PIB de l'archipel a reculé de 0,5% au premier trimestre comparé au précédent, selon une nouvelle estimation publiée lundi 10 juin. Les exportations ont chuté au premier trimestre de 5,1% (-5% lors de la première estimation), tandis que ses importations ont reculé de 3,3% (contre -3,4% précédemment), selon les chiffres du gouvernement. La consommation privée a, quant à elle, baissé de 0,7% (chiffre inchangé).

L'économie japonaise a notamment pâti entre janvier et mars des effets de scandales dans l'industrie automobile locale. Le constructeur automobile Daihatsu, filiale du géant Toyota, a ainsi été obligé de suspendre toute sa production fin décembre, après la publication d'un rapport indépendant ayant mis en évidence de nombreuses irrégularités dans les tests de ses produits. Ce groupe spécialisé dans les mini-véhicules avait repris progressivement sa production dans l'archipel à partir de février, et a annoncé le mois dernier un retour à la normale.

Toyota s'attend à un repli de ses ventes pour l'exercice 2024/25

Cette affaire a fortement embarrassé sa maison mère, Toyota, très soucieux de sa réputation au Japon, qui s'attend pour l'exercice 2024/25 à un léger repli de ses ventes mondiales en volume, notamment à cause du déclin attendu des ventes de Daihatsu. L'archipel a aussi subi au premier trimestre les effets d'un séisme dévastateur survenu au Nouvel an au large de la péninsule de Noto qui a fait plus de 240 morts et d'importants dégâts.

La consommation des ménages a, quant à elle, reculé de 0,8% (contre -0,7% lors de la première estimation) sur l'ensemble du premier trimestre. Cet indicateur a diminué sans discontinuer entre mars 2023 et mars 2024, alors que l'inflation continue à progresser plus vite que les salaires dans le pays, et que la faiblesse du yen, accentuée par la politique monétaire accommodante de la Banque du Japon (BoJ), fragilise aussi leur pouvoir d'achat.

L'archipel « évite de justesse l'étiquette redoutée de 'récession technique' définie par deux baisses consécutives » du PIB, avait déjà souligné mi-mai, lors d'une première estimation, Stefan Angrick dans une note de Moody's Analytics. Mais « la nouvelle chute au premier trimestre 2024 montre que le Japon n'est pas non plus très loin de la récession, l'économie japonaise est en mauvaise forme ».

Lire aussiLe Japon évite de justesse la récession au premier trimestre

La consommation a cependant augmenté de 0,5% en avril sur un an en termes réels (corrigés de l'inflation), marquant la première hausse de cet indicateur économique clé depuis février 2023, selon des données officielles publiées vendredi 7 juin.

Des augmentations salariales significatives ont été obtenues cette année par les syndicats

Bien que modeste et conforme aux attentes, cette hausse est de bon augure. Les salaires dans le pays n'ont pas suivi le rythme de la hausse des prix pour l'instant, mais cette situation devrait changer prochainement car des augmentations salariales significatives ont été obtenues cette année par les syndicats nippons. La Banque du Japon (BoJ) a entamé en mars la normalisation progressive de sa politique monétaire, mais elle attend l'éclosion d'un cercle vertueux entre les salaires et une inflation tirée par la demande au lieu des coûts, avant de relever davantage son taux directeur. La plupart des observateurs prévoient que l'institution temporise encore lors de sa prochaine réunion en fin de semaine prochaine.

Cependant, la grande faiblesse actuelle du yen, un phénomène causé en bonne partie par la politique monétaire toujours très accommodante de la BoJ et qui a des effets pervers sur la consommation et l'inflation, pourrait inciter la banque centrale nippone à agir plus tôt, via un autre levier. Depuis quelques jours vont ainsi bon train les spéculations quant à une réduction de son programme d'achats d'obligations publiques japonaises (JGB) dès sa prochaine réunion mi-juin.

Autre point positif : la Bourse de Tokyo progressait, lundi 10 juin en matinée, profitant d'un repli du yen favorable aux résultats des groupes exportateurs nippons. L'indice vedette Nikkei gagnait 0,4% à 38.835,58 points à 00H55 GMT et l'indice élargi Topix progressait de 0,63% à 2.772,40 points. Les investisseurs restaient néanmoins prudents avant des décisions monétaires au Japon et aux Etats-Unis attendues cette semaine. La croissance japonaise au quatrième trimestre 2023 a par ailleurs été révisée lundi à 0,1%, contre 0% précédemment.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 10/06/2024 à 9:21
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Ce sont tous les dirigeants du monde entier qui ne veulent pas augmenter les salaires, nous sommes au sei nd'une véritable idéologie oligarchique là, puisque c'est vraiment au tout dernier moment, quand ils y sont contraints qu'ils les augmentent un ...

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