Israël : un nouveau coup dur pour les familles d’otages

La mort d’Ismaïl Haniyeh éloigne un peu plus la conclusion d’un accord pour sortir les captifs de Gaza.
Des manifestants israéliens demandent la libération des otages, jeudi à Jérusalem.
Des manifestants israéliens demandent la libération des otages, jeudi à Jérusalem. (Crédits : © LTD / Debbie Hill/UPI/Shutterstock/SIPA)

Quand elle a appris la mort d'Ismaïl Haniyeh mercredi matin, Ofri Bibas Levi n'a ressenti aucune espèce de soulagement. C'est même plutôt l'angoisse qui a gagné la tante des plus jeunes otages détenus à Gaza - Kfir, 1 an, et Ariel, qui fêtera demain ses 5 ans en captivité. « La vraie victoire, nous la fêterons seulement quand les personnes enlevées reviendront, confiait-elle quelques heures après l'annonce officielle de la disparition du chef politique du Hamas. Pour l'heure, je crains plutôt les conséquences de cet assassinat ciblé, que cela provoque un embrasement dans la région et détruise les chances de parvenir à un accord. »

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Ce sentiment, c'est celui que partagent la plupart des proches des otages enlevés le 7 octobre. D'ailleurs, jeudi soir, lors du rassemblement organisé à Tel-Aviv pour commémorer les trois cents jours de captivité, personne n'a fait mention de la mort de Haniyeh. « Netanyahou, vous n'avez pas fait la seule chose dont vous étiez censé vous occuper il y a trois cents jours : ramener 115 citoyens israéliens à la maison, a invectivé au micro Nissan, le frère de l'otage français Ofer Kalderon. Vous avez dit que les otages ne mourraient pas. Mais nous, les familles, sommes au bord de l'effondrement. »

Pas la priorité numéro un

Le cabinet de Benyamin Netanyahou a fait savoir, ce même soir, que le Premier ministre organisait une réunion sur la question spécifique des otages. Mais pour beaucoup cela reste de l'affichage. Ils estiment que le gouvernement israélien semble plus pressé d'honorer sa promesse de liquider les chefs du Hamas que celle de libérer les captifs. L'élimination de Haniyeh, que les Israéliens n'ont toutefois pas revendiquée, mais aussi celles du chef militaire de l'organisation Mohammed Deif et d'un haut cadre du Hezbollah en seraient la preuve. « Je n'ai pas l'impression que le retour des otages soit leur priorité numéro un », a notamment commenté Ofri Bibas Levi. « Il est particulièrement troublant de savoir que nous pouvons cibler avec précision des sites spécifiques à Beyrouth et à Téhéran, a renchéri l'historien israélo-américain Marc Schulman. Mais on reste incapables de localiser les nôtres à Gaza. »

À court terme, la mort de Haniyeh amenuise en tout cas les possibilités de voir émerger un cessez-le-feu dans l'enclave palestinienne qui permettrait un retour des otages. D'une part parce que le leader politique du Hamas était l'un de ceux qui participaient aux négociations pour un accord. Et parce que sa disparition laisse le champ libre à l'aile radicale de l'organisation islamiste palestinienne, moins disposée à un compromis avec l'État hébreu.

Un autre événement cette semaine a pu faire douter les familles de la bonne volonté des autorités israéliennes : l'annonce de la nomination du général Barak Hiram comme prochain commandant de la division de Gaza. Le 7 octobre, à Be'eri, l'une des communautés du Sud attaquées par le Hamas, il n'avait pourtant pas hésité à faire tirer ses chars près d'une maison où quinze otages étaient retenus. Treize d'entre eux avaient été tués.

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