Inde : Modi en passe de décrocher un troisième mandat de Premier ministre

Le Premier ministre indien sortant, Narendra Modi, est en passe de décrocher un troisième mandat à la tête du pays, selon un sondage de sortie des urnes diffusé samedi à l'issue de six semaines de vote. Son parti du BJP (Bharatiya Janata Party) et ses alliés devraient obtenir au moins 355 sièges à la chambre basse du Parlement, bien au-delà de la majorité fixée à 272, affirme ce sondage CNN-News18.
Grand favori du scrutin, Narendra Modi a tenu des propos controversés envers les musulmans au cours de sa campagne, les qualifiant d' « infiltrés ».
Grand favori du scrutin, Narendra Modi a tenu des propos controversés envers les musulmans au cours de sa campagne, les qualifiant d' « infiltrés ». (Crédits : Anushree Fadnavis)

Vers un troisième mandat consécutif. Le Premier ministre indien, Narendra Modi, est en passe d'être reconduit à la tête du pays, à l'issue samedi de six semaines d'élections générales dont son parti nationaliste hindou est donné grand vainqueur.

Les résultats du scrutin, le plus grand de l'Histoire avec 968 millions d'électeurs, sont attendus mardi mais un sondage de sortie des urnes samedi augure d'une nouvelle large victoire du dirigeant de 73 ans.

Selon l'enquête CNN-News18, son parti BJP (Bharatiya Janata Party) et ses alliés devraient obtenir au moins 355 sièges à la chambre basse du Parlement, bien au-delà de la majorité fixée à 272. Dans le passé, ces projections n'ont pas toujours été fiables.

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Appel à l'électorat hindou

Grand favori du scrutin, Narendra Modi a déjà offert à son parti deux victoires écrasantes en 2014 et 2019, en grande partie grâce à son appel à l'électorat hindou, et s'est lui-même dit très optimiste sur l'issue du scrutin.

« Je peux dire avec confiance que le peuple d'Inde a voté en nombre record pour réélire le gouvernement », a-t-il assuré samedi sur X (ex-Twitter).

Les électeurs, a-t-il ajouté, « ont vu notre bilan et la façon dont notre travail a changé la vie des pauvres, des marginalisés et des déshérités ».

En plein processus électoral, l'opposition l'a accusé de stigmatiser les mans et d'alimenter les tensions interreligieuses, sans apparemment réussir à inverser le rapport de force. Le scrutin, qui a débuté il y a six semaines, s'est achevé samedi notamment avec la fermeture des bureaux de vote dans la ville sacrée de Varanasi, place forte de l'hindouisme et de M. Modi.

Également appelée Bénarès, cette ville du nord du pays, où les Hindouistes viennent incinérer leurs morts au bord du Gange, est l'une des dernières où les Indiens ont voté, à l'issue d'un long processus électoral mené dans une chaleur éprouvante.

« Sentiment de fierté »

La température avait atteint dans la journée les 45°C, une température déjà dépassée dans de nombreuses villes ces derniers jours et qui expliquerait un taux de participation en baisse par rapport à 2019.

Dans l'État du Bihar (est) dix agents électoraux sont morts jeudi, alors qu'ils installaient des bureaux de vote. Varanasi est la ville où s'exprime le plus fortement le soutien à la politique de resserrement des liens entre hindouisme et pouvoir, menée par M. Modi depuis son accession au pouvoir.

« Il y a un sentiment de fierté pour tout ce qu'il fait, et c'est pour cela que les gens votent pour lui », a dit à l'AFP Vijayendra Kumar Singh, qui travaille dans l'un des hôtels de ce lieu de pèlerinage très prisé.

Cette année, il a inauguré avec faste un grand temple dédié à la divinité Rama, à Ayodhya, sur un site occupé précédemment par une mosquée vieille de plusieurs siècles qui a été rasée par des fanatiques hindous en 1992.

Cette inauguration, ainsi que de nombreux autres signaux en faveur de la religion majoritaire de l'Inde, ont attisé les inquiétudes de la minorité musulmane, forte de plus de 200 millions de personnes.

Narendra Modi lui-même a tenu des propos controversés envers les musulmans au cours de sa campagne, les qualifiant d' « infiltrés ». Il a également accusé la coalition de l'opposition, formée par deux dizaines de partis de divers bords de vouloir redistribuer les richesses de l'Inde aux musulmans.

Janesar Akhtar, fabricant de vêtements musulman de Varanasi, estime que la campagne nationaliste du BJP vise à détourner l'attention face aux problèmes de chômage dans le pays.

« Les ateliers ferment ici et le gouvernement Modi est occupé par la politique des temples et des mosquées », dit à l'AFP l'homme de 44 ans.

Allié face à la Chine

Les analystes tablent depuis longtemps sur une victoire de M. Modi face à une alliance d'opposition qui n'a pas désigné de candidat au poste de Premier ministre.

Selon l'analyste politique Ramu Manivannan, les sondages de sortie des urnes dessinent une nouvelle victoire du Premier ministre mais son ampleur reste encore incertaine.

« De petites erreurs (sur les projections) peuvent faire de grandes différences » sur le résultat, a-t-il dit à l'AFP.

Les démocraties occidentales ont largement fermé les yeux sur les menaces contre les droits et les libertés dans le pays, afin de préserver un allié précieux face à la Chine. L'image de Narendra Modi a par ailleurs été confortée dans son pays par l'influence croissante de l'Inde, devenue cinquième économie mondiale en 2022.

« En tant qu'Indienne, j'ai le sentiment qu'il a apporté beaucoup de respect et de prestige à l'Inde », a déclaré à l'AFP Shikha Aggarwal, une électrice de 40 ans.

Les Indiens ont voté en sept phases sur six semaines pour faciliter les opérations dans le pays le plus peuplé du monde.

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