Guerre en Ukraine  : Zelensky demande à l'Otan de lui laisser carte blanche pour frapper la Russie

Par latribune.fr  |   |  953  mots
« Si nous voulons gagner, si nous voulons l'emporter, si nous voulons sauver notre pays et le défendre, nous devons lever toutes les restrictions », a déclaré le président ukrainien lors d'une conférence de presse. Photo d'illustration. (Crédits : Gleb Garanich)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé jeudi aux pays de l'Otan de lever « toutes les restrictions » pesant sur les frappes menées avec des armes occidentales sur le sol russe. Dans le même temps, Emmanuel Macron a rassuré sur les capacités de la France à respecter ses engagements sur l'Ukraine, l'Europe et l'Otan.

C'est en chef de guerre que Volodymyr Zelensky  s'est présenté lors d'une conférence de presse en marge d'un sommet de l'Otan à Washington.

« Si nous voulons gagner, si nous voulons l'emporter, si nous voulons sauver notre pays et le défendre, nous devons lever toutes les restrictions », a déclaré le président ukrainien lors d'une conférence de presse.

Plusieurs pays de l'Otan imposent des restrictions à l'usage des armes qu'ils fournissent à l'Ukraine. Certains, comme l'Italie, interdisent tout usage de ces armes sur le sol russe. D'autres comme les Etats-Unis limitent leur recours à des frappes sur des objectifs militaires légitimes, dans une profondeur limitée à l'intérieur du territoire de la Russie.

L'Ukraine réclame de longue date de pouvoir utiliser notamment les missiles à longue portée, fournis par les Occidentaux, pour frapper des objectifs russes en profondeur. La Russie lance régulièrement des attaques depuis des bases en profondeur, que l'Ukraine s'efforce toutefois d'atteindre, parfois à des centaines de km à l'intérieur de la Russie, à l'aide de drones.

Zelensky confiant sur une intégration de l'Ukraine au sein de l'Otan

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a rappelé de son côté que l'Ukraine avait le droit de se défendre, y compris en frappant des objectifs militaires sur le sol russe, particulièrement lorsque la ligne de front est très proche de la frontière, comme c'est le cas dans la région de Kharkiv où la Russie a lancé une offensive en mai.

Lire aussiLa Russie menace de prendre des « mesures » contre l'Otan, après sa déclaration de soutien à Kiev

Le président ukrainien s'est, par ailleurs, dit confiant que son pays rejoindra un jour l'Otan, alors que les pays alliés réunis à Washington ne lui ont pas lancé d'invitation. « Nous faisons et continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que le jour vienne où l'Ukraine sera invitée et deviendra membre de l'Otan, et je suis convaincu que nous y parviendrons », a-t-il assuré. Les pays membres de l'Otan ont ainsi reconnu mercredi dans une déclaration commune que l'Ukraine était sur une « trajectoire irréversible » vers son adhésion à l'Alliance atlantique. Le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov a immédiatement répliqué : il a affirmé jeudi qu'il percevait comme « une menace très sérieuse » ce soutien réaffirmé de l'Alliance  qui « nous obligera à prendre des mesures réfléchies, coordonnées et efficaces pour contenir l'Otan ».

Macron rassure sur les engagements de la France

De son côté,  Emmanuel Macron a réaffirmé jeudi les engagements de la France sur l'Ukraine, l'Europe et l'Otan, malgré la crise politique dans laquelle elle est plongée, et reçu un soutien appuyé du chancelier allemand Olaf Scholz durant le sommet de l'Alliance à Washington. « J'ai pu confirmer à l'ensemble de mes homologues et alliés que la France aurait une approche de continuité de ses engagements internationaux, qu'il s'agisse de l'Europe, de l'Alliance ou du soutien à l'Ukraine, car les forces politiques qui constituent une majorité à l'Assemblée sont en faveur de ces lignes », a précisé le président français à l'issue du sommet.

« En aucun cas ce sont les forces qui les remettaient en cause qui ont dégagé une majorité et ça les a rassurés » a-t-il insisté, visant les partis populistes (Rassemblement national, LFI).

« Par ailleurs, la France a une Constitution claire en ces domaines qui permet d'assurer la continuité de sa politique étrangère et sa crédibilité internationale », a encore souligné le chef de l'Etat. « Il incombe maintenant aux responsables politiques de trouver une solution et d'en tirer parti. Je suis très confiant sur le fait qu'ils finiront par le faire », a déclaré Olaf Scholz. L'Allemagne a elle-même une longue tradition de gouvernements de coalition, y compris entre adversaires chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates qui dominent la vie politique allemande depuis 1949. « La France sera sur la scène internationale un partenaire important, un partenaire solide pour nous tous et particulièrement pour l'Allemagne », a encore indiqué le chancelier allemand.

Pour la plupart des Alliés, habitués aux usages du régime parlementaire, les négociations de longue haleine pour former un gouvernement de coalition n'ont rien d'exceptionnel. « Ce qui est assez extraordinaire pour nous, semble-t-il, est pour beaucoup de partenaires très ordinaire », souligne-t-on encore de source diplomatique française.

Dans un lapsus, Biden confond Poutine et Zelensky

Alors qu'il s'exprimait  à l'occasion du sommet de l'Otan, le président américain Joe Biden a annoncé le « président Poutine » alors qu'il accueillait le chef d'Etat ukrainien Volodymyr Zelensky sur scène. « Et maintenant je veux passer la parole au président de l'Ukraine, qui a autant de courage qu'il a de détermination. Mesdames et messieurs, le président Poutine », a déclaré le démocrate, avant de se reprendre quasiment immédiatement. « Je suis tellement concentré sur le fait de battre Poutine », s'est-il justifié. De plus, en réponse à la première question lors de la conférence de presse, il a dit : « Je n'aurais pas choisi le vice-président Trump pour être vice-président si je ne pensais pas qu'elle était qualifiée pour être présidente. » Il voulait évidemment évoquer la vice-présidente Kamala Harris.

De nombreux démocrates doutent que le président américain puisse encore sauver sa candidature, à quelques semaines de la convention d'investiture qui se tiendra du 19 au 22 août à Chicago. Selon le New York Times, l'équipe de campagne de Joe Biden et de sa colistière Kamala Harris a commencé à mener discrètement des sondages sur les chances de la vice-présidente, âgée de 59 ans, face à Donald Trump.

(Avec AFP)