Guerre en Ukraine : la Pologne n'exclut pas la possibilité d'envoyer des troupes

La Pologne ne devrait pas exclure la possibilité d'envoyer des troupes en Ukraine, a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères polonais, alors que Varsovie a renforcé sa défense ces dernières semaines. Le pays, soutien inconditionnel de Kiev, craint d'être la prochaine cible de Moscou.
Le ministre polonais a déjà par le passé évoqué la possibilité d'envoyer des soldats de l'Otan en Ukraine (photo d'illustration).
Le ministre polonais a déjà par le passé évoqué la possibilité d'envoyer des soldats de l'Otan en Ukraine (photo d'illustration). (Crédits : Cezary Aszkielowicz / Agencja Wy)

Après la France, c'est au tour de la Pologne de ne pas exclure la possibilité d'envoyer des troupes en Ukraine. Interrogé à ce sujet, Radoslaw Sikorski a déclaré que « nous ne devrions exclure aucune option ».

« Que (le président russe Vladimir) Poutine devine ce que nous allons faire », a-t-il ajouté dans un entretien accordé à trois quotidiens européens, dont le polonais Gazeta wyborcza.

Le ministre polonais a déjà par le passé évoqué la possibilité d'envoyer des soldats de l'Otan en Ukraine. En mars, il a déclaré que « la présence de forces de l'Otan en Ukraine n'est pas impensable ».

Lire aussiEt un nouveau mega-contrat pour MBDA en 2023 (plus de 4,6 milliards d'euros en Pologne)

Une éventualité déjà évoquée par la France

Pour rappel, le président Macron avait déjà exprimé cette idée en février, créant un tollé au sein des alliés de Kiev. Le chancelier allemand Olaf Scholz avait affirmé qu'« aucun soldat » ne serait envoyé en Ukraine par des pays d'Europe ou de l'Otan. Il avait ainsi estimé que « ce qui a été décidé entre nous dès le début continue à être valide pour l'avenir », à savoir « qu'il n'y aura aucune troupe au sol, aucun soldat envoyé ni par les Etats européens, ni par les Etats de l'Otan sur le sol ukrainien ».

De même, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, avait assuré que l'envoi de troupes en Ukraine n'est « pas d'actualité » quand le gouvernement espagnol a répondu n'être « pas d'accord » avec les propos d'Emmanuel Macron. Le gouvernement italien avait, lui, souligné que l'aide occidentale à l'Ukraine « ne prévoit » pas le déploiement de troupes européennes ou de l'Otan.

Enfin, cette possibilité n'a pas, non plus, trouvé d'écho favorable outre-Atlantique. Plusieurs porte-paroles américains, de la Maison Blanche au département d'Etat en passant par le Pentagone, avaient, en effet, catégoriquement rejeté l'idée.

Même si certains ont depuis fait un pas en sa direction, notamment face à la poussée russe sur le front est.

« J'apprécie l'initiative du président français Emmanuel Macron, car il s'agit de faire en sorte que Poutine ait peur, et non que nous ayons peur de Poutine », a ainsi écrit le ministre polonais sur le réseau X (ancien Twitter).

Le chef de l'Etat français a récemment une nouvelle fois évoqué cette possibilité. Dans une interview accordée début mai au journal britannique The Economist, il a déclaré que « si les Russes devaient aller percer les lignes de front, s'il y avait une demande ukrainienne - ce qui n'est pas le cas aujourd'hui - on devrait légitimement se poser la question »« L'écarter a priori, c'est ne pas tirer les enseignements des deux dernières années », alors que les pays de l'Otan avaient d'abord exclu l'envoi à l'Ukraine de chars et d'avions avant de finalement changer d'avis, a-t-il ajouté.

Lire aussiGuerre en Ukraine : en tournée en Europe, Volodymyr Zelensky obtient de la Belgique la livraison de 30 avions F-16 d'ici 2028

Renforcer sa défense

Depuis le début de l'invasion russe, les tensions entre la Pologne et la Russie se sont intensifiées. La Pologne, dont le territoire est limitrophe avec l'enclave russe de Kaliningrad et la Biélorussie ainsi qu'avec l'Ukraine, craint d'être une prochaine cible de Moscou. D'autant que depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, Varsovie est un soutien inconditionnel de Kiev et le principal pays de transit des armements occidentaux qui lui sont livrés.

Dans ce contexte, la Pologne renforce sa défense. Elle a déjà augmenté son budget de défense à environ 4% du PIB, chiffre le plus élevé parmi les pays de l'Otan. Elle a également lancé, à coup de milliards de dollars, une série d'achats d'équipement militaire, principalement aux Etats-Unis et en Corée du Sud. Encore lundi, le pays a annoncé l'achat aux Etats-Unis de missiles de croisière, pour une valeur de 677 millions d'euros.

Par ailleurs, Varsovie compte investir plus de 2 milliards d'euros dans la sécurité et la fortification de sa frontière avec la Russie et la Biélorussie, qui constitue également la limite orientale de l'Union européenne, a déclaré en mai le Premier ministre Donald Tusk.

Diplomates russes visés

Autre signe récent de dissension : le pays a décidé d'imposer ce lundi des restrictions aux déplacements des diplomates russes sur son sol, a notamment annoncé le ministre polonais des Affaires étrangères, la Russie promettant immédiatement de prendre des « mesures de rétorsion ».

Les restrictions concerneront tous les diplomates et les autres membres du personnel de l'ambassade à Varsovie, à l'exception de l'ambassadeur. Ils ne pourront se déplacer que dans la région centrale de Mazovie et les consuls que dans les provinces où ils exercent leurs fonctions, a précisé le ministre. Soulignant que la Pologne n'était pas le premier pays à introduire de telles restrictions, Radoslaw Sikorski espère que « d'autres suivront notre exemple ».

Ces mesures ont été prises après que la Pologne a récemment annoncé avoir interpellé plusieurs personnes soupçonnées d'actes de sabotage pour le compte des services de renseignement russes, accusées de passages à tabac, d'incendies criminels et de tentatives d'incendie.

« Il y a déjà eu l'arrestation en Pologne d'un homme qui a failli commettre un sabotage et il y a d'autres suspects. Nous espérons que la Fédération de Russie prendra cela (les restrictions, ndlr) comme un signal d'alarme très sérieux », a encore relevé Radoslaw Sikorski lundi.

A la mi-mai, le Premier ministre polonais Donald Tusk a également annoncé le renforcement des services de renseignement polonais à la suite d'activités de Moscou visant à déstabiliser la situation en Pologne, selon Varsovie. Il a alors affirmé que plusieurs actes de sabotage avaient été déjoués, « grâce à la vigilance de nos services et de nos alliés ».

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 29/05/2024 à 7:11
Signaler
Se battre en Ukraine évitera peut être de se battre chez eux.

à écrit le 29/05/2024 à 6:21
Signaler
On a nous aussi sur un plan strictement militaire à aller là bas. L’armée Russe engrange en masse des connaissances en guerre sous drones. Nos compétences sont dépassées au niveau tactique d’infanterie et de char. Plus tôt nos « instructeurs » seront...

à écrit le 28/05/2024 à 16:25
Signaler
Les Polonais se souviennent des Allemands de Hitler ET des Russes de Staline. On peut comprendre leurs craintes avec la Russie de Poutine. Les enjeux geostrategiques sont sans doute un peu plus élaborés que cette simple constatation...mais là, on n'y...

le 28/05/2024 à 17:20
Signaler
Bof si les Polonais avaient une mémoire il ne confierait pas leur défense aux USA. Comme ils l'ont fait en 1939 avec les Anglais. Comme ils l'ont fait en 1790 avec les Prussiens. Comme ils l'ont fait en 1772 avec les Français. Comme ils l'ont fait a...

à écrit le 28/05/2024 à 15:10
Signaler
C'est aussi le problème de cette marche forcée de toujours plus de pays dans l'UE on fini par prendre des nations qui n'ont aucune expérience en matière diplomatique, trop jeunes, partant de trop loin, car les yeux rivés sur leur survie à elles ce qu...

le 29/05/2024 à 6:30
Signaler
Vous avez quand même un point de vue très détaché sur la situation.. L’habitude de 80 ans de paix j’imagine. La Pologne fait l’objet constant de menaces d’invasion. Vous voyez vous vous soumettre au silovik du président Putin? Eux non. Et si eux son...

le 29/05/2024 à 17:36
Signaler
"car les yeux rivés sur leur survie à elles ce qui se comprend aussi."

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.