![Aux États-Unis en avril, ce sont notamment les prix du logement et de l'essence à la pompe qui ont tiré l'inflation, représentant plus de 70% de la hausse (photo d'archive).](https://static.latribune.fr/full_width/2373113/station-service-new-york-essence-prix-carburant-petrole.jpg)
Après trois mois de rebond, la hausse générale des prix s'est détendue aux États-Unis. L'inflation a, en effet, baissé en avril, à +3,4% sur un an contre +3,5% en mars, selon l'indice CPI publié ce mercredi par le département du Travail. Une évolution conforme aux attentes des analystes, selon le consensus de Market Watch.
La hausse des prix à la consommation a également été moins forte sur un mois seulement, à 0,3% contre 0,4% le mois précédent. Ce sont notamment les prix du carburant et du logement qui ont tiré l'inflation en avril, représentant plus de 70% de la hausse. Mieux encore : l'inflation dite sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie, est tombée à 3,6% sur un an, son plus bas niveau depuis avril 2021 - lorsque l'inflation avait commencé à grimper.
« Les pressions sur les prix restent élevées mais évoluent dans la bonne direction », relève Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour High Frequency Economics. Pour rappel, la hausse des prix à la consommation s'était de nouveau accélérée début 2024 outre-Atlantique, après avoir largement ralenti au cours des derniers mois de 2023.
Le président démocrate Joe Biden a salué cette amélioration de l'inflation. Car le sujet est au cœur de la campagne électorale en vue de l'élection présidentielle prévue en novembre prochain, tant l'inflation a réduit le pouvoir d'achat des Américains. Un ralentissement, qui redonne donc du pouvoir d'achat aux ménages, lui est un argument favorable. D'autant plus que, depuis des mois, l'opposition républicaine, et notamment son concurrent dans la course à la maison Blanche, Donald Trump, lui imputent largement la responsabilité de la flambée des prix et s'en servent contre lui. Le dirigeant américain s'affiche toutefois prudent. « Bien que nous ayons progressé, il nous reste beaucoup à faire », a-t-il déclaré dans un communiqué de la Maison-Blanche, accusant par ailleurs les républicains d'avoir un programme qui « ferait monter l'inflation en flèche ».
Une baisse des taux encore hypothétique
Un recul signifie aussi que la Banque centrale américaine (Fed) pourrait baisser ses taux directeurs. Pour rappel, l'institution a depuis près de deux ans resserré sa politique monétaire pour contrer l'inflation. Elle a pour cela augmenté progressivement ses taux jusqu'à l'automne dernier, les laissant depuis à leur plus haut depuis plus de vingt ans, entre 5,25% et 5,50%. Lorsqu'elle commencera à les baisser, cela aura pour effet de rendre le crédit moins onéreux pour les ménages, qui pourront plus facilement acheter un logement ou une voiture, par exemple.
Reste à savoir quand elle s'y attellera. Le mois de juin a un temps été envisagé, mais cette perspective ne semble plus d'actualité. Car, pour commencer à baisser ses taux, la Fed veut ramener l'inflation à 2%. Et privilégie pour cela une autre mesure, l'indice PCE, qui avait aussi accéléré en mars, à 2,7% sur un an. Les données d'avril seront publiées le 31 mai.
Le président de l'institution, Jerome Powell a estimé mardi que la persistance d'une inflation toujours élevée avait réduit son niveau de confiance quant au fait qu'elle puisse se rapprocher de l'objectif de 2%. « Les chiffres ont été plus élevés que tout ce que n'importe qui anticipait. Ce que cela nous apprend est que nous devons nous montrer plus patients et laisser la politique restrictive faire son effet », a-t-il souligné, ne jugeant cependant pas nécessaire de monter de nouveau les taux, qui sont déjà à des niveaux « restrictifs ».
La semaine dernière, une gouverneure de la Fed a même déclaré n'envisager aucune baisse des taux directeurs cette année. Un de ses homologues, sans être aussi radical, a indiqué que l'institution pourrait se contenter d'une seule baisse des taux au dernier trimestre de l'année 2024 - contre trois envisagées selon certains scénarios.
La zone euro s'en sort mieux
L'évolution de l'inflation aux États-Unis contraste en tout cas avec la zone euro, où elle a nettement ralenti. La cible des 2%, objectif aussi fixé par la Banque centrale européenne (BCE), devrait ainsi être presque atteint en avril, selon Eurostat, qui l'estime à +2,4% sur un an - le chiffre officiel sera publié ce vendredi. En France et en Allemagne notamment, les deux plus grandes puissances économiques du continent, elle s'est affichée à +2,2%, selon leur organisme de statistiques respectif.
Si bien que la baisse des taux de la BCE lors de sa prochaine réunion de juin semble désormais quasiment acquise. Lors de sa dernière réunion en avril, l'institution monétaire européenne avait déjà jugé « plausible » de commencer à baisser ses taux directeurs - actuellement à leur plus haut - à l'aube de l'été.
Suite à la publication du niveau d'inflation outre-Atlantique, les Bourses ont progressé ce mercredi, saluant la baisse de la hausse générale des prix. Wall Street a ouvert en légère hausse : vers 17h, le Nasdaq prenait 0,95%, le Dow Jones 0,67% et l'indice élargi S&P 500 - référence du marché américain - 0,86%. Ce dernier a d'ailleurs établi un nouveau sommet en séance, battant son record remontant à quelques semaines. Déjà en baisse avant la publication, les taux d'intérêt des emprunts des États-Unis se repliaient davantage: celui à 10 ans reculait pour atteindre 4,37%, contre 4,44% la veille. En Europe, Paris est repassé (+0,19%) dans le vert après la publication, tandis que Francfort a accru ses gains (+0,81%). Milan progressait de 0,44% et Londres de 0,24%. « Les marchés apprécient le fait que l'inflation semble à nouveau suivre la bonne direction après une série de publications plus élevées que prévu », a commenté Neil Wilson, analyste de Finalto. A contrario, le dollar a accentué ses pertes après l'annonce. Vers 17h, le billet vert cédait 0,91% face au yen, à 155,01 yens pour un dollar, après avoir perdu plus de 1%. La devise américaine reculait également face à l'euro, qui montait de 0,48% à 1,09 dollar. Cela s'explique par le fait qu'une baisse de taux de la Fed rendrait le dollar moins rémunérateur et cette perspective pèse donc sur le billet vert.Wall Street dans le vert, le dollar dans le rouge
(Avec AFP)