États-Unis : des responsables de la Fed prêts à relever les taux directeurs face au rebond de l'inflation

Par latribune.fr  |   |  732  mots
La prochaine réunion de la Fed aura lieu les 11 et 12 juin. (Crédits : BRENDAN MCDERMID)
Lors de la dernière réunion de la Fed, des responsables se sont inquiétés du rebond et de la trajectoire de l'inflation, certains membres s'étant dit prêts à relever de nouveau les taux si nécessaire. Si les chiffres du mois d'avril, avec une inflation ayant repris sa trajectoire à la baisse, a peut-être éloigné un peu plus ce scénario, la prudence reste de mise.

Et si, plutôt que de baisser ses taux, la Réserve fédérale américaine les remontait de nouveau ? Cette hypothèse n'a pas totalement été écartée par certains responsables de l'institution monétaire américaine. Lors de leur dernière réunion, les 30 avril et 1er mai, dont le compte-rendu a été rendu public ce jeudi, « plusieurs participants » se sont dits prêts à relever de nouveau les taux « si les risques d'inflation se matérialisaient de manière à ce qu'une telle mesure devienne appropriée », selon les minutes (le compte-rendu) des membres du comité de politique monétaire (FOMC), l'organe de décision de la Fed.

Ce scénario reste possible en raison des chiffres de l'inflation outre-Atlantique. La hausse générale des prix y a rebondi début 2024 après un fort ralentissement au cours des mois précédents. Si bien que les membres du FOMC ont « fait part de leur incertitude quant à la persistance de l'inflation et ont convenu que les données récentes n'avaient pas renforcé leur confiance dans le fait que l'inflation évoluait durablement vers 2% », relèvent les minutes.

D'où le fait que la Fed est restée prudente et a repoussé le moment d'abaisser ses taux. Ces derniers se trouvent actuellement à leur niveau le plus haut depuis vingt ans, entre 5,25% et 5,50%. Les responsables de l'institution monétaire ont « estimé qu'il leur faudrait plus de temps que prévu pour être plus sûrs que l'inflation évolue durablement vers (l'objectif de) 2% ». Ils ont néanmoins « estimé que la politique monétaire restait bien positionnée pour répondre à l'évolution des conditions économiques et aux risques pesant sur les perspectives ».

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Patience de mise

Les acteurs du marché tablent majoritairement sur septembre pour une première baisse, selon l'évaluation de CME Group. Les chiffres des prix à la consommation en avril, publiés mi-mai après la réunion de la Fed, les ont quelque peu rassurés à ce sujet, l'inflation ayant repris sa trajectoire à la baisse, à 3,4% sur un an contre 3,5% en mars, selon l'indice CPI. La Fed privilégie toutefois une autre mesure, l'indice PCE, qui avait aussi accéléré en mars, à 2,7% sur un an. Les données d'avril seront publiées le 31 mai.

Si bien qu'un gouverneur de la Fed, Christopher Waller, a estimé mardi que « désormais, la probabilité est très faible d'avoir une hausse des taux » de nouveau.

« Les banquiers centraux ne devraient jamais dire jamais, mais les données suggèrent que l'inflation ne s'accélère pas, et je pense que de nouvelles augmentations du taux directeur sont probablement inutiles », a-t-il déclaré.

Il a prévenu qu'il faudra être patient avant d'envisager de nouveau une baisse des taux. Ce qui signifie que le crédit restera onéreux pendant plus longtemps pour les ménages et les entreprises. Un avis partagé par les deux vice-présidents de la Fed, Michael Barr et Philip Jefferson, qui ont répété ce lundi que les taux d'intérêt resteront élevés plus longtemps que prévu. Michelle Bowman, une autre gouverneure de la Fed, a elle même déclaré mi-mai n'envisager aucune baisse des taux directeurs cette année.

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La prochaine réunion de la Fed aura lieu les 11 et 12 juin. Les responsables mettront également à jour leurs prévisions économiques et diront quelle évolution des taux ils anticipent pour 2024.

En Europe, la baisse en juin se précise

A contrario, sur le Vieux Continent, la baisse des taux pourrait être amorcée dès ce mois de juin. Lors de sa dernière réunion en avril, l'institution monétaire européenne a déjà jugé « plausible » de commencer à baisser ses taux directeurs - actuellement à leur plus haut.

Alors que c'est d'ordinaire la Fed qui donne le cap en matière monétaire et la BCE qui suit, les rôles devraient ainsi s'inverser. Sa prochaine réunion aura lieu le 6 juin. Il existe de « solides arguments en faveur d'une réduction des taux en juin », a encore estimé ce mercredi le gouverneur de la Banque de Finlande Olli Rehn, qui compte parmi les vingt-cinq membres du conseil des gouverneurs de la BCE.

(Avec AFP)