Etats-Unis : avec un marché de l'emploi en pleine santé, la perspective d'une baisse de taux s'éloigne de nouveau

Les chiffres de l'emploi américain sont tombés... et ils sont bons. Le chômage a baissé et les créations d'emplois ont dépassé les attentes. Le problème est que de tels résultats assombrissent les perspectives d'une prochaine baisse des taux sur le court terme.
Les créations d'emplois ont une nouvelle fois largement dépassé les attentes au mois de mars.
Les créations d'emplois ont une nouvelle fois largement dépassé les attentes au mois de mars. (Crédits : ANDREW KELLY)

Bonne nouvelle du côté de l'emploi américain, un peu moins pour la perspective de baisse des taux. Les créations d'emplois ont une nouvelle fois largement dépassé les attentes au mois de mars, permettant au taux de chômage de reculer légèrement, une donnée qui pourrait inciter la banque centrale américaine (Fed) à temporiser encore.

Ce rapport est même paru au lendemain de la publication des statistiques de l'emploi dans le secteur privé, qui avaient déjà donné une idée de la tendance pour le mois de mars, avec des créations dépassant là aussi les attentes.

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Solidité du marché de l'emploi

Dans le détail, le taux de chômage a légèrement reculé en mars, à 3,8% contre 3,9% en février, et 303.000 emplois ont été créés, selon les chiffres publiés ce vendredi par le département du Travail. Les créations d'emplois sont donc encore en hausse en mars par rapport au mois précédent (270.000) malgré une révision à la baisse du chiffre de février (275.000 annoncés initialement). Pourtant, de leurs côtés, les analystes tablaient davantage sur une baisse marquée des créations, anticipant 200.000 emplois supplémentaires, selon le consensus publié par briefing.com.

En pleine campagne présidentielle et alors que l'économie est au centre des enjeux, le président américain Joe Biden, s'est félicité dans un communiqué que « le chômage soit en dessous de 4% sur la plus longue période depuis 50 ans ».

« En mars, nous avons passé la barre des 15 millions d'emplois créés depuis mon arrivée », a-t-il ajouté, « ce sont 15 millions de personnes qui ont la dignité et le respect que permet un salaire ».

Les données du département du Travail soulignent bien la solidité de l'emploi dans les secteurs de la santé, des administrations ainsi que de la construction, signe par ailleurs que l'immobilier, qui a eu tendance à ralentir sous l'effet des hausses successives des taux par la Fed, semble repartir.

Le secteur industriel, en revanche, reste stable, « signe de ses difficultés entre déficit commercial important et taux d'intérêt limitant l'expansion d'une politique industrielle », a regretté dans un communiqué Paul Scott, le président de l'association regroupant les industries manufacturières. Néanmoins, les hausses de salaires se font désormais à des niveaux plus conformes aux tendances de long terme, avec une hausse de 0,3% observée sur un mois, soit 4,1% sur les 12 derniers mois.

Les marchés s'impatientent quant à une prochaine baisse des taux

Cette baisse du chômage est cependant un mauvais signal pour les marchés, qui attendent avec impatience la prochaine baisse des taux d'intérêts. Les Bourses mondiales sont donc restées dispersées après la publication du rapport sur l'emploi. En effet, après un long cycle de hausse destiné à ralentir l'inflation, la banque centrale américaine devrait entamer une baisse de ses taux cette année, mais l'incertitude demeure sur le moment où cette baisse doit commencer à se matérialiser.

Ces nouvelles données ont permis à Wall Street d'ouvrir en légère hausse vendredi, après avoir clôturé la veille en net repli. Vers 13h55 GMT (14h55, heure de Paris), le Dow Jones s'arrogeait 0,32%, l'indice Nasdaq grignotait 0,88% et l'indice élargi S&P 500 gagnait 0,65%. En Europe, Paris reculait de 1,28%, Francfort lâchait 1,23%, Londres perdait 0,88% et Milan baissait de 1,63%.

Dan North, économiste pour Allianz Trade estime tout de même qu'« il s'agit d'un très bon rapport du point de vue de la Fed », car  « c'est la combinaison parfaite entre croissance robuste et emploi solide d'un côté, inflation qui ralentit de l'autre ». « Le net repli des marchés européens est totalement imputable à des déclarations des membres de la Fed et au communiqué de la Maison-Blanche par rapport à Israël », a résumé de son côté Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marché à IG France.

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Vers une seule baisse plutôt que trois ?

En effet, mercredi, le président de la Fed, Jerome Powell, avait rappelé que « le risque d'agir trop tôt serait de voir l'inflation repartir à la hausse, ce qui serait perturbant » pour l'économie américaine. Pire, la veille, deux membres de la Fed, Neel Kashkari et Austan Goolsbee, ont laissé entendre que si la trajectoire de l'inflation ne baissait pas davantage, l'institution monétaire pourrait renoncer aux trois baisses de taux annoncées en 2024.

Un autre responsable de la Fed, Raphael Bostic, avait de son côté jugé cette semaine qu'il était envisageable que l'institution ne réalise qu'une seule baisse de taux cette année, et que celle-ci n'intervienne que durant le dernier trimestre, potentiellement après les élections présidentielles américaines, début novembre. Les marchés n'ont plus qu'à prendre leur mal en patience.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 06/04/2024 à 14:14
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Les actions américaines ont pris 15% depuis le 1er janvier malgré les taux.

à écrit le 06/04/2024 à 9:03
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Ils sont forts ces américains.

à écrit le 05/04/2024 à 20:36
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Un marché de l'emploi en pleine santé😂santé? Ben voyons, car si l'on analyse plus avant certaines données, l'on mesure qu'en effet il a eu une certaine amélioration sur le plan quantitatif du rapport de mars, mais sur le plan qualitatif, ce fut un dé...

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