Une éclaircie pour l'économie chinoise. L'indice PMI, calculé par le cabinet S&P Global et le média économique chinois Caixin, a accéléré le mois dernier à 51,7 points, contre 51,4 en avril. Il s'agit de la plus forte hausse depuis juin 2022 de cet indicateur indépendant qui reflète la santé de l'activité des usines et du monde industriel. Un chiffre supérieur à 50 témoigne d'une expansion de l'activité manufacturière et, en deçà, il traduit une contraction.
« La conjoncture dans le secteur manufacturier chinois s'est améliorée à un rythme plus prononcé », à la faveur d'une « augmentation de nouvelles commandes », souligne Caixin. Néanmoins, « les entreprises hésitent à avoir recours aux embauches supplémentaires », voilà pourquoi la situation sur le marché de l'emploi s'est de nouveau dégradée en mai pour le 9e mois consécutif, relève le média économique.
Un indice dans le rouge selon le gouvernement
L'indice PMI officiel pour mai, publié vendredi par le gouvernement, pointait lui dans le rouge à 49,5 points. Le baromètre officiel se concentre sur les grands groupes industriels étatiques, tandis que l'indicateur Caixin sonde principalement des petites et moyennes entreprises privées, ce qui explique les écarts entre les deux PMI. Plus largement, au 1er trimestre, le secteur manufacturier représentait 27% du Produit intérieur brut (PIB) de la Chine, selon des données officielles.
« La Chine ne peut pas dépendre uniquement des exportations pour faire tourner son économie », souligne l'analyste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management. Les tensions géopolitiques avec les Etats-Unis et la volonté de certains pays occidentaux de réduire leur dépendance à la Chine ou de diversifier leurs chaînes d'approvisionnement tendent à peser sur le commerce chinois, et donc l'activité du monde industriel qui est majoritairement tourné vers l'export.
Lutter contre le chômage des jeunes, priorité nationale
Par ailleurs, la reprise post-Covid reste inégale : certains secteurs ont largement retrouvé des couleurs (notamment les services et le tourisme ou encore l'automobile), tandis que d'autres restent à la peine, en particulier l'immobilier qui a longtemps été en Chine un moteur de la croissance. Cette reprise bute désormais sur une conjoncture incertaine qui grippe les dépenses des ménages, tandis qu'une crise immobilière et un fort chômage des jeunes pèsent sur le pouvoir d'achat. Ce chômage des jeunes est devenu un problème si pressant que le président Xi Jinping a déclaré cette semaine aux hauts cadres du Parti communiste chinois (PCC) qu'il devait devenir une « priorité absolue ».
En avril, il s'élevait à 14,7%, selon les données officielles et en juin, 11,8 millions d'étudiants obtiendront leur diplôme et arriveront sur le marché du travail. Le taux de chômage avait grimpé à un niveau sans précédent de 21,3% à la mi-2023, avant que les autorités ne cessent de publier des chiffres mensuels. Ils ont recommencé à les publier en décembre, après avoir ajusté la méthode de calcul.
« Il faudra du temps pour trouver des solutions à ces problèmes qui s'accumulent », prévient Wang Zhe, économiste pour Caixin. « Les mesures du gouvernement visant à stimuler la demande intérieure et le marché de l'emploi doivent être renforcées et constantes », préconise-t-il.
La Chine a signé l'an dernier l'une des croissances les plus faibles en trois décennies (5,2%), selon un chiffre officiel qui laisse dubitatifs certains économistes compte tenu des difficultés qui pèsent sur l'activité. Ce taux ferait rêver nombre de nations développées, mais il reste pour la Chine bien loin de l'expansion fulgurante qui l'a propulsée ces dernières décennies vers les sommets de l'économie mondiale.
Le FMI a relevé sa prévision de croissance pour la Chine à 5% pour cette année, en ligne avec l'objectif fixé par Pékin, avant un ralentissement en 2025 à 4,5%. Et pour cause, Pékin a entamé de manière positive l'année avec une croissance de 5,3% sur les trois premiers mois sur un an. Cette décision est « motivée par des données solides sur le PIB au premier trimestre et des mesures politiques récentes », a donc expliqué le FMI.
(Avec AFP)