Nouveau coup dur pour Pékin. Ce mercredi, le Bureau national des statistiques (NBS) a publié son indice des directeurs d'achat (PMI) pour juillet qui s'est établi à 49,4. Si cette dernière donnée mensuelle est conforme à la prévision de Bloomberg, cet indicateur clé pour évaluer la santé du secteur manufacturier du pays atteste d'une contraction de l'activité quand il est inférieur à 50.
Or, il s'agit du troisième mois consécutif où l'indice est inférieur à 50. En juin, ce dernier s'était, en effet, établi à 49,5.
Un déclin que le statisticien du NBS Zhao Qinghe attribue, pour le mois de juillet, à « la production traditionnelle hors saison, à la demande insuffisante du marché et aux conditions météorologiques extrêmes, y compris les températures élevées et les inondations ».
Le NBS a également indiqué que l'indice PMI non-manufacturier, qui prend le pouls de l'activité dans le secteur des services, est tombé à 50,2 contre 50,5 le mois précédent. Ce chiffre est légèrement inférieur aux 50,3 prévus par l'enquête de Bloomberg et s'inscrit, lui aussi, dans une tendance de quatre mois de ralentissement de l'expansion depuis un pic de 53 enregistré en mars.
L'économie chinoise à la peine
Cette situation inquiète les autorités qui font monter la pression en faveur d'un soutien accru de l'Etat pour relancer la seconde économie mondiale. Et pour cause, Pékin peine à atteindre son objectif de croissance annuelle de 5% pour 2024, jugé ambitieux par de nombreux économistes.
Au deuxième trimestre, la croissance s'est fortement tassée sur un an (+4,7%), selon des chiffres officiels publiés mi-juillet. Ce rythme était en deçà des attentes d'analystes et de celui du premier trimestre (+5,3%). Il est aussi le plus faible depuis début 2023, quand la Chine levait ses restrictions draconiennes contre le Covid-19, qui pénalisaient l'activité. Par ailleurs, les ventes au détail n'ont progressé en juin que de 2% sur un an. L'essoufflement de cet indicateur clé traduit une consommation toujours morose.
En cause, une crise inédite de son vaste secteur immobilier, une consommation toujours faible et un taux de chômage élevé chez les jeunes, tandis que les tensions géopolitiques avec Washington et l'Union européenne menacent son commerce extérieur.
Pour tenter de relancer l'économie, la Banque centrale de Chine a abaissé plusieurs de ses taux directeurs la semaine dernière. Ainsi, le taux pour les prêts à moyen terme aux établissements financiers (MLF) a été abaissé de 2,5% à 2,3%, a annoncé la banque centrale dans un bref communiqué le 25 juillet. Cette réduction est la plus importante pour ce taux depuis avril 2020 et elle était inattendue, car la banque centrale communique généralement sur le MLF le 15 de chaque mois. Mi-juillet, elle avait maintenu ce taux à 2,5%.
Le gouvernement réuni pour définir sa stratégie de relance
En plus des actions monétaires, les dirigeants chinois réunis avec le président Xi Jinping, ont promis mardi de stimuler la consommation et d'alléger la pression sur le secteur immobilier en difficulté du pays.
Le bureau politique du Parti communiste a ainsi déclaré qu'il prendrait des « ajustements contracycliques » durant le reste de l'année. « La réunion a mis en évidence l'importance de se focaliser sur la consommation pour soutenir la demande domestique », a rapporté l'agence Chine nouvelle. L'organe politique a aussi déclaré que les mesures augmenteraient les revenus « par différents canaux » et amélioreraient la « capacité et l'envie » de dépenser pour les groupes aux revenus faibles ou moyens. Il plaide par ailleurs pour de meilleures aides sociales pour les personnes âgées et les enfants, et pour que « soit tissé un filet de sécurité sociale dense et solide ».
Zhang Zhiwei, analyste chez Pinpoint Asset Management, a cependant affirmé ce mercredi, dans une note, que cette réunion « n'a pas signalé un changement significatif de l'orientation de la politique au second semestre de l'année » et que les valeurs PMI montrent que « la demande intérieure reste faible ». « Sans un changement significatif de l'orientation de la politique fiscale, les perspectives de croissance dépendent largement de la durée pendant laquelle la forte croissance des exportations peut se poursuivre », a-t-il ajouté.
(Avec agences)