![Pour Bruno Le Maire, « l'ancien monde, c'est le Golfe qui rime avec pétrole, le nouveau monde c'est les États du golfe qui investissent massivement dans les énergies renouvelables ».](https://static.latribune.fr/full_width/2183715/le-maire-ministre-francais-de-l-economie-et-des-finances-a-paris.jpg)
La COP28, la Conférence de Dubaï sur les changements climatiques qui se tiendra en fin d'année, sera présidée par Sultan al-Jaber, patron du géant pétrolier émirati ADNOC. Depuis cette annonce en janvier dernier, ce choix continue de susciter de vives critiques chez les défenseurs de l'environnement et certains responsables politiques. Récemment, une centaine d'élus du Congrès américain et du Parlement européen ont appelé à son retrait.
Interrogé par l'AFP en avril, Sultan al-Jaber s'était défendu des critiques à son encontre, en rappelant qu'il était aussi le fondateur de Masdar, société nationale émiratie spécialisée dans les énergies renouvelables.
« Confiance » dans le « nouveau monde »
Le ministre français de l'Économie s'est exprimé sur ce sujet ce mardi 13 juin, dans un discours donné à l'occasion d'une conférence à Bercy, consacrée aux échanges commerciaux entre la France et les pays du Golfe. Il a notamment appelé à faire « confiance à ces États pour apporter des réponses concrètes ».
« Je sais bien que parfois des critiques sont apparues disant comment vous pouvez confier à un État du Golfe la responsabilité de la COP. C'est précisément parce que les États du Golfe collectivement se sont engagés dans cette transition climatique, ont pris la mesure du défi, et ont aussi les ressources naturelles et n'hésitons pas à le dire les ressources financières pour financer cette transition énergétique qui va coûter très cher que cela a beaucoup de sens que la COP28 soit attribuée à un de ces États », a affirmé Bruno Le Maire.
Pour le ministre français, « l'ancien monde, c'est le Golfe qui rime avec pétrole, le nouveau monde c'est les États du golfe qui investissent massivement dans les énergies renouvelables », estime-t-il. Il juge que « le meilleur symbole de tout cela est le fait que la COP28 à Dubaï sera présidée par un de ces États du Golfe et mon ami Sultan al-Jaber ».
Un président appelé à s'engager plus
La semaine dernière à Bonn, en marge de négociations au siège de l'ONU Climat, Sultan al-Jaber a fait une déclaration remarquée, en reconnaissant que la réduction des énergies fossiles était « inévitable ». « La vitesse à laquelle cela se produira dépendra de la rapidité avec laquelle nous pourrons mettre en place progressivement des solutions de remplacement sans carbone, tout en garantissant la sécurité, l'accessibilité et le coût abordable de l'énergie », avait-il ajouté.
Des mots symboliques dans un contexte de pression grandissante pour mettre la question de la sortie des énergies fossiles à l'agenda de la COP28. Un objectif qu'aucune COP n'est parvenue à adopter à ce jour. Mais sa phrase sur l'inéluctabilité de la fin des énergies fossiles ne mentionne pas de date de sortie. « Il doit dire à quel rythme cela doit intervenir », regrettait Alden Meyer, vétéran des COP au centre de réflexion E3G.
Malgré cette légère avancée, la route est encore longue. De fait, la tentative, soutenue par plus de 80 pays, d'inscrire cette question à l'agenda des négociations est bloquée. En filigrane de tous les débats, le point de blocage concerne les centaines de milliards de dollars que les pays en développement attendent des pays riches, en investissements publics comme privés, pour leur permettre de se développer sans énergies fossiles.
Le temps presse : une étude internationale a rappelé la semaine dernière que le réchauffement dû aux activités humaines s'accroissait désormais de plus de 0,2°C par décennie, avec des émissions de gaz à effet de serre à un niveau inédit.
(Avec AFP)