Chine : les signes de reprise poussent le FMI à relever à 5% sa prévision de croissance pour 2024

Par latribune.fr  |   |  673  mots
La croissance au premier trimestre en Chine a dépassé les attentes, à 5,3% sur un an, un chiffre qualifié de « bon début » par les autorités. (photo d'illustration) (Crédits : CHINA STRINGER NETWORK)
Le Fonds monétaire international (FMI) a relevé mercredi sa prévision de croissance pour la Chine à 5% en 2024, s'inquiétant toutefois des défis qui demeurent sur le plan industriel et budgétaire.

En Chine, les signes de reprise sont là. Suffisamment, en tout cas, pour que le FMI relève sa prévision de croissance pour la Chine à 5% en 2024, en ligne avec l'objectif fixé par Pékin en mars. L'instance prévoyait précédemment une croissance de 4,6% cette année, mais il se montre plus optimiste à la suite des mesures prises par la Chine. La croissance au premier trimestre a dépassé les attentes, à 5,3% sur un an, un chiffre qualifié de « bon début » par les autorités chinoises.

Autre bonne pour la Chine, engluée dans un cycle déflationniste depuis juillet 2023, les prix chinois à la consommation ont augmenté en avril de 0,3% sur un an pour le troisième mois consécutif.

Surtout, Pékin est venu en mai au secours de son secteur immobilier en crise, en réduisant l'apport minimum nécessaire pour les acheteurs d'un premier logement. Les gouvernements locaux pourront également acheter des biens immobiliers non vendus, l'une des mesures les plus ambitieuses prises par la seconde économie mondiale pour sortir le secteur d'une grave crise de l'endettement qui a poussé nombre de promoteurs à la faillite. Plusieurs villes, dont Shanghai, ont également assoupli certaines restrictions sur l'achat de biens immobiliers.

Si les mesures sont saluées par les économistes, leur impact sur l'ensemble de l'économie reste encore à voir. Les chiffres officiels publiés mi-mai montrent en effet que la reprise reste inégale. Ainsi, si la production industrielle a accéléré en avril, les ventes de détail, principal indicateur des dépenses de ménage, sont encore à la peine. Dans l'immobilier, les prix et le volume de ventes ont par ailleurs continué de baisser en avril.

Une surcapacité industrielle dénoncée notamment par les Etats-Unis

« La correction en cours du marché du logement, nécessaire pour orienter le secteur vers une voie plus durable, devrait se poursuivre », estime le FMI. Toutefois, alerte-t-il, « un ensemble de mesures plus complet faciliterait une transition efficace et moins coûteuse tout en protégeant contre les risques de détérioration » du marché.

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Le Fonds met par ailleurs en garde contre le soutien fort de Pékin à certains secteurs industriels stratégiques, car cela pourrait causer une « mauvaise allocation » des ressources, néfaste pour le commerce. « La réduction de ces politiques et la suppression des restrictions au commerce et à l'investissement permettraient d'accroître la productivité nationale et d'atténuer les risques de fragmentation » du marché, selon le FMI. « Les premières priorités sont le rééquilibrage de l'économie vers la consommation, en renforçant le filet de sécurité sociale et en libéralisant le secteur des services pour lui permettre de stimuler le potentiel de croissance et de créer des emplois », a souligné le Fonds.

Le vieillissement de la population, une épée de Damoclès

La Chine est sous pression depuis plusieurs mois au sujet d'une « surcapacité » supposée d'une partie de son industrie, une situation notamment dénoncée par les Etats-Unis comme étant le résultat de subventions excessives. La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a appelé la semaine dernière le G7 à constituer « un front clair et uni » face aux « surcapacités industrielles » de la Chine, qui génèrent des « déséquilibres macroéconomiques », appelant des « réponses » des pays affectés. Les ministres des Finances du G7 ont eux annoncé « envisager de prendre des mesures » à ce sujet.

A moyen terme, « la croissance devrait ralentir à 3,3% en raison du vieillissement de la population et du ralentissement des gains de productivité », a détaillé Gita Gopinath, directrice générale adjointe du FMI, au cours d'une conférence de presse à Pékin. La numéro deux du FMI a également souligné « les défis budgétaires importants, en particulier pour les gouvernements locaux » auxquels fait face le pays, ajoutant « qu'une consolidation budgétaire soutenue à moyen terme est nécessaire ».

(Avec AFP)