Chine  : les exportations en forte hausse en juin, net repli des importations

Les exportations de la Chine se sont fortement accrues en juin. En revanche, les importations ont marqué un repli inattendu, selon des chiffres officiels publiés vendredi. Ils traduisent une reprise fragile et inégale de la deuxième économie mondiale.
Les importations du géant asiatique ont connu en juin une baisse inattendue sur un an (-2,3%), selon les Douanes chinoises, signe d'une demande intérieure fragile.
Les importations du géant asiatique ont connu en juin une baisse inattendue sur un an (-2,3%), selon les Douanes chinoises, signe d'une demande intérieure fragile. (Crédits : Carlos Barria)

Le verre à moitié plein et à moitié vide. D'un côté, en juin, les exportations de la Chine se sont fortement accrues. De l'autre, les importations marquent un net repli. Les exportations sont historiquement un important levier de croissance pour l'Empire du milieu. Résultat, leur performance a un impact direct sur l'emploi pour des milliers d'entreprises du secteur.

Cet indicateur est donc très suivi par les marchés, puisqu'il dresse un état de la santé économique du pays. Le mois dernier, les ventes de produits et services chinois destinés à l'étranger ont augmenté de 8,6% sur un an, selon les données en dollars des Douanes chinoises. Ce rythme est bien supérieur à celui de mai (+7,6%) ainsi qu'aux prévisions d'analystes sondés par l'agence Bloomberg (+8%). Les exportations chinoises progressent pour le troisième mois consécutif, après un repli sur un an en mars (-7,5%).

« Les exportations devraient rester fortes ces prochains mois en raison d'une demande robuste à l'étranger et de produits chinois très compétitifs », estiment dans une note des économistes de la banque d'affaires Goldman Sachs.

Tensions commerciales accrues

En revanche, un risque plane sur 2025 et 2026, en cas d'arrivée à la Maison Blanche de l'ancien président américain Donald Trump, qui mettent-ils en garde. Et pour cause, le républicain envisage d'imposer d'importantes surtaxes douanières sur les importations de produits chinoisé, rappelle Goldman Sachs.

Pour l'heure, les exportations chinoises vers les Etats-Unis, première économie mondiale, sont demeurées robustes en juin, en dépit de la rivalité géopolitique entre Pékin et Washington : +6,6% sur un an, selon des calculs de l'AFP à partir de données officielles. Celles vers l'Union européenne également (+4%), malgré une montée des tensions entre Pékin et son partenaire commercial.

Lire aussiEnquête anti-subventions : la Chine contre-attaque et lance une procédure visant l'UE

Début juillet, l'UE a imposé jusqu'à 38% de droits de douane supplémentaires sur les importations de voitures électriques chinoises, une décision qui pourrait devenir définitive en novembre. Bruxelles accuse Pékin d'avoir illégalement favorisé ses constructeurs à coups de subventions. Les échanges commerciaux entre la Chine et la Russie ont pour leur part progressé en juin de 3,4% sur un an. Les deux pays voisins se sont notoirement rapprochés sur les plans politique et économique depuis l'invasion russe de l'Ukraine engagée en 2022, que Pékin n'a pas condamnée.

Une demande intérieure qui reste fragile

De leur côté, les importations du géant asiatique ont connu en juin une baisse inattendue sur un an (-2,3%), selon les Douanes chinoises, signe d'une demande intérieure fragile. Des analystes sondés par Bloomberg anticipaient au contraire une accélération (+2,5%), après une hausse de +1,8% en mai.

Les chiffres du commerce « sont le reflet de la situation économique en Chine avec une demande intérieure faible, mais une forte capacité de production qui repose sur les exportations », relève l'analyste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management.

Après deux mois de contraction, les importations avaient connu un fort rebond en avril (+8,4%), mais la dynamique s'est depuis essoufflée. La reprise économique tant espérée en Chine à la sortie de la pandémie de Covid fin 2022 a été brève et moins robuste qu'escompté. Un taux de chômage élevé chez les jeunes (14,2% en mai) et un le secteur de l'immobilier en grande souffrance symbolisent les difficultés du géant asiatique à renouer avec une croissance forte.

Nombre de promoteurs sont désormais au bord de la faillite. Cela n'incite guère les Chinois à investir dans la pierre, d'autant qu'un bien est souvent payé avant même sa construction. La chute des prix du mètre carré est également un coup dur pour le portefeuille des propriétaires, qui ont longtemps perçu l'immobilier comme un investissement sûr.

Les chiffres de la croissance dévoilés lundi

Cette conjoncture explique en partie la raison pour laquelle les entreprises chinoises importent moins de biens et services de l'étranger. Avec l'accélération des exportations, l'excédent commercial de la Chine a logiquement progressé en juin à 99,5 milliards de dollars (91,5 milliards d'euros). Il était de 82,6 milliards de dollars en mai. L'économie chinoise a du potentiel, « les portes de la Chine sont grandes ouvertes » et les investissements privés sont les bienvenus, martèlent les dirigeants chinois, qui multiplient ces derniers mois les marques d'attention à l'égard des grands patrons étrangers. Sur la période janvier-mai, les investissements étrangers ont néanmoins chuté de 28% sur un an, selon les chiffres du ministère du Commerce.

Une importante réunion politique lundi devrait faire de la reprise économique une priorité. C'est également le jour où le géant asiatique dévoilera ses chiffres de la croissance pour le deuxième trimestre.

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 13/07/2024 à 11:47
Signaler
"Chine : les exportations en forte hausse en juin, net repli des importations" Que c'est beau la normalisation à l'OMC du protectionnisme de chinois qui ne cessent de dénoncer celui de concurrents occidentaux...

à écrit le 12/07/2024 à 12:38
Signaler
In fine, toutes ces taxes sont payees par le consommateur. Les produits chinois restent moins chers et surtout incontounables pour la menagere de plus de 50 ans.

à écrit le 12/07/2024 à 12:18
Signaler
Et certains nous expliquent que nous avons tout à perdre dans une épreuve de force avec la Chine... Si moi je risque 100 et que l'adversaire risque 200 , qui a le plus à perdre ?

le 12/07/2024 à 13:18
Signaler
Ce n'est pas aussi simple que cela : a) Il faut être capable de remplacer les produits chinois, par des produits au même coût.... b La CHINE reste une économie en plein développement, et nous allons perdre des opportunités...Et ce n'est pas 1...

le 12/07/2024 à 13:18
Signaler
Ce n'est pas aussi simple que cela : a) Il faut être capable de remplacer les produits chinois, par des produits au même coût.... b) La CHINE reste une économie en plein développement, et nous allons perdre des opportunités...Et ce n'est pas ...

le 12/07/2024 à 15:35
Signaler
Si c'était le cas, ça ferait un moment que les États Unis auraient cessés de commercialiser avec la Chine. La Chine vise l'autosuffisance depuis un bon moment, en exportant à l'étranger ça leurs permet de booster la croissance économique de la Chine...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.