Bangladesh : l'ex-Première ministre en exil sous le coup d'une enquête pour meurtre

Au Bangladesh, un tribunal a demandé, ce mardi, une enquête sur l'ex-Première ministre déchue, Sheikh Hasina, et six hauts responsables de son gouvernement, pour le meurtre d'un homme durant les manifestations de juillet. Pour rappel, un nouveau gouvernement intérimaire, emmené par Muhammad Yunus, a prêté serment la semaine dernière.
L'ex-Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a été contrainte de fuir le pays début août après les manifestations antigouvernementales.
L'ex-Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a été contrainte de fuir le pays début août après les manifestations antigouvernementales. (Crédits : Reuters)

Contrainte à l'exil vers l'Inde début août, l'ex-Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, 76 ans, est sous le coup d'une enquête dans son pays. Et ce, comme six hauts responsables de son gouvernement. Tous sont accusés d'être responsables de la mort du propriétaire d'une épicerie abattu le 19 juillet par la police bangladaise, lors de la répression meurtrière des manifestations antigouvernementales.

« Une requête a été déposée » auprès du tribunal de Dacca « contre Sheikh Hasina et six autres (personnes) », a confirmé l'avocat Mamun Mia qui représente un Bangladais ayant porté l'affaire devant la justice du pays.

Selon le quotidien bangladais Daily Star, l'affaire a été portée devant la justice par Amir Hamza Shatil, un habitant du quartier où ont eu lieu les coups de feu. A la suite de cette plainte, le tribunal a demandé à la police d'ouvrir une enquête « contre les personnes accusés », a précisé l'avocat.

Outre l'ex-Première ministre déchue, l'ancien ministre de l'Intérieur, Asaduzzaman Khan, et le secrétaire général du parti de la Ligue Awami - le parti de Sheikh Hasina -, Obaidul Quader sont visés dans cette affaire. Sont également accusés quatre hauts responsables de la police qui ont été nommés par le gouvernement de l'ex-Première ministre, dont l'inspecteur général de la police, Chowdhury Abdullah Al-Mamun. Le chef de la police judiciaire, Harun-or-Rashid, ainsi que deux officiers de la police de Dacca figurent aussi parmi les accusés.

Des manifestations meurtrières

La police bangladaise est critiquée pour la répression meurtrière des manifestations antigouvernementales, au cours desquelles plus de 450 personnes ont été tuées, dont 42 agents. Le gouvernement de la dirigeante déchue est accusé de nombreuses violations des droits humains, dont des exécutions extrajudiciaires de milliers d'opposants politiques.

Pour tenter de rebâtir le pays, l'économiste Muhammad Yunus, 84 ans, a pris la tête, jeudi, d'un gouvernement intérimaire après la fuite Sheikh Hasina,  vers l'Inde.

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Muhammad Yunus, sauveur du Bangladesh ?

Du Pakistan aux Etats-Unis, de l'Union européenne à la Chine, nombreux sont les pays qui ont accueilli positivement l'arrivée de l'économiste aux responsabilités au Bangladesh. Il aura la lourde tâche de conduire son pays vers un renouveau démocratique et d'organiser des élections libres dans les prochains mois. « Je défendrai, soutiendrai et protégerai la Constitution », a-t-il déclaré au cours de la cérémonie de prestation de serment, ajoutant qu'il remplirait ses fonctions « avec sincérité ».

Surnommé le « banquier des pauvres », l'octogénaire est connu pour avoir sorti des millions de personnes de la pauvreté grâce à sa banque de microfinance pionnière en la matière. « Lors d'un épisode de famine qui touche le Bangladesh en 1974, Muhammad Yunus décide d'accorder, sur ses propres économies, des prêts à long terme à des porteurs de projets pauvres, qui ne peuvent accéder aux prêts bancaires classiques, peut-on lire sur le site du ministère de l'Economie français. Il développe cette première expérience de microcrédit à plus grande échelle, via la création de la Grameen Bank (littéralement « banque des villages »), qui devient un véritable établissement bancaire en 1983 ».

En 2006, Muhammad Yunus et la Grameen Bank sont d'ailleurs récompensés : ils reçoivent le prix Nobel de la paix pour « leurs efforts à faire naître le développement économique et social de la base ».

Le marché mondial du textile scrute de près la fin de la crise politique

Chaque année, le Bangladesh exporte pour 38 milliards de dollars de vêtements à travers le monde. Les manifestations que le pays a connues ces dernières semaines ont nuit à l'activité économique. L'Association des usines textiles du Bangladesh a chiffré à un milliard de dollars les pertes générées par les troubles politiques. Néanmoins, le calme semblant revenir dans le pays, les manifestations ne devraient pas avoir un impact trop important sur l'activité textile à long terme.

« Je pense que ça n'aura aucun impact », a balayé Jean-François Limantour, expert dans le marché du textile et spécialisé dans la stratégie de développement international, auprès de La Tribune la semaine passée. Même si, certains commerciaux qui travaillent au Bangladesh voient tout de même les conséquences de la crise politique : « Les usines ont fermé, il y a des retards, on perd donc du temps et de l'argent », nous avait expliqué un connaisseur du dossier. Une désorganisation qui pourrait profiter à des pays de la région comme le Vietnam ou le Laos, également fabricants de vêtements.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 15/08/2024 à 17:02
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Pour le meurtre de centaine de milliers de Bangladais vendus aux megas riches du monde pour que dalle ? Le prochain va le faire également prenez de l'avance pour une fois.

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